Chapitre 16 "Mr Darcy"

21 2 0
                                    

Le Derbyshire était avant tout connu pour ses paysages. C'était pour ces derniers que certains citadins acceptaient durant une saison de s'éloigner de la vie humaine. Même si Pélagie regrettait toujours l'air marin et ses camarades ; elle venait de recevoir une lettre de Wendy qui regrettait son absence en s'interrogeant sur celle de Poppy ; elle devait bien avouer que le panorama qui s'offrait à elle lui prenait au cœur.

Elle restait de longues heures assises devant les fenêtres comme un petit chat à qui l'on interdit de sortir. Elle était venue pour des raisons de santé alors Mildred tenait à ce qu'elle se ménagea. Pélagie obtint de faire déplacer des fauteuils sous le porche arrière. Même si l'air était toujours un peu frais, elle aimait débuter la matinée à observer le domaine. Elle avait d'abord été déçue par les abords déserts du château. Mais, l'imposante bâtisse cachait en réalité une vallée foisonnante aux teintes verdoyantes. Un court d'eau délimitait le terrain des Whitesword avec celui de leurs voisins.

Pélagie s'arracha à sa contemplation en entendant des hennissements. Hadrian creva le mur de verdures qui se formait à l'orée de la vallée. Il montait un cheval de traie que Edouard préférait utiliser plutôt qu'une voiture. Elle se nommait Heather en l'hommage aux fleurs préférées de Mildred. Hadrian n'avait pas prévu de pantalon pour son court séjour. Aussi, il gardait son uniforme militaire ce qui lui donnait un aspect épique.

Pélagie ne parvenait même plus à le regarder en face. Le simple fait d'entendre ses bottes sur le parquet provoquait des échauffements dans son corps. Elle aurait aimé l'éviter. Cependant, il prenait à cœur sa fonction prochaine et la collait comme il avait vu George et Gordon le faire pour Andrew. À la vue de la jeune fille, vêtue d'une simple robe et de mocassins, il esquissait un sourire en la regardant par en dessous. Il glissa le long de la robe camelle de Heather. Tout en gardant les rênes en main, il s'approcha de la jeune fille. Il noua les liens contre la barrière en fer forgé et se glissa sous cette dernière pour apparaître au plus près de Pélagie. Cette dernière pinça les lèvres pour cacher le sourire qui voulait s'échapper.

Le regard azur de l'Allemand tomba sur le livre posé sur les genoux de la jeune fille. C'était le présent de Gerald. Depuis l'arrivée du jeune homme, elle n'était pas parvenue à ouvrir un seul livre. Elle s'était détournée de Tess d'Uberville avec une évidence marquée. Quant à Faust, elle le connaissait déjà par cœur mais n'osait pas avouer à Hadrian la raison pour laquelle elle avait dévoré son présent :

"Vous ne lisez pas ? Demanda-t-il.

-Je ne parviens pas à apprécier ce livre à sa juste valeur." Mentit-elle.

Hadrian observa avec intensité la couverture impeccable. Il mourrait d'envie de la questionner sur le livre qu'il lui avait offert mais n'osait pas le faire :

"Voulez-vous que je le lise pour vous ? Proposa-t-il.

-C'est à dire... Balbutia Pélagie rouge. Que c'est un présent de Gerald. Je dois donc lui faire honneur. Il m'interrogera surement dessus à notre prochaine rencontre."

Hadrian ressentit la jalousie s'insufflait par chaque pore de sa peau. Il la repoussa au loin :

"Je peux vous faire des sortes de fiche de lecture. Insista-t-il.

-Vous tenez tant que ça à le lire ?

-C'est que vous m'avez fait découvrir la littérature anglaise et que je l'apprécie assez."

Soudainement, Pélagie se souvint du livre qu'elle lui avait acheté. Elle l'avait relégué au fond d'un de ses tiroirs pour que ni Mildred, ni Rosalie tombât dessus. Elle sauta sur ses jambes provoquant un spasme de surprise chez l'Allemand. Sans faire attention aux convenances, elle lui prit le bras, les yeux brillants :

l'Ambre et la RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant