Chapitre 3

8 2 0
                                    

Ce matin, le soleil m'a réveillée. Il devait être 6 heures et demi. Je me suis rapidement habillée avec mes seuls habits : ceux de la veille et ceux d'avant-hier et de tous les jours depuis que je n'ai pas grandie. Je me suis directement rendue sur la place au centre de notre moitié de ville pour y retrouver mes compagnons de la résistance, dont Zaïc mon meilleur ami. On a révisé une dernière fois notre stratégie pour notre grand retour. « Croyez-moi, cette fois, ils vont nous entendre, les bourgeois,et ceux des autres pays », s'est écrié Lincoln, mon plus fidèle ami de la résistance. Depuis que mes parents et mon frère sont morts, c'est lui qui m'a redonné espoir et qui a ravivé cette flamme dans mon cœur que les crésus avaient pourtant réussi à éteindre.

Avant, on était pacifiste, aujourd'hui, on n'a pas d'autres choix que de prendre les armes, alors c'est ce qu'on va faire. Aujourd'hui on distribuait les armes et demain au petit matin on s'en servirait. Hier on utilisait nos pioches pour les enrichir, demain on les utilisera pour briser ce mur.

Une fois la distribution terminée, je me rendis chez Lincoln. Lui et moi serions en première ligne demain. S'ils décidaient de contre attaquer,nous serions les premiers mis en cause et on finirait comme ma famille, comme rien. On discuta tout le long du trajet. Lui comme moi avions peur, mais il m'a dit cette phrase que j'oublierai jamais :« quoi qu'il se passe, je ne regretterai jamais ce qu'on est en train de faire on ne se bat pas pour rien. On se bat pour la vie et pour la liberté. On finira peut être comme des moins que rien, mais on se sera battus pour un combat juste qui, un jour, j'en suis sûr, portera ses fruits. Peut être après notre mort oui, mais un jour. On finira peut être même dans les livres d'histoire que nos enfants étudieront. » Et encore une fois, il me redonnait espoir.

Quand tout à coup, dans une petite ruelle sombre, comme toutes les ruelles de notre quartier, on surprit une conversation entre Zaïc et Tymar, le fils du tyran, qui compte bien prendre la relève de son père.

Lincoln : « Attend, arrête toi. C'est qui avec Zaïc là ? »

Moi : « Il ressemble à Tymar mais qu'est-ce qu'il fait avec lui ? Et dans notre moitié en plus ? »

Lincoln : « Ecoute »

Zaïc: « Et tu promets de me sortir d'ici ? »

Tymar « Si tu les fais échouer demain, oui »

Moi : « Il compte nous faire échouer. Il faut qu'on le double »

Lincoln et moi sommes partis en courant. Les bruits de pas s'éloignant de leur position les ont mis en garde. Ils nous ont repérés et ont tenté de nous poursuivre pour nous éliminer.  Sur mon chemin, en fuyant, j'y pensais. Encore une fois, quelqu'un arrivait à me décevoir dans ce monde dépourvu de valeurs. Pourtant je pensais être immunisée contre la déception, ce sentiment qui, depuis ma naissance, hantait mon quotidien. Je ne pouvais plus faire confiance à personne. Ce sentiment qui rythmait nos vies à tous, alimentait le climat de psychose qui finirait par nous détruire. Qui nous trahirait encore ? Au début, c'était les gens de la haute société qui nous exploitait pour pouvoir vivre dans leur société sur-consommatrice. Aujourd'hui, c'était nous, les gens du bas, qui se faisions marcher sur la tête par les nôtres qui voulaient monter en grade.

Après une intense course poursuite, on a réussi à se glisser dans des combles, sous la ville. Quand tout à coup, une idée illumina nos yeux, ceux de Lincoln et moi : nous allions passer par les combles pour s'introduire de l'autre côté. Le mur est construit juste après la seine. De cette façon, ils pensaient nous couper d'énergie hydraulique, mais ils nous ont ouvert la porte.

Les imperceptiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant