Chapitre 13. Jack

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Devant nous se dresse une immense salle. Très haute de plafond, elle ne comporte aucun meuble, sauf un siège dans le fond, légèrement surélevé sur une estrade de pierre.

- Où est elle ?

- Elle ne doit pas être loin.

Me souffle Joey.

L'air est glaçial. Un japement se fait entendre. Nous nous tournons dans sa direction et découvrons un adorable petit chiot noir.
Celui ci à la tête penchée sur le côté et nous dévisage. Je ne peux m'empêcher de m'exclamer tout en avançant vers lui :

- Hooo ! Il est trop mignon !

À ces mots, le chien montre soudainement les dents et se met en position d'attaque.

- Tout doux, je t'ai fait peur ? Il faut pas, je vais pas te faire de mal.

- Jack recule de ce chien, tu vois bien qu'il est dangereux.

- Mais non je lui ai juste fait peur, regarde.

En disant ces mots, je m'approche d'avantage du chien et tends ma main pour qu'il la renifle. Sa petite truffe me chatouille quand soudain il plante ses crocs dans ma main !

- Haaaaaa !

Joey se précipite sur moi et force le chien à ouvrir la gueule avant de le jeter plus loin.
Celui ci couine un coup puis se redresse et se met à grandir.
Il grandit encore et encore jusqu'à faire près de 3 mètres de haut.
Il ne ressemble plus du tout à un petit chiot mais bien à un immense loup noir prêt à nous dévorer.
Ses babines retroussées laissent apparaître d'immenses crocs blancs.

Joey m'attrape le bras et me conduit en courant à la porte. Le loup hurle derrière nous et le sol se met à trembler.

Une ombre gigantesque passe au dessus de nous et vient se poster devant la porte, empêchant toute tentative de fuite.

- Hé bien, hé bien. Qu'avons nous là ?

Le visage de Joey devient pâle. Il tente de reprendre contenance du mieux qu'il peut puis se retourne vers la voix. Posant un genoux à terre il s'adresse à la personne :

- Ma reine...

Je reste figé sans rien dire. La personne, si s'en est bien une, qui se tient devant nous et plus noire que le noir et des pattes griffus géantes se dressent derrière elle. On distingue seulement ses yeux et sa bouche par des traces oranges brillantes en leurs coins.

- C'était donc toi la source de tout ce grabuge. Et qu'avons nous derrière...
Jack, si je ne m'abuse ?

Mon corps frissonne au son de mon nom.

- Que me vaut votre visite ?

Je lui demande t'en bien que mal :

- Pourquoi avez vous retenu Meg ici ?

- C'est donc ça... Quel ennui. Cela ne te regarde en aucun point.

- Quoi ? Mais si ! Vous avez vu dans quel état elle est ?

- Où est elle ?

- ...

- Peut importe. Si vous êtes là c'est pour une raison bien plus grave que ça. Vous vouliez me tuer, n'est ce pas ?

- Non ! Jamais je ne ferai ça !

S'écrie Joey.

Je le regarde surpris. Qu'est ce qu'il lui prend ? C'est exactement pour ça qu'on est là.

- Ha oui, alors pourquoi es tu là toi ?

- Je suis venu vous livrer ces survivants.

Mon coeur loupe un battement. Nous livrer ? Joey est impassible comme s'il accomplissait simplement une mission des plus banales.

- J'ai découvert qu'ils complotaient contre vous. Je ne pouvais pas les laisser tenter quoi que soit.

- Joey ? Qu'est ce que tu racontes ?

Joey tourne la tête vers moi et prononce ces mots :

- Ne me dit pas que tu croyais vraiment qu'on était ami. Je suis un tueur, je ne fais pas ami-ami avec des survivants.

J'agrippe le bras de Joey et lui demande apeuré :

- Tu n'es pas sérieux, n'est ce pas ?

- Lâche moi !

Joey me crie dessus et me repousse violement.

C'est comme si une flèche venait de transpercer mon coeur. Alors tout ça c'était faux. Il n'y a pas une lueur de regret ou de tristesse dans ses yeux, ils sont durs et froids. Je m'écroule au sol, suffoquant.

- Haha Ha, Joey je ne te pensais pas aussi cruel.
Mais alors que va t'on faire de lui ? Le tuer ?

Les griffes de l'entité me soulève le menton de sorte que je me retrouve obligé de la regarder.

- Tu préfères une mort lente ou rapide ?

Instinctivement mes yeux recherchent le soutien de Joey mais celui ci me regarde froidement, comme un inconnu.

- rapide.

Ma tête retombe mollement. Je ferme les yeux et inspire une dernière fois. Les larmes coulent sans que je ne puisse les retenir. A quoi bon ?
Dans un monde où l'espoir n'existe pas, je me suis demandé comment l'amour pourrait exister.
La réponse est clair à présent.
Il n'existe pas, car l'amour porte l'espoir.

Un rire sinistre s'élève. Du coin de l'oeil je vois une faux apparaître dans la main de la reine. Elle s'élève dans les airs..

- Attendez !

Son ascension stoppée, l'arme revient se poser doucement sur le sol.

- Qu'y a t'il Joey ?

- Il peut encore nous être utile. Je vous ai dit qu'ils étaient plusieurs dans son cas.

Une nuée de corbeau passe au même moment la fenêtre, dans un vacarme de croassement et d'ailes qui claquent au vent. L'un d'eux vient se poser sur l'épaule de la reine. Il lui croasse à l'oreille, tout en nous regardant du coin de son oeil.
Un sourire carnassié prend place sur le visage de l'entité :

- Joey, il semblerait que ton amie nous cause encore des soucis.

- Mon amie ?

- Susie.

La bouche de Joey forme un o de surprise avant qu'il ne réplique :

- Elle ne va pas très bien en ce moment.

- Je crois au contraire qu'elle ne se porte on ne peut mieux. Je vais être obligée de la faire revenir ici.

Son sourire s'élargit d'avantage, jusqu'à arriver sous ses yeux, dévoilant de grandes dents noires.

- J'ai assez perdue de temps ! Joey !

D'un simple geste de la main, la reine ordonne aux corbeaux de se rassembler pour m'entourer et m'empêcher de partir.

Sous les plumes noires virevoltantes dans les airs, la reine sort de la salle d'un pas souple, vêtu d'un immense manteau tout aussi noir.
Joey l'a suit, me laissant seul.

Mon regard reste figé sur cette porte.
Le grand loup s'est remis devant.
Joey ne s'est pas retourné une seule fois.
Il n'a même pas regardé dans ma direction.
Je n'arrive pas à savoir si ce qu'il m'a dit est vrai ou non. C'est peut être une stratégie ? Ou alors je me berce d'illusion.
Tout ce que je sais c'est que j'ai terriblement mal. On peut vraiment avoir mal au coeur, maintenant je le sais. C'est comme si il l'avait pris dans ses mains et serré si fort qu'il l'aurait étouffé, non, brisé.
Je prie pour que tu reviennes, que tu es juste dupé l'entité mais au fond je ne sais pas ce que je dois croire.
Joey. J'ai mal, terriblement mal.

Quand Parle Le CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant