Le bruit des jambes de bois de Poppy martelèrent le sol. Elle tenta bien de poser son pied boisé moins fort. Mais, l'attèle était très lourde. Elle observa la forme au bout de son nouveau membre. En suivant les indications de Rosalie, qui avait pris toutes les mensurations de la jeune fille, il lui avait taillé une jambe sur mesure qui se faufilait non seulement dans ses pantalons mais aussi ses chaussures. Cependant, elles restaient des bouts de bois qui ne pouvaient pas se mouvoir selon sa volonté :
"C'est un beau travail." Remarqua Pélagie avec distance.
Poppy hocha la tête en soulevant sa jupe. Elle avait été capable de maîtriser ses attèles avec une rapidité déconcertante. Mais, l'épreuve des robes n'était pas encore finie. Les jupes serrées l'obligeaient à marcher d'un pas méthodiques et les longues robes la faisaient déraper. Elle ne sentait pas le tissu se mêler dans le tissu. Quelqu'un toqua à la porte.
Pélagie lança un regard noir à Poppy afin qu'elle cachât sa jambe de bois. L'infirme considérait qu'elle n'avait pas à couvrir pudiquement deux bouts de bois brun mais son hôtesse était persuadée du contraire considérant que c'était la continuité de son corps. Poppy arqua un sourcil hautain en gardant le jupon relevé. Mais, elle le rabaissa immédiatement quand Hadrian passa le pas de la porte :
"Peter est revenu." Annonça-t-il.
Poppy sentit un frisson parcourir sa nuque. Elle n'était pas certaine d'avoir envie de ses nouvelles. Pélagie prit les devants ne lui laissant pas le luxe de réfléchir :
"Fais-le entrer."
Puis, elle se tourna vers son amie :
"Tu veux être seule avec lui, je suppose ?"
Poppy hocha la tête telle une automate. Pélagie pressa sa main avec un sourire d'espoir. Mais, l'Écossaise savait que Peter n'avait pas de bonnes nouvelles pour elle. Son amie se leva et quitta la pièce un peu trop rapidement à son goût alors que Peter entrât. Il tenait entre ses mains son chapeau, une épaisse casquette de voyage, et vint s'asseoir en face de Poppy.
Pélagie passa devant Hadrian sans lui accorder un regard. Loin de se décourager, l'Allemand décida de la suivre. Elle fendit le couloir, le sentant dans son dos. Depuis qu'il lui avait annoncé qu'il allait partir et qu'elle était fiancée, elle ne lui adressait pas la parole.
Hadrian attendit qu'ils furent un peu éloignés de la vie du château pour la prendre par le bras et la tirer dans un coin tranquille. La jeune fille ne se laissa pas faire. Elle le repoussa mais, il la bloqua avec son corps et redressa doucement son visage vers le sien :
"Pélagie, demanda-t-il doucement, parles moi.
-Pourquoi faire ? À chaque fois que tu ouvres la bouche, c'est pour m'annoncer une mauvaise nouvelle."
Hadrian pinça les lèvres et baissa la tête :
"J'en ai une de plus..." Prévint-il.
Elle soupira en levant les yeux au ciel. Il s'approcha d'elle caressant son menton de son pouce :
"Je vais bientôt repartir à Londres pour que l'on me forme... J'irai ensuite directement à Berlin."
Le cœur de Pélagie sauta à terre. Ses iris volaient dans ses yeux cherchant une trace de blague ou de quelque chose du genre. N'importe quoi qui lui aurait dit que ce n'était pas sincère. Mais, Hadrian resta muet implorant son pardon, espérant qu'elle ne le prit pas comme un abandon. Les yeux de Pélagie s'humidifièrent. Lorsqu'il sera parti, elle ne pourra plus avoir ou demander de ses nouvelles. Personne n'en aura. Elle devra attendre son retour pour savoir. Si retour, il y avait. Elle posa la main sur la joue du soldat caressant le léger duvet blond qui la recouvrait.
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l'Ambre et la Rose
Lãng mạnPélagie Whitesword est l'unique héritière d'une des familles les plus riches et nobles du pays. Alors que la seconde guerre mondial bat de son plein, son père décide d'héberger un régiment anglais dans leur immense manoir. Pélagie n'en a aucune envi...