Homo Sum 2 : l'éveil de l'humanité (Episode 2 : Révélation)

49. L'hyperespace

— Le voyage dans l'hyperespace est loin d'être exempt de toute surprise. Nous y avons fait des rencontres étranges dont nous nous sommes souvenus, plus tard, durant nos rêves. Nous avons l'impression que des intelligences, bien supérieures à la nôtre, s'y sont adressées à nous dans le but de délivrer un message... un message de paix et d'amour. Amour envers les Indésirables, l'espèce humaine et même l'univers tout entier !

L'assemblée fut médusée par cette dernière information... L'Amiral resta bouche bée ne sachant que dire après ces derniers mots, qui la laissèrent perplexe. Elle se leva pour prendre la parole. Tous les regards étaient à présent fixés sur elle.

— Je voudrais que vous gardiez la tête froide en ces instants critiques de notre mission. Vous avez, tout comme moi, prêté serment aux Commandements de la Fédération. Et je n'ai pas l'intention de laisser quiconque les enfreindre... Il me faudra néanmoins bientôt prendre d'importantes décisions. C'est précisément la raison pour laquelle je me suis jointe à vous. J'ai décidé d'effectuer ce prochain saut afin de rencontrer les Indésirables que nous poursuivons. Mais, comme je viens de vous le dire, ma fidélité envers les règles de notre société reste intacte. Et je m'attends à ce qu'il en soit de même pour chacun et chacune d'entre vous. Nous allons effectuer notre mission, comme prévu. Ne parlez de ce que vous venez d'entendre à personne. Votre CO va à présent vous informer de la suite de notre programme d'entraînement...

— Merci A..., répondit le CO. Nous allons diviser notre groupe en deux équipes. La première sera composée de nos Forces Spéciales et sera encadrée par le professeur et notre Chef navigateur. Ils leur donneront de plus amples informations quant au relief et à la végétation qui entoure le campement des Indésirables... lorsque nous l'aurons enfin repéré. Ces informations seront également essentielles à l'entraînement de la seconde équipe, que j'encadrerai moi-même, aidé par notre Second. Elle sera composée des pilotes des chasseurs et de nos navettes... La première équipe se réunira dans notre espace virtuel lorsque les conditions dans lesquelles ils auront à évoluer seront connues. Ils pourront y analyser leur tactique d'approche et de surveillance des installations des évadés. La seconde va, dès à présent, s'entraîner au pilotage en formation... en situation réelle cette fois-ci !

Clair Éther à tous.

— Clair Éther ! répondit l'assemblée enthousiaste.

La salle se vida rapidement. L'équipe des pilotes se rendit, comme prévu, vers le grand hangar de maintenance où les attendait le nouveau Chef technicien qui allait leur expliquer les caractéristiques des anneaux qui avaient été ajoutés à leurs engins.

Mais l'Amiral, en ayant décidé autrement, l'interrompit avant même qu'il ait fini de prononcer son mot d'accueil :

— Ne le prenez pas mal Chef, mais nous sommes restés bien trop longtemps inactifs... Avant que vous ne nous expliquiez comment fonctionnent ces trucs-là, nous allons tester les techniques d'escorte de nos deux navettes par les chasseurs... Armez immédiatement les six tubes de lancement. Nous avons grand besoin d'aller prendre l'Éther !

Une ovation de joie suivit ces paroles. Les pilotes s'élancèrent vers leur vestiaire afin d'enfiler leurs combinaisons de vol. L'Amiral les suivit, après s'être assurée que son subordonné n'ait pas été trop offusqué par sa remarque. Elle le félicita pour sa toute nouvelle nomination, en lui demandant néanmoins s'il n'avait pas oublié de faire verrouiller l'écoutille d'accès à la deuxième coupole...

Dès que les pilotes furent installés dans leurs quatre chasseurs et les deux navettes, le CO ordonna le démarrage des réacteurs.

— Bleus, démarrage et roulage vers vos catapultes respectives.

— Bleu 2, 3, 4, 5, 6, répondirent-ils en séquence.

Les six appareils se dirigèrent vers l'entrée de leur tube d'éjection...

— Bleus, confirmez prêts catapultage, regroupement secteur arrière, formation en « V ».

— Bleu 2, 3, 4, 5, 6, répondirent-ils pour lui faire savoir qu'ils étaient prêts.

— Bleus Go ! s'exclama alors le CO, avec fierté.

Les six lanceurs se mirent en marche simultanément, éjectant les pilotes et leur machine vers l'arrière de la frégate. La vision des huit réacteurs de l'énorme vaisseau, crachant une lumière blanchâtre, leur fit rapidement oublier les détails des briefings qu'ils venaient de recevoir. Une seule chose importait pour eux à présent : ils étaient à nouveau dans l'espace, à bord de leurs engins !

Ils exécutèrent un regroupement parfait, en formation « V ». Celle-ci consistait à se positionner, comme le faisaient les oiseaux migrateurs, aux côtés de leur chef de file. Les deux navettes se trouvaient à l'extérieur de la formation. Elles étaient moins manœuvrables que les chasseurs. Le pilotage du Chef de patrouille se devait d'être doux et prévisible, afin qu'elles puissent se maintenir en position.

Bien que cette formation soit très dangereuse, elle était essentielle au pilotage rapproché dans les conditions de faible visibilité qu'ils risquaient de rencontrer à l'intérieur des épais nuages de la lune qu'ils allaient bientôt explorer.

Bleu 1 entama une série de virages, de plus en plus serrés, afin de tester les capacités de ses ailiers. Ceux-ci commençaient à éprouver quelques difficultés à le suivre. Le comportement erratique de leurs engins lui fit comprendre qu'il était temps de passer à une formation plus manœuvrable. Il leur ordonna alors :

— Bleus, séparez-vous en trois paires, espacées de 200 mètres en contact radar.

— Bleu 2, 3, 4, 5, 6, répondirent les ailiers, heureux d'enfin pouvoir quelques peu se relaxer.

— C'est cette formation que nous adopterons en pénétrant les nuages de notre lune. La formation en V n'est pas assez manœuvrable pour nous faufiler entre des pics escarpés, déclara Bleu 1 en entamant une nouvelle série de virages.

— Bleu 1, ici Bleu 5, réduisez votre vitesse, lui signala l'Amiral. Pas moyen de rester en formation rapprochée à cause de l'effet yoyo !

L'ampleur de ses virages forçait les deux navettes à utiliser leur pleine puissance pour rester en position, 200 mètres derrière la deuxième paire de chasseurs.

— OK, répondit Bleu 1. Je réduis ma vitesse à 250 kilomètres-heure, cela devrait être suffisant pour notre approche et le largage des parachutistes. N'oubliez pas que nous sommes dans le vide spatial. Les conditions de vol dans l'atmosphère de la petite lune risquent d'être beaucoup plus turbulentes ! Et si nous perdons visuel, il vous sera impératif de garder contact radar sur la paire de chasseurs qui vous précèdera... Je vais effectuer quelques virages supplémentaires pour que vous puissiez continuer à vous entraîner.