Chapitre 17 : Parfaite harmonie.

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- Depuis quand ?

- Le jour où je l'ai récupérée.

Des bribes de conversation me sortirent de ma torpeur lourde et profonde. Pourtant je ne parvenais pas à bouger ni à soulever les paupières aussi pesantes que du béton. J'étais réveillée mais mon corps lui continuait de se reposer. Mes membres engourdis s'ancraient solidement dans le matelas moelleux, confortable, apaisant toutes les tensions accumulées dans différents muscles de mon organisme.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? 

Je reconnaissais la voix de Lucifer. Dénuée de colère et de ressenti, elle reflétait son calme malgré les fluctuations que je pouvais desceller. Il se retenait d'exprimer la peine qu'il ressentait. 

- Elle a été anéantie par la perte de sa mère. Je ne pouvais pas la laisser sombrer dans son esprit torturé, souffla Arzhel démuni face à son inefficacité.

- De toute façon je parierais mes cinq cercles infernaux qu'elle ne voudrait pas m'en parler avec les problèmes que Néméa engendre. 

- Bien que tu ne la fréquentes que très peu, tu la connais. On s'est mis d'accord que le sujet Néméa était une priorité. T'annoncer la mort de Rubis te rendrait aveugle par la vengeance. Elle te ressemble sur ce fait.

- Tu as raison, elle a tué ce traître idiot qui se moquait de nous à coup de poing. Elle était folle de rage. 

Après un court silence, Lucifer reprit les dents serrées:

- A ton avis, de quels entraînements parlait ce connard ? 

J'entendis le long soupir que Arzhel libérait. Je ne l'avais jamais senti si désemparé. Je ressentais de la peine pour lui, c'était une drôle de situation. J'étais anéantie ce qui provoquait un sentiment d'impuissance et de désemparement chez Arzhel qui amplifiait mon mal être. Le cycle est bouclé. 

- J'en sais rien, elle ne m'en a jamais parlé. Crois moi malgré tous les moyens que j'ai employé, elle ne dévoilait rien alors j'ai lâché l'affaire. En la questionnant à ce sujet, elle s'est montrée relativement instable d'un point de vue émotion. 

- Cette garce de Néméa n'a probablement rien fait pour l'aider à contrôler ses pouvoirs. Elle lui a simplement donné une raison de garder une immense colère noire en elle. Cette rage va détruire Emeraude, tu en ais conscient ?

- J'en ai bien conscience, rassures toi. J'ai eu l'intelligence de la provoquer, je te laisse imaginer dans quel pétrin je me suis mis quand elle s'est mise en colère.

Un rire sans joie résonna dans l'immense chambre. Les bras de Morphée essayaient de me capturer pour me plonger dans un sommeil réparateur mais mon esprit se focalisait sur la discussion que les deux hommes entretenaient. 

- Quelque part, je voudrais ne jamais savoir ce qu'elle a vécu aux griffes de Néméa. Mais la rage dont elle a fait preuve tout à l'heure me donne une vague idée de ce qu'elle peut éprouver.

- J'aimerais aussi le découvrir. Mais elle me tient à l'écart. Peu avant qu'on arrive aux cachots, on s'est encore disputé à ce propos. Elle se protège en nous disant rien et je ne peux pas aller contre sa volonté, confiait Arzhel en s'avouant vaincu.

- Je sais qu'elle ne me veut pas dans sa vie mais je suis son père. Cela me tue de faire comme si rien ne m'atteignait quand ça la concerne. 

- Laisses lui du temps. Et un conseil d'amis, ne la brusques pas ou tu en paieras les conséquences, plaisantait Arzhel pour détendre l'atmosphère.

- Je tâcherais de le retenir, répondit Lucifer avec un sourire que je pouvais bien imaginer. Au fait, conseil d'amis, retiens tes pensées et interdis moi l'accès. Nous sommes égaux mais Emeraude reste ma fille. Tiens donc tes pensées avant que je ne m'emporte.

Tombée du ciel: Ange démoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant