Première fois

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PDV Braison

— Une soirée comme celle-ci, ça s'arrose ! dis-je en pétant le champagne, un sourire satisfait aux lèvres.

Le bouchon saute avec un bruit sec et le liquide mousseux jaillit légèrement avant que je ne commence à servir tout le monde. L'ambiance est électrique, portée par l'excitation de la victoire. On se retrouve tous dehors, installés autour de la cheminée d'extérieur. L'air est frais, mais la chaleur du feu et des corps réchauffe l'atmosphère.

Maïa, assise en tailleur sur le fauteuil en rotin, hésite un instant avant de prendre la parole, la voix empreinte de détermination.

— Apprenez-moi.

— Apprendre quoi ? demande Catalya, en relevant un sourcil sceptique tout en tirant sur son joint.

— À me défendre. À être aussi forte que vous.

Un silence plane quelques secondes. Tous les regards se tournent vers elle.

— T'étais pas sensé ne rester qu'une semaine toi ? coupe Catalya, tranchante.

Maïa fronce les sourcils, visiblement frustrée.

— Moi, je veux bien t'apprendre, intervient Paige en haussant les épaules.

— Elle a raison, renchérit PJ.
T'avais dis une semaine Braison, qu'en est-il de la suite ?

Tous les regards se tournent vers moi. Je sens le poids de la question peser dans l'air, suspendu au-dessus des flammes dansantes de la cheminée.

Je repose mon verre et me frotte la mâchoire, réfléchissant. Maïa me fixe, les yeux brillants d'une nouvelle intensité. Elle a changé en quelques jours. La peur qui l'habitait au début a laissé place à autre chose. De la détermination, peut-être.

— J'en sais rien, je finis par dire d'un ton mesuré

— En fait tu nous a jamais dis qui tu étais, d'où tu viens Maïa ? Demande soudainement Catalya.

Maïa baisse légèrement les yeux, mal à l'aise sous le poids des regards. Elle joue nerveusement avec la bague en argent qui orne son doigt, comme si elle cherchait ses mots.

Ça n'a pas vraiment d'importance, murmure-t-elle.

Si ça en a, réplique Catalya en expirant un nuage de fumée. On doit savoir à qui on a affaire.

Le silence s'installe. Maïa inspire profondément avant de relever la tête.

Mes parents étaient brésiliens, commence-t-elle d'une voix posée. Des immigrés clandestins. Ils sont arrivés ici en pensant pouvoir construire une vie meilleure, mais la réalité était bien différente.

Je la regarde attentivement. Son ton est calme, mais je perçois l'amertume derrière ses mots.

Mon père est mort dans un accident de la route quand j'avais dix ans. Un chauffard l'a percuté alors qu'il rentrait du travail. On n'a jamais rien pu faire. Pas de procès, pas de justice... Parce que sans papiers, on n'existe pas.

Elle serre les poings, les jointures de ses doigts blanchissant sous la pression.

Ma mère... Elle a tenu quelques années. Mais un matin, elle est juste partie. Comme ça. Sans un mot, sans un regard en arrière. J'imagine qu'elle en avait marre d'avoir une gamine dans les pattes.

À la vie à la mort 1&2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant