Chapitre 4 - Le palais de l'Elysée

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Publié le 30 janvier 2021. 

- On t'avait promis un palais, dit le Commandant en regardant Adèle dans son rétroviseur, voilà ton palais. 

Adèle ne comprenait rien. Que diable faisait-elle au beau milieu de la cour du Palais de l'Elysée ? Soudain, elle repensa au coup d'Etat, au président, Philippe Dutrieux... Pourquoi était-elle ici, dans ce lieu qui était littéralement le centre de ce putsch ? La portière s'ouvrit et le militaire à sa droite en sorti et l'entraina à sa suite sans brusquerie. Au dehors, l'agitation qui régnait frappa Adèle, malgré l'heure avancée de la nuit, des dizaines de militaires et de personnes en civil s'affairaient à différents postes et semblaient si occupés qu'ils ne prêtaient pas attention à la voiture fraichement garée ou à Adèle. Il semblait se passer une sorte d'emménagement dans l'Elysée. Chacun avait les bras chargés de documents, de meubles et d'objet divers et les emmenait à l'intérieur du Palais.

Mais Adèle n'eut pas le loisir de faire courir ses yeux plus longtemps sur ce spectacle pour le moins inhabituel, le Commandant s'était mis à marcher à grandes enjambées devant elle et un militaire lui avait pris le bras pour la forcer à se mettre également en route. Ils se dirigeaient vers l'entrée de la bâtisse et peu à peu, des regards intrigués se tournèrent vers Adèle. Ils semblaient se demander autant qu'elle ce qu'une gamine faisait au beau milieu de ce remue-ménage.

Le Commandant avait gravi la volée de marches, ne s'était pas soucié des deux hommes armés postés de chaque côtés de la grande porte et qui n'avaient d'ailleurs pas songé à l'arrêter, et avait franchi le seuil de celle-ci. Rapidement, Adèle fut contrainte de l'y rejoindre, poussée par le canon de l'arme d'un militaire. Son coeur battait douloureusement fort, elle pouvait presque l'entendre pulser par dessus le brouhaha qui régnait dans l'entrée. Quelques goutes d'une sueur froide perlèrent une fois de plus sur ses tempes et la gorge de la jeune femme se serra.

La pièce était très haute de plafond, spacieuse, carrée et intimidante. Les murs de pierre faisaient raisonner chaque son et rendaient encore plus impressionnant l'endroit tandis que le parquet du sol était presque entièrement recouvert par divers tapis précieux. Un homme trapu était perché sur une sorte de piédestal en pierre au centre de la pièce et criait d'une voix nasillarde des injonctions en tous sens tandis que ses bras s'agitaient vers les quatre points cardinaux avec énergie.

Ils ne ralentirent pas l'allure et soudain, ils montaient le grand escalier central au pas de course. Adèle avait du mal à suivre, elle était fatiguée, effrayée et c'était sans compter les coups de pressions infligés par un des militaires qui plantait toujours son arme entre ses omoplates. Elle en oublia ses marches, trébucha et tomba plutôt lamentablement à genoux dans un bruit sourd, ses mains rattrapant de justesse son corps. Les trois militaires derrière elle s'arrêtèrent précipitamment en ricanant, et l'un d'eux lui marcha toutefois sur le pied. Adèle soupçonna qu'il l'avait faire exprès.

- Attendez, mon Commandant, elle s'est cassée la gueule, intervient celui qui tenait l'arme avec peu de chic.

Le commandant se retourna et posa ses yeux perçants sur la jeune femme.

- Si tu veux que je te porte comme tout à l'heure il suffit juste de le dire, dit-il tandis que les commissures de ses lèvres se fendaient d'un rictus moqueur.

Adèle n'aurait pas pu être plus rouge. Elle se releva précipitamment et s'épousseta les paumes de ses mains en rassemblant le peu de dignité qui lui restait. Elle avait rarement eu l'air plus ridicule.

- Ça ira merci, fit-elle d'un air dégagé.

- Je l'aurai parié, marmonna-t-il en reprenant l'ascension de l'escalier.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 30, 2021 ⏰

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