Chapitre 7 Eddy

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Après des années d'errance dans un brouillard noir rempli de souffrance, je commence enfin à voir cette petite lumière d'espoir au bout de ce long tunnel et dans lequel je suis prisonnier depuis si longtemps. Tout simplement grâce au retour soudain et miraculeux de ma belle cubaine. L'amour de ma vie. Celle qui était et est toujours, ma régulière et femme, Isaura.

Malgré toutes ces années passées, je n'ai jamais arrêté de la rechercher et l'espoir, même infime, de l'avoir à nouveau dans mes bras, m'a permis de tenir, ne serait-ce qu'un peu,  dans cette douleur de l'avoir perdue et ce, par ma faute. M'étreignant et m'engouffrant encore plus dans les abysses profonds de la culpabilité.

Lors de nos retrouvailles express, elle n'était pas prête à ce que nous ayons LA discussion. Je lui ai alors laissé une semaine avant que nous nous expliquions, de façon à ce qu'elle se prépare mentalement, mais surtout, dans le but qu'elle intègre et comprenne bien les mots que je lui ai dit. À savoir, que ce n'est pas fini entre nous deux. Que je l'aime toujours et ce, jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Mais voilà que des ombres du passé ont aussi décidé de pointer le bout de leur nez et pas des moindres, un des cartels colombiens. Celui contre lequel j'avais essayé de protéger Isaura et déclenché une guerre par la même occasion. Depuis plusieurs années les tensions s'étaient apaisées. Nous avions trouvé un terrain d'entente et fait une trêve, qui aujourd'hui, je pense, va voler en éclats.

Il faut savoir que Miami est, depuis longtemps, une porte d'entrée aux États-Unis pour l'acheminement aérien de la drogue qui provient essentiellement de Colombie et d'Amérique latine du fait de sa situation géographique.

Les cartels colombiens et cubains se sont très souvent affrontés et même livrés à une compétition impitoyable pour le monopole du marché de cette dernière, provoquant un nombre incalculable de morts dans leur sillage. À la fin des années 70 et début des années 80, les rixes sanglantes des narcotrafiquants et l'aggravation de la violence quotidienne, a fait même classer la ville de Miami en 1983, dans les plus dangereuses des États-Unis avec un nombre record de six cents morts. Par la suite, les choses se sont apaisées, je dirais, lorsque le cartel de Pablo Escobar a été démantelé et que ses membres ont été tués ou emprisonnés. Et comme souvent, d'autres cartels ont pris le relais, toujours aussi sanglants, mais plus discrets.

D'ailleurs, c'est à ce moment-là que mon père, cette enflure, et d'autres membres de son époque, ont profité de l'aubaine en s'associant avec un de ces nouveaux cartels colombiens. Ils ont ainsi créé une alliance avec eux ce qui, leur a permis de faire prospérer notre chapitre de Miami en faisant de celui-ci, par la même occasion, un des plus redoutés et des plus importants de la Côte Est.

Durant des années, notre MC de Miami a gravi les échelons, que cela soit en puissance d'autorité, de violence, de trafics et d'augmentation du nombre de leurs membres. Apportant ainsi la richesse et l'argent facile du trafic de drogue à ces derniers. Se propulsant au sommet, en permettant également la création d'autres chapitres dans toute la côte est et non seulement dans l'état de Floride.
Aujourd'hui, le MC des Outlaws est un des plus puissants des États Unis et connu à travers le monde entier au même titre que les Hell's Angels.

Je ne nie pas qu'ils ont su tirer profit de la situation, j'aurais sûrement agi comme eux à quelques différences près. De plus, si les Outlaws n'avaient pas saisi cette opportunité, d'autres l'auraient fait et pris notre place. Néanmoins, ce que je reproche le plus à mon géniteur, c'est qu'il ait préféré l'argent au lieu des liens du sang et plus précisément son propre fils. Pour lui, je n'étais que son futur héritier. Celui qui allait continuer son œuvre au sein du MC, m'élevant à son image, sans amour et dans la froideur. Dénué de tout sentiment où seuls la violence et le pouvoir comptaient. Alors quand j'ai refusé de suivre ses traces et d'écouter ses consignes, il n'a rien trouvé de mieux que de manigancer derrière mon dos, trahissant ainsi son propre fils par la seule manière qu'il connaissait et donc il était sûr que cela, me mettrait littéralement à genoux.

American Dream ( En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant