chapitre 2

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2. 

« Xiales... partage ta force... maintenant ! » 

La voix rauque de Kyo résonne au loin de ma perception.

Comme une simple spectatrice assise dans son confortable fauteuil de cinéma, je regarde le film qui se joue devant moi.

Une jeune fille couverte d'hématomes, de blessures saignantes et de vêtements déchirés est allongée à demi nue sur un sol de terre battue dans une cellule souterraine. Son regard parait absent, elle semble autre part. À vrai dire, je la comprends. Vu son état, elle a certainement dû se défendre avant de se retrouver dans cette position. S'échapper de son esprit figure bien le mieux dans sa situation. Un homme affichant pratiquement le double de sa taille et vêtu d'un long manteau de cuir noir, la surplombe ou plutôt la maintiens de son corps. Il s'affaire à détacher sa ceinture pour libérer de son pantalon, l'arme de son futur crime.  

Derrière lui, un second individu tors nu, couturé de plaies à vif reprend lentement connaissance. Malgré l'importante lésion encore suintante dont son crâne est valorisé et après l'attaque qu'il à certainement subie, ses mouvements auraient dû être tremblants voir saccadés. Il n'en est rien. Avec l'aisance d'un lion sur le point de fondre sur sa proie - sans le moindre bruit et tout en fluidité - celui qui apparaissait jusque-là comme un malfaiteur enchaîné s'empare prestement de la dague plantée dans la gorge du cadavre non loin de lui.

La suite s'avère totalement irréelle.

La petite lame d'argent qu'il tient à la main s'enflamme en même temps qu'elle s'allonge et s'étoffe. Le prisonnier connaît les conséquences portées par l'impact de l'arme s'il l'utilisait pour en décapiter son frère. Cela représenterait la fin pour celui qui a toujours fait parties de sa vie. Pourtant, il devait agir rapidement.  

La dague blanche devenue une lourde épée invite le pauvre bougre à présumer de ses forces. Au sein de son esprit, il implore l'aide d'un allier prisonnier d'une autre cellule, tout en approfondissant le détachement psychologique dans lequel la demoiselle s'est plongée. 

En effet, depuis que la jeune fille - sa tendre moitié à qui il est lié par le sang et dont il partage les pensées et les sensations- à transformer l'un des humains qui la nourrissaient en « fidèle », ils représente en quelque sorte un ménage à trois. Par le biais de ce lien qui les unit, les deux Guerriers conjuguent leurs forces pour défendre leur protégée. 

Dans un hurlement aussi bestial que sauvage, le prisonnier abat son impressionnante arme sur le dos de l'agresseur. 

Entre-temps, l'homme en noir a fait volte-face et lui offre un visage blême de rage. Le sauveteur de la demoiselle manque de perdre des mains leur emblème familial en croisant le regard acéré de son aîné, envahi d'une sanglante noirceur.  

Qu'importe ce qu'il décide de lui infliger avec l'épée de flamme. Il vient de constater que celui avec il à grandi, est malheureusement une fois de plus égaré dans les noirs méandres de sa personnalité.  

Par le passé, à force de conviction et de patience, il avait réussi à ramener son frère dans le monde des vivants. La route de la victoire s'avère véritablement longue et semée d'embûche. Aujourd'hui, il doutait de conserver assez de courage.

« - Tu pensais me prendre par surprise ? Eh bien, c'est moi qui vais te surprendre. Pendant que tu pourrissais gentiment dans le fond de ta cellule, Yoni est moi, nous nous sommes également liés par le sang. Tu vois mon frère, maintenant quelque soit vos intensions, j'en serai moi aussi informé. Alors, vas-y, prends-la sous ton aile et échappe-toi. Je vous retrouv... » 

L'homme en noir ne termine pas sa phrase. Le prisonnier - les yeux encore pétrifiés par ce qu'ils voyaient - tranche avec une troublante facilité son tronc par la diagonale.  

Le Buisson d'or - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant