Counters Set To Zero - Haikyuū!!

CHAPITRE II - Aveux

Les jours passaient tranquillement, et Mei commençait à s'habituer à la boutique. Chaque matin, elle se levait avec les premiers rayons de lumière, les oiseaux chantant dans les arbres aux alentours, une douce mélodie qu'elle trouvait étonnamment réconfortante. Elle se rendait ensuite au à l'échoppe, quelques pas plus loin, ou elle accomplissait les mêmes gestes bientôt familiers : ouvrir les volets métalliques avec un bruit sourd mais certain, balayer les miettes laissées par les clients du jour précédent, et enfin, disposer soigneusement les nouveaux produits en vitrine. C'était une routine simple, mais apaisante.

Il y avait quelque chose dans la régularité de ce travail qui lui permettait d'ignorer les turbulences qui bouillonnaient en elle, comme les souvenirs du passé qui s'agitaient dans l'ombre, au tréfond de son esprit. La boutique devenait peu à peu un nouvel ancrage, un lieu ou les pensées s'effaçaient sous l'écho des gestes quotidiens.

Un matin, alors qu'elle avait l'habitude de ranger des paquets dans un coin, une vielle dame entra à la boutique. Elle portait un vêtement traditionnel pastel, bien que démodé, qui mettait en valeur son dos courbé et ses cheveux d'un gris lumineux par l'âge. Avec un petit sac en toile dans les mains, elle s'arrêta devant le comptoir, observant Mei avec un regard perçant.

La vieille dame semblait la jauger, un sourire mystérieux, jouant sur ses lèvres. Après un moment de silence, elle s'avança lentement et d'une voix presque chuchotée, dit : " Eh bien... Une nouvelle employée, je vois ? Le petit Ukai ne vous a pas obligée à travailler ici à cette heure, tout de même ? " La dame secoua la tête, l'air amusé. " Ce jeune homme peut être sévère, vous savez. "

Mei, prise au dépourvu par la question, haussait un sourcil tout en la fixant. Son frère ne se résignait donc pas à cacher son caractère entier. Bien qu'elle n'était pas surprise par cette remarque — après tout, elle savait que tout le monde, ou presque, pensait que Keishin pouvait être un peu trop autoritaire. Mais la façon dont la vieille le disait, avec une touche de malice et d'affection, fit sourire Mei. Elle savait au fond, que son frère avait construit sa vie ici. Que nombreux le connaissait et l'appréciait, alors qu'elle ne demeurait qu'une étrangère aux yeux de ces gens-là. Cette pensée la troubla, plongeant tête la première dans une vague de regret.

Mei répondit avec un sourire faussement conspirateur : " Oh, il m'a un peu forcée, je l'avoue. Mais il fait ce qu'il peut pour me rendre service, je suppose ! " La jeune roula des yeux de manière exagérée, tentant de masquer une légère gêne qui montait en elle. La vieille dame éclata de rire, sa voix tremblant doucement sous les effets du temps " Ah ! Mademoiselle, vous semblez bien le connaitre ! Mes quiétudes sont vaines... "

La vieille dame lui donna un regard approbateur avant de partir, son pas lent mais sûr tandis que Mei la suivait des yeux réfléchissant à ses dernières paroles échangées. Cette rencontre légère, un peu décalée, brisa la monotonie de sa journée et la ramena à un souvenir fugace de son enfance. Ces petites interactions avec les gens de la ville lui rappelaient que, malgré tout ce qu'elle avait traversé, elle n'était jamais totalement seule ici.

***

Les journées se déroulaient et, bien que les conversations de plus en plus fréquentes avec Keishin, Mei sentait toujours une distance ténue entre eux. Ce n'était pas tant la présence physique de son frère qui manquait, mais plutôt une absence invisible , un écart, qu'aucun n'arrivaient à combler complètement. Keishin, avec sa cigarette presque toujours en main, semblait perdu dans ses propres pensées. Il n'était plus le frère protecteur et attentionné qu'elle avait connu autrefois. Leurs échanges étaient polis, mais parfois, un regard plus long, un mot plus lourd, suggéraient des non-dits, des reproches, qui planaient au-dessus d'eux.