Katherine (tome 2)

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Alyssa

Alyssa assiste à la scène sans pour autant la comprendre. Pourquoi sa meilleure amie et Katherine sont-elles en larmes ? Il est évident qu'elles se connaissent mais comment est-ce possible ? Et pourquoi Alyssa vient-elle tout juste de l'apprendre ?

La jeune étudiante lance un regard interrogateur à sa petite amie, Ileana, qui semble encore plus étonnée qu'elle. Et il en faut beaucoup pour étonner la blonde...

— Que se passe-t-il ? souffle alors Alyssa à l'attention d'Ileana qui est à quelques mètres d'elle.

La blonde hausse les épaules sans lâcher Laura et Katherine des yeux. Cette dernière a la tête baissée et pleure doucement pendant que Laura lui caresse les cheveux d'une main tremblante. Cette scène est chargée d'émotions et même si Alyssa ne la saisit pas, elle est prise d'empathie pour ces deux filles qui semblent se retrouver et qui peinent à le réaliser.

Alyssa sent Ileana s'approcher d'elle et ça la rassure instantanément. Son parfum lui chatouille les narines et la brune ne peut s'empêcher de prendre la main de la fille qu'elle aime, ressentant le besoin de la toucher. Ileana semble un peu tendue à ce contact, et parait perturbée par l'atmosphère lourde et étrange de la pièce.

— Comment se connaissent-elles ? chuchote Ileana, en se penchant vers la brune.

Cette dernière tente d'ignorer l'effet du souffle d'Ileana sur sa peau et répond d'une voix basse :

— Je l'ignore.

Alyssa réalise que c'est la première fois que Laura rencontre Ileana. Elle a tant parlé de Laura à sa petite amie et de sa petite amie à Laura que celles-ci se connaissent sans se connaître. Elle avait hâte de pouvoir présenter Laura à sa petite copine mais aurait préféré que ça se fasse dans d'autres circonstances... Mais l'étudiante espère tout de même que lorsque cette histoire entre les deux filles sera plus claire, elle pourra faire des présentations en bonne et due forme.

Laura et Ileana sont les deux femmes de sa vie après tout.

Katherine

Que Laura soit là, en face de moi, me semble beaucoup trop surréaliste. Et en la revoyant, la joie a rapidement été voilée par la tristesse, la peine, la honte... Je n'arrive pas à lever les yeux vers elle. Rien que sa présence, son odeur familière et sa voix me sont insupportables et je sais que si mon regard croise le sien, il n'y aura pas de retour en arrière. Je serai obligée d'y faire face. Je serai obligée de rouvrir cette porte que je pensais fermée à jamais. Je serai obligée de me souvenir et je ne peux pas. Je ne suis pas assez forte. Je ne l'étais pas autrefois et je ne le suis pas aujourd'hui.

Laura pose son index sur mon nez et ce geste me fait flancher. Sa voix douce, elle, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase déjà rempli à ras bord.

— Ma petite Kat...

Non, non, non ! Ne m'appelle pas comme ça. Par pitié !

J'ai envie de lui crier d'arrêter de prononcer mon prénom. J'ai envie de lui crier de s'éloigner de moi. J'ai envie qu'elle parte et qu'elle ne revienne jamais.

J'ouvre la bouche pour parler mais suis stoppée net par les souvenirs qui me reviennent un à un, démolissant les barrières invisibles qui me protégeaient jusqu'à présent. Des images, des bribes de phrases, des rires, des larmes, des cris... La souffrance qu'ils engendrent est incomparable à tout ce que j'ai pu ressentir auparavant. Elle me transperce et se propage dans tout mon corps, tel un venin mortel, aspirant ma vie pour ne laisser qu'un cadavre.

Je serre les poings, je sens mes ongles s'enfoncer dans mes paumes, je serre encore plus fort. J'ai besoin que ça me fasse mal. Que la souffrance physique soit assez importante pour prendre le dessus. Pour détourner mon esprit de tous ces souvenirs. Pour pouvoir les enfouir de nouveau. Pour toujours. Je suis silencieuse mais les voix dans ma tête, elles, sont plus bruyantes que jamais.