Rosalie observait en coin Pélagie. Depuis cette ballade dans les bois avec les soldats, elle n'était pas revenue pareil. Elle avait disparu durant une heure et était revenue seule. Rosalie l'avait soupçonnée de s'être retrouvé avec le soldat Lewis. Mais, elle ne semblait pas rapprochée du militaire et puis, il avait été vu tout l'après-midi :
"Vous êtes certaines mademoiselle... du mauve ? Demanda Laureen craintive.
-Pourquoi pas ?" Lança distraitement Pélagie en jouant avec la chaîne de son pendentif.
Laureen et Rosalie échangèrent un regard décontenancé. Pélagie détestait le mauve. Elle avait un jour lancé un vase par la fenêtre parce qu'elle ne supportait pas la vue des géraniums de cette couleur. Sans se soucier de leur désarroi, la jeune fille porta son pendentif à son visage. Les révélations d'Hadrian avaient calmé ses ardeurs. Elle s'était rendue compte de la réalité de la guerre et était honteuse du comportement qu'elle avait eu jusque là :
"Bien... Fit Rosalie. Alors, Laureen, tu iras voir le styliste de mademoiselle et tu lui demanderas une robe mauve, préviens le majordome du général Anderson."
Laureen hocha la tête en gesticulant un pied sur l'autre. Rosalie l'observait rougir à vue d'œil sans, toutefois, oser parler. La femme de chambre plaça ses poings sur ses hanches et la toisa :
"Et bien ! Parle !"
Pélagie s'arracha à sa contemplation et observa à son tour la jeune servante qui semblait en proie à la timidité. Elle arqua un sourcil retrouvant son air supérieur :
"Qu'y a-t-il ?
-C'est que... un homme du régiment m'a demandé de l'accompagner...
-Laureen ! Tu n'as pas le droit d'accepter si ta Lady ne t'a pas donné l'accord.
-C'est ce qu'elle est en train de faire, Rosie. Nota Pélagie. Tu peux y aller.
-Mademoiselle ! S'indigna la vieille femme de chambre.
-Tu es jalouse ?"
La vieille Rosalie se mit à rougir de colère. Elle n'avait pas besoin d'être invitée au bal par de jeunes soldats. Elle était déjà mariée à Gordon, le majordome de monsieur Whitesword. Et puis, elle n'en avait plus l'âge. Elle leva le nez, humiliée :
"Au moins, elle pourra vous servir de chaperon. Abdiqua-t-elle.
-Quelle robe vas-tu mettre ? Demanda Pélagie en regardant celle délavée de la jeune servante.
-J'ai... j'ai ma robe du dimanche. En la passant dans la teinture, je peux la rendre bleu marine.
-Et tu ressembleras à un autre militaire en uniforme ? Cette robe est horrible. Je ne sais même pas pourquoi tu t'obstines à la porter à la messe !"
Parce qu'elle n'a pas le choix. Pensa Rosalie en réprimant le regard qu'elle voulait lancer à sa jeune maîtresse. Laureen se sentit encore plus honteuse. Pélagie soupira en roulant des yeux. Elle se leva et alla dans sa garde-robe. Elle trouva une robe assez longue, gris perle, qui ne lui allait plus. Laureen, qui avait eu la rougeole petite, était si malingre que certains pensaient que les Whitesword ne la nourrissait pas. Pélagie lui jeta la robe :
"Prends-la. Je ne supporterais pas que l'on se moque du mauvais goût de ma domestique."
Laureen saisit la robe, caressant son col plissé. Ses pupilles tremblaient de surprise. Rosalie était pour de bon jalouse. Elle n'avait jamais eu le droit à une aussi belle robe. Elle voulut réclamer quelque chose à Pélagie. Mais, elle n'eut pas à le faire. La jeune fille se dirigea vers sa coiffeuse, elle en tira un ruban en soie noir et le tendit à sa vieille femme de chambre :
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l'Ambre et la Rose
RomancePélagie Whitesword est l'unique héritière d'une des familles les plus riches et nobles du pays. Alors que la seconde guerre mondial bat de son plein, son père décide d'héberger un régiment anglais dans leur immense manoir. Pélagie n'en a aucune envi...