Chapitre 6. Jack

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Une douleur terrible me réveille. Je tente d'attraper ma tête pour l'apaiser mais un bruit métallique m'en empêche. Je reprends mes esprits surpris. Mes poignets sont retenus par d'épaisses chaînes. Une lumière tamisée éclaire faiblement la pièce. Je suis contre un mur et devant moi, se trouve une table d'autopsie couverte de larges tâches rouges. Des instruments plus étranges les uns que les autres sont posés sur un petit meuble à côté. Il n'y a rien d'autre. Je ne vois pas de porte, pas d'ouvertures.

Mon esprit est embrumé comme si on m'avait drogué. Je ne me souviens pas d'être arrivé dans cette étrange endroit. Les murs sont d'un gris sale et le lieu empeste la charogne. C'est très calme, trop calme ? J'essaye  d'accéder à mes souvenirs. Ma tête me fait encore plus mal, me donnant l'impression d'une porte fermée entre ma conscience et mon esprit.

Mon corps se met à surchauffer. Des sueurs froides coulent de mon front et mon dos. Mes yeux me piquent.
Bon sang qu'est ce qui m'arrive ?
Je tousse. Un liquide rouge orangé vient s'écraser devant moi.
Qu'est ce que c'est que ce truc ?
Je ferme les yeux, je dois faire un mauvais rêve, il suffit que je me réveille.
La chaleur est insupportable. Tout mon corps bou intérieurement.
Est ce que j'ai de la fièvre ?
Je voudrais bouger. Aller m'allonger sur cette table en acier. Goûter à la douce sensation du froid qui envahit mon corps.
Je tire sur mes entraves, le mur est chaud et collant, il m'aspire en lui. Même les menottes semblent me brûler. Je vais devenir fou. J'ai besoin d'eau, de beaucoup d'eau. Mes yeux me brûlent.
Je sombre dans la folie.

Me revoilà dans le noir complet. Avachi au sol je me relève tant bien que mal. Encore cette sensation de chaleur étouffante. J'entends un cri dans le lointain. J'avance dans cet univers de vide. Des sons me parviennent de tous les côtés. Des bribes de conversations qui ne font sens.

- Ils ne reviendront plus ?

- Aller prête le moi !

- Ces sales mioches, si je pouvais !

- Au secours !

- Il a disparu, il est introuvable !

Tout se mélange dans ma tête. Le brouha est insupportable. Je me roule en boule et cri afin de ne plus les entendre. Je cri encore et encore. Quand je m'arrête enfin, le silence est devenu maître des lieux. Mon corps entier tremble. Je savoure ce calme, quand un murmure résonne à mes côtés.

- Aide moi...

Je me redresse mais ne vois rien.
Mes yeux scrutent l'obscurité à la recherche de cette personne. Je jurais connaître cette voix...

- Aide moi, je t'en supplie...

La voix n'est qu'un faible murmure qui résonne en écho autour de moi. Suppliante, angoissante, elle semble brisée.

- Pourquoi tu ne m'aides pas !

Le cri me fait tressaillir de surprise et de peur. Il tonne dans l'air plus fort qu'un coup de feu.
Une main blafarde apparaît devant moi essayant de m'agripper le visage. Je recule et pars en courant en sens inverse !

- Reviens, ne me laisse pas seule !

Mes mains font pression sur mes oreilles, je ne veux plus entendre. Pourquoi est ce que j'entends cette voix ? Qui est cette personne ?
Je m'arrête essouffler. Devant moi ce dresse un nuage noir.

La pièce me réapparaît. Éblouissante. Une lumière est braquée sur moi. La chaleur est un peu redescendue de mon corps. Un tintement sur ma gauche me fait tourner la tête.
Un petit être trapu me tourne le dos.
J'ai l'impression de le connaître.

- Hé, excuse moi !

La créature se tourne vers moi.
Un flash. La vieille cabane, ma fuite dans les bois. Tout me reviens, me saute dessus, m'assome. Ce monstre portant sur son visage la noirceur de son âme, s'approche d'une démarche chaloupée. Des gants recouvrent ses mains dans lesquelles il tient une fiole jaunâtre. Une fois à ma hauteur, il me force à ouvrir la bouche. Je me débats mais encore dans la brume, ça n'a pas vraiment d'effet. J'ingurgite son produit douteux au goût infect. Satisfait, il repart et m'abandonne là, sans un regard.

Je suis incapable de bouger. La fraîcheur de la table détend mes muscles engourdis et me procure une sensation de béatitude. Je me redresse difficilement pour me forcer à vomir, m'enfonçant deux doigts dans la gorge. Le liquide jaune vif ressort avec succès. J'essuie les filets de produit qui descendent encore de ma bouche. Je suis seul ? Seul et libre ? Aucun lien ne me retient.

Un cri étouffé me parvient. Je descends de la table, mes jambes flageolent. Déterminé, je pousse la porte. Un long couloir faiblement éclairer me fait face. À droite comme à gauche il semble s'étendre à l'infini. Une nouvelle plainte se fait entendre, cette fois je distingue d'où elle vient. Je pars à l'opposé avant de faire demi tour. Et s'il s'agissait d'un de mes amis ? Je ne peux pas les abandonner. Je progresse donc vers la provenance de ces cris. L'atmosphère est pesante. Appart les gémissements qui me parviennent, il n'y a pas un bruit, pas un rat. Une fois devant la porte, j'hésite.
Je rentre ou pas ?

- Lâche moi !

Cette voix ! Je la reconnais !
Sans attendre plus longtemps je pousse la porte.

Je découvre avec horreur la scène se déroulant dans cette pièce.

Quand Parle Le CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant