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I am such an horrible person. You don't know how I hate me.

Violette n'est pas revenue... Je l'ai attendu toute la nuit. J'ai lutté de toute mes forces pour ne pas m'endormir. J'ai veillé un bon moment dans sa chambre puis j'ai fini par aller dans la mienne, complètement crevée. J'étais sur mon lit, la lumière allumée, l'attendant, impatiente de pouvoir enfin me laisser sombrer dans le monde des rêves. Malheureusement je n'ai pas pu.

Elle n'est pas encore là. Elle n'est toujours pas là... Que se passe-t-il ? J'ai peur. Affreusement. Et s'il lui est arrivé quelque chose ? Je m'en voudrai toute ma vie. C'est impossible. Il faut qu'elle revienne.

Elle m'avait promis qu'elle rentrerait tôt... Et Violette tient ses promesses habituellement... Comme moi, malheureusement. J'aurai dû en parler aux parents. Ils vont savoir. Ils vont s'inquiéter. Ils vont m'en vouloir.

Je finis par fermer les yeux doucement, sans m'en rendre compte, et je m'endors enfin.

Je suis finalement réveillée quelques heures après seulement, en entendant des cris dans toute la maison. Ma tête me fait affreusement mal. Je suis si fatiguée... Puis je repense à Violette...

Violette !!!

Je saute de mon lit et ouvre la porte, le cœur battant, espérant qu'elle soit revenu et que c'est pour cela qu'il y a des cris, et non pas pour autre chose.

Qu'est ce qu'il peut se passer ? Je n'arrive pas à distinguer ce qui se dit. Mais ce sont des phrases très courtes.

Je descends les escaliers sur la pointe des pieds et arrive finalement à voir ma mère sur le canapé qui pleure et mon père au téléphone criant très fort, paniqué.

Ma mère lève les yeux pour regarder mon père, mais me voit. Elle se lève d'une vitesse incroyable et vient me rejoindre.

— Tu sais où elle est ?!!

Elle me regarde avec de gros yeux. Aucun son ne sort de ma bouche. Je n'arrive pas.

— Alise ! Réponds ! Merde ! Tu sais où elle est ! Dis nous !

Je reste mutique, sans bouger. Elle attrape mes bras et me secoue dans tous les sens.

— Putain, Alise ! Réponds !!

Je ne peux toujours rien dire. Je ne sais plus parler. J'ai beau essayer, je n'y arrive pas.

Que m'arrive-t-il ? Qu'arrive-t-il à ma grande sœur ?

Pour qu'elle sache que je ne sais rien, je hoche la tête négativement. Ses ongles rentrés dans la peau de mes bras me font très mal. Mais je ne bronche pas. Ne dis rien. Je la regarde juste dans les yeux. C'est comme si je n'étais pas dans mon corps. Comme si j'étais autre part. Comme si ce n'était pas vraiment ma vie.

Je suis simplement spectatrice de ma propre vie en ce moment même.

Je frissonne. J'ai froid.

Mes oreilles bourdonnent. Les battements de mon cœur, les cris de mon paternel et le souffle de ma mère sont les seules choses que j'arrive à entendre.

Je me sens fragile, et chaque parcelle de mon cœur en souffre. Mon cerveau fonctionne à toute vitesse, essayant de comprendre ce qui est en train de se passer.

Je suis absente. Je suis là, sans vraiment l'être.

Mes mains se mettent à trembler ainsi que mon menton. Des larmes coulent abondamment le long de mes joues.

Je suis perdue. Je ne sais pas quoi faire.

Mes yeux se ferment. Le visage de ma mère disparaît petit à petit. Mon corps se fait sentir plus léger. Je suis soulagée.

Le noir m'enveloppe, atténuant la douleur se trouvant dans ma poitrine.




Je me réveille, perdue. Les yeux mouillés. Un mal être s'est inséré dans tout mon cœur. J'ai les yeux fermés malgré le bruit incessant que mon réveil produit. Je n'ai aucune envie de me réveiller. Je ne peux pas. C'est au dessus de mes forces. Je suis complètement scotchée au matelas de mon lit.

Je ne veux pas bouger, je ne peux pas. Je ne veux pas aller au lycée. Je ne veux plus rien faire... Mais dois y aller. Je le sais. Pourtant ça m'est impossible...

— Alise ! Alise ! Pourquoi tu n'es pas encore levée ?! questionne ma mère en ouvrant la porte qui laisse la lumière du couloir illuminer mes joues trempées de larmes. Qu'est ce qu'il y a, Alise ?

— Je ne me sens pas très bien, maman.

Je sais bien qu'elle s'inquiète. Depuis la mort de Violette, elle n'est plus pareille mais elle tient toujours à moi, à sa manière.

— Pourquoi ?

Elle s'approche de moi.

— Tu penses pouvoir aller au lycée ?

Je fais une grimace pour lui faire comprendre que, non je ne peux pas, sans même dire un mot.
Elle hoche de la tête et me dit de me reposer, puis part prévenir mon père qui est encore dans leur chambre. J'entends des chuchotements étouffés.

Je laisse un souffle de soulagement s'échapper de mes lèvres et me couche confortablement, les yeux encore remplis de larmes.

Ma mère tient à moi et s'inquiète pour moi à sa façon. Elle peut être affreuse certaine fois, mais à d'autres elle peut être une maman complètement normale. Ça me donne l'impression d'être de nouveau avant la mort de ma grande sœur. Avant que tout dérape. Avant que tout change. Avant que notre vie ne devienne un affreux cauchemar dont on voudrait se réveiller.

𝐃𝐨𝐧'𝐭 𝐆𝐢𝐯𝐞 𝐔𝐩  [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant