Counters Set To Zero - Haikyuū!!

CHAPITRE III - Souvenirs

Le vent soufflait doucement dans les rues de Miyagi, emportant avec lui un mélange de fraîcheur estivale et de souvenirs d'un autre temps. Il glissait entre les maisons, s'engouffrait dans des endroits sans issues tout en sifflant discrètement sur les toits, presque comme des murmures échappés du passé.

Après avoir pris le temps de verrouiller soigneusement la boutique ce matin-là, Mei s'était autorisée une pause, un moment qu'elle avait décidé de dédier entièrement à elle-même. Les derniers jours avaient été intenses ; elle travaillait de longues heures, souvent en silence, immergée dans l'odeur familière du vieux bois et des herbes séchées de l'échoppe, ne prenant que rarement le temps de souffler. Mais ce matin, quelque chose en elle réclamait un répit, un besoin profond de s'échapper de cette routine, de respirer au-delà des murs de la boutique et de retrouver, ne serait-ce qu'un instant, une partie de sa liberté.

Elle voulait redécouvrir sa ville d'enfance, — non pas comme quelqu'un qui y est simplement revenu, mais comme quelqu'un qui la redécouvre pour la première fois.

Miyagi s'étendait comme une carte ancienne, dont les détails furent effacés par le temps. Alors, sans but précis, Mei se délaissait à explorer les ruelles et se perdre volontairement dans des coins qu'elle avait autrefois connus par cœur. Pour ressentir, ne serait-ce qu'un peu, au fil de ses pas, les émotions que chaque recoin lui avait procurées. Accompagnée par cette brise lui murmurant ces fragments d'autrefois, elle éprouva un sentiment de nostalgie entrelacé a la tendresse, comme si la ville elle-même, venait à se rappeler d'elle.

Marcher dans les traces du passé permet parfois de retrouver son authenticité.

Mei ouvra les yeux, et, au bout de la rue aperçut les grilles de son ancien lycée Karasuno, réveillant en elle une vague d'émotions contradictoires — entre la curiosité et la réticence dont elle ignorait la raison. Après toutes ces années, le lycée, lui, se dressait toujours là. Comme pour montrer à Mei qu'à l'inverse, lui, est resté fidèle à lui même.

Un léger pincement au cœur, elle décida néanmoins de s'approcher doucement, sans trop s'en rendre compte véritablement. Comme si elle était guidée par une étrange force qui l'attirait, des souvenirs d'adolescence ; vers cet endroit où tant de choses avaient commencé.

Il était à peu près seize heures, bien que la plupart des élèves avaient quitté les lieux, quelques uns traînaient encore formant des petits groupes, leurs rires s'entremêlant au murmure du ciel. Leur insouciance, leur jeunesse et innocence renforçaient de plus belle ce sentiment de mélancolie. L'air portait une légère odeur de craie mélangée à la terre, tandis que chaque pas qu'elle effectuait semblait la replonger dans une époque ou tout était plus simple, plus inconscient. Elle inspira profondément, se laissant emporter par cette atmosphère familière.

En effleurant du bout des doigts la peinture écaillées des murs frais, elle marchait lentement le long du bâtiment. Et pourtant, le silence des couloirs vides amplifiait chaque bruit autour d'elle. A cet instant, Mei n'était plus de ce monde. Chaque sensation n'était qu'un rêve, une chimère éveillée, un sentiment pur, une spéculation réconfortante de l'ancien temps. Ici là et encore, quelques affiches bordaient encore l'architecture, ajoutant une touche de vie dans ce lieu mythique. A cette idée, Mei souriait ; certains lieux gardent toujours leur empreinte dans le temps, sans vraiment changer.

Elle continua d'avancer guidée par une sensation presque instinctive, jusqu'à ce qu'elle entende des bruits de pas non loin. Elle s'arrêta net, tendant l'oreille — un rythme régulier des chaussures frappant le sol, un frottement de semelles sur le parquet. Intriguée, elle suivit ce son jusqu'à ce qu'elle se retrouve en face du gymnase, reconnaissable entre mille. Il n'avait pas changé d'un pouce, imposant mais austère, il était resté intact depuis toutes ces années.