chapitre 3

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3. 

Les embruns fouettent mon visage, j'en fais fit. J'aime entendre le bruit sourd que font les vagues en se brisant sur la coque du bateau, insufflant au bâtiment un bercement parfois tendre, parfois sauvage. 

La nuit est claire et je ne me lasse pas d'observer les étoiles. Le temps me semble s'être arrêté. Il y a bien quelques badauds qui déambulent, des couples se tenant par la taille, des groupes de jeunes éméchés qui se chamaillent, mais rien d'exceptionnel ou d'alarmant. Ils passent loin de moi. C'est l'avantage d'être à la proue.

« Tu devrais rentrer te mettre à l'abris et te reposer. » me propose Kyo. 

« Je ne peux pas. Si je quitte l'horizon des yeux, j'ai la nausée et vu que ma générosité envers toi et Xiales est sans limite, j'imagine que vous préférez me savoir en bonne condition. » 

« Tu as raison ! » Sourit-il. « Tu as l'air d'aller un peu mieux ? Je veux dire...tu ne parle beaucoup c'est dernier temps...et je comprends...mais tu as l'air de reprendre le dessus, c'est bien ! » 

« C'est vrai » je m'adosse au bastingage pour lui faire face. Il me couvre d'un regard tendre que je lui renvoie affectueusement. « La vie continue » précisé-j'en caressant mon ventre. 

Son sourire s'efface aussitôt. Je sais pertinemment pour qu'elle raison, et je suis impuissante à lui faire accepter la situation tout comme lui à du mal me faire partager son point de vue. 

« Je t'attend à l'intérieur » lance-t-il en s'éloignant. 

« Kyo...je t'en prie ! » ma main se referme sur son poignet. 

« Petite fleur, tu sais ce que j'éprouve pour toi. Et je te le dirai autant de fois que tu voudras l'entendre. Je suis quelqu'un de patient. Je sais aussi que ce n'est pas le bon moment. Mais, depuis que Kone nous à séparés, depuis qu'il t'a... rien n'est plus...enfin...nous n'avons jamais été aussi proche et paradoxalement aussi loin l'un de l'autre. Déryha me nourrit physiquement, dans tous le sens du terme, mais j'ai besoin de plus...J'ai besoin de toi, de tes caresses, de ta voix, de tes baisers...de ton cœur et de ton corps, tout ton être me fait défaut...et tu me refuses cette proximité... » 

J'entrouvre ma bouche pour formuler une réponse. Il pose un doigt sur mes lèvres pour m'interdire d'intervenir. 

« Tu ne t'en rend pas compte, et je ne t'en veux pas. Je te comprends. Je me le reproche à moi. Je m'en veux d'ainsi te mettre la pression et je voudrais que tout ce que tu as vécu jusqu'à maintenant ne soit qu'un mauvais rêve. Malheureusement, je ne peux rien changé à ce qui est arrivé. Je peux seulement faire de mon mieux pour que ton avenir soit plus léger. Seulement, parfois je ne me sens pas assez fort... Et cet enfant que tu portes... ne fait que me rappeler sans cesse mes erreurs et mon impuissance. »

Il laisse sa tête s'enfoncer dans ses épaules, me cachant son expression, même s'il n'en à pas besoin. Son désespoir me parvient aussi lipide que de l'eau de source, à travers notre lien que je croyais à jamais éteint. J'enserre son visage dans mes paumes et attire son regard dans le mien. 

L'homme est fier et se voir aussi vulnérable ne fait que l'inviter à reculer un peu plus dans sa grotte.

Aucuns mots ne pourraient atténuer son malaise. Alors, je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un tendre baiser sur ses lèvres. Ce simple contact me fait frémir plus que de raison.  

C'est à cet instant que je me rends compte que notre dernier baiser était en fait notre premier baiser réciproque. Celui que Kone à écourter pour m'arracher au bras de Kyo, prétextant que notre lien était caduc du fait de la présence de son enfant en moi. Ce qui s'avéra par lui suite, totalement faux.  

Le Buisson d'or - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant