L'ombre des feuilles provoquait un peu de fraîcheur sur les visages blancs des deux jeunes gens. Légèrement en avant, Pélagie n'osa pas se retourner pour s'assurer que Hadrian était toujours derrière elle. De toute façon, le trottinement tranquille de Heather le lui indiquait.
Les chants des oiseaux qui revenaient des pays chauds permirent de remplacer le silence gênant entre les deux jeunes gens. Dès qu'elle posait les yeux sur Hadrian, Pélagie rougissait. Elle pria pour que la promenade s'écourtât sans oser le faire. Elle ignorait si elle voulait s'isoler pour retrouver ses esprits ou rester auprès du jeune homme. Mais, elle s'était avouée que Hadrian ne la laissait pas indifférente :
"Voulez-vous reposer à l'ombre ?" Proposa le jeune homme.
Pélagie tressaillit en entendant son accent tonique. Cela faisait quelques temps qu'il ne le cachait plus lorsqu'ils étaient à deux. Elle se tourna, une main sur le flan de sa montre, l'autre tenant les rênes :
"Vous connaissez un endroit ?"
Hadrian hocha la tête avec un sourire malicieux. Pélagie ralentit sa jument alors qu'il passa devant. D'un pas certain, il l'entra encore plus profondément dans la vallée. Mais, Pélagie ne ressentit aucune peur à l'idée de s'éloigner du chemin conventionnel. Auprès d'Hadrian, elle avait l'impression que rien ne pouvait la toucher.
Ils débouchèrent sur une toute petite clairière au sein d'un bosquet. Des effluves florales chatouillèrent les narines de la jeune fille. La petite clairière était parsemée de fleurs sauvages dont les couleurs chatoyantes l'emportaient sur le vert de l'herbe fraîche.
Hadrian glissa à terre. Il prit une nappe de sous la scelle de Heather qu'il étendit à terre après avoir tâté le sol pour trouver le meilleur endroit. Puis, il se chargea de faire descendre Pélagie. Bien qu'elle n'en avait pas besoin de son aider, elle glissa sa main sur celle gantée de cuir d'Hadrian. Malgré l'épaisseur du vêtement, le contact électrisa son corps et la fit rougir. Il la conduisit jusqu'au drap où il l'installa. Il était bien trop petit pour que Hadrian s'assit à son tour tout en respectant la distance. Alors, il se mit plus loin, sur l'herbe :
"Vous allez vous salir. Remarqua Pélagie.
-Ce n'est ni la première fois, ni la dernière que j'aurais le derrière dans la terre." Plaisanta Hadrian.
Pélagie écarquilla les yeux. Elle n'était pas le compagnon d'Hadrian. Même s'ils se rapprochaient chaque jour un peu plus, il ne devait pas être familier avec elle. Surtout pas s'il comptait devenir son majordome :
"Est-ce agréable ? Demanda Pélagie.
-Vous ne vous êtes jamais assis sur l'herbe ?
-Je risquerai de tâcher mes robes."
Hadrian la jaugea de bas en haut. Un sourire se dessina sur ses lèvres :
"Mais, vous portez un pantalon d'équitation." Remarqua-t-il.
Pélagie crispa les doigts sur la toile rugueuse. Elle était déjà assez mal à l'aise de laisser ses jambes apparentes bien que la forme ne permettait pas de les mouler.
Hadrian se rapprocha. Il regarda le sol. Puis, il saisit un brin d'herbe ressemblant à un blé et une fleur violette qu'il porta à hauteur du visage de la jeune fille. Il murmura :
"Je peux ?"
Pélagie hocha doucement la tête obnubilé par les plantes à tige. Hadrian lui indiqua de fermer les yeux ce qu'elle s'empressa de faire. Pélagie sentit d'abord la rugosité de l'épi qui chatouilla sa joue. Hadrian remonta délicatement jusqu'à son front. Il délia le front crispé de la jeune fille. Il fit le tour de son visage jusqu'à son menton. Puis, il retira l'épi et saisit la fleur. Il la posa sur le sommet de son nez pour lui faire profiter de son parfum délicat. Quand un sourire s'étira sur les lèvres roses, il descendit la fleur. La douceur des pétales donnait l'impression d'une crème onctueuse sur sa peau. Hadrian traça le contour de ses joues, glissa la fleur sur ses paupières rosées. Il marqua un instant une pause.
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l'Ambre et la Rose
RomantizmPélagie Whitesword est l'unique héritière d'une des familles les plus riches et nobles du pays. Alors que la seconde guerre mondial bat de son plein, son père décide d'héberger un régiment anglais dans leur immense manoir. Pélagie n'en a aucune envi...