Katherine (tome 2)

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Katherine

J'agrippe Ileana par le bras et lui souffle, paniquée:

— À quoi tu joues?

La blonde ouvre la bouche pour parler lorsqu'une voix inconnue me fait sursauter:

— Bonjour...

Je tourne la tête et reste sans voix. Devant moi, se tient le portrait craché d'Ileana, une main posée sur sa hanche et la bouche fendue en un sourire rayonnant. Je comprends vite que la femme qui me fait face est la mère d'Ileana. Et elle est vraiment très belle. Grande, élancée, avec des cheveux un peu plus foncés que ceux de sa fille et un regard moins perçant.

Elle est vêtue d'un jeans et d'un pull en laine lui donnant un air plutôt jeune et ce n'est que lorsqu'elle se racle la gorge que je me rends compte que je n'ai toujours pas prononcé de mot.

— D-désolée, je bredouille. Bonjour, je lance ensuite en me mordant la lèvre.

— Ileana, ma chérie, tu ne nous présentes pas?

— Maman, je te présente Katherine. Kat, voici ma mère.

L'adulte écarquille soudainement les yeux et se rapproche de moi, l'air intrigué.

— Ravie de faire votre connaissance Madame Williams, je dis alors en tendant une main vers elle.

— La fameuse Katherine... c'est moi qui suis ravie, tu es telle qu'Ileana t'avait décrite...

Je fronce les sourcils, surprise qu'elle sache qui je suis et je jette un coup d'œil sur Ileana dont les joues ont pris une teinte rouge.

—Désirez vous un café les filles? Ou du thé peut-être? J'ai aussi des gâteaux... Excuse-moi, rajoute la femme en me souriant, c'est la première fois qu'Ileana me présente une de ses amies. Et pas des moindres... Je t'avoue que je ne sais pas trop comment m'y prendre.

— Du thé, c'est parfait. Je vous remercie Madame Williams.

— Tu peux m'appeler Heather! Et ne songe même pas à me vouvoyer! Bon, installez vous dans le salon le temps que je prépare le goûter. Je n'en n'aurais pas pour longtemps.

Ileana et moi acquiesçons et sans un mot, nous traversons le hall d'entrée et nous nous retrouvons dans le salon. Il n'est pas très grand mais sa jolie décoration le rend très accueillant.

J'ai du mal à assimiler ce qui est en train de se passer. Que je suis là, dans la maison d'Ileana. Et que sa maman qu'elle a rarement évoquée se trouve dans la pièce à côté. Sa mère, qui semble savoir qui je suis...

J'admire les étagères remplies de livres et des cadres photos attirent mon attention. Je me rapproche alors et m'abaisse pour être à la hauteur de la photo qui m'intéresse. Il s'agit d'Ileana enfant, et sur le cliché, elle doit avoir peut-être six ou sept ans. La fillette se tient face à un gâteau au chocolat et on peut voir à ses manches tâchées qu'elle a participé à la confection de ce gâteau. Je passe mes doigts sur les cheveux déjà longs de la petite fille sur la photo. Ileana a un sourire éclatant, révélant des dents du bonheur qui lui donnent un air innocent. Mais ce n'est pas tant son sourire qui m'émeut. Non, ce qui me captive, c'est son regard. Ses yeux qui eux, brillent de milles feux, dévoilant la fierté qu'éprouve la petite Ileana face à son œuvre.

Soudain, je sens une main sur la mienne. Une main qui me tire de ma contemplation et me fait frissonner. Je relève doucement les yeux vers Ileana qui, de sa main, couvre la photo en secouant doucement la tête.

C'est comme si elle n'a pas envie que je la vois ainsi, sans filtre, sans masque. Comme si elle n'a pas envie de se voir ainsi...

Je n'objecte pas et repose le cadre sur les étagères avant de lui souffler: