Chapitre 12. Jack

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- Papa ?

Le vieil homme regarde Félix sans rien dire. Ses sourcils se froncent alors que son visage se crispe :

- Félix dis moi que ce n'est pas toi.

Félix reste interdit :

- Tu n'es pas heureux de me voir ?

Son père lui répond sèchement :

- Non. Non je ne suis pas content que tu sois là. Tu devrais être loin d'ici en train de vivre une vie normal, avoir une famille, un travail.
Et puis... Regarde toi.
Tu n'es pas mon fils.

Félix se relève. Ses mains tremblent tandis qu'il reste à fixer son père.
Il tourne finalement les talons.

Nous n'osons pas bouger. Je cherche le regard de Joey. Lui aussi ne comprend pas cette réaction. Félix avait besoin de soutien et son père lui a enfoncé un couteau dans le coeur.
Je fais signe à Joey de rester là et je pars rejoindre Félix.

Je le retrouve assis contre une table. Je sais qu'aucun mot ne pourra l'aider alors je m'assoie à ses côtés et attends qu'il se calme.

- Pourquoi ?

Me demande Félix entre deux sanglots.

Je ne dit rien, il n'attend pas de réponse.

Pendant ce temps Joey et Meg désemparés par la situation attendent sans rien dire.

- Bon... Je vais te donner des vitamines, ça ira vite mieux.

Janos prend sur une étagère un petit flacon orange et verse quelques pastilles dans le creu de sa main.
Il les met dans la main de Meg et lui dit :

- Prend en deux maintenant et une dès que tu te sentiras fatiguée.

- Merci.

- Je vais vous demander de partir maintenant.

En disant cela il désigne la porte laissée ouverte sur le laboratoire.

- Pourquoi vous rejetez Félix comme ça ?

Demande Meg.

Janos n'a pas le temps de répondre qu'un grognement se fait entendre dans le laboratoire.
Du verre se casse et on entend des pas précipités.

- Félix !?

Entendent t'ils Jack crier.

Joey se précipite dans la pièce et découvre Félix dresser au dessus de Jack au milieu d'un tas de verre brisé.
Du liquide jaune dégouline de sa bouche et vient s'écraser au sol, il tremble de tout son corps comme s'il essayer de lutter contre une force invisible.
Félix tient dans sa main un morceau de verre et menace Jack avec.

Joey se précipite et attrape son bras en le forçant à se pousser de Jack.
Félix grogne et tente de se libérer, en poussant des cris de rage.

- Lâche moi !

La voix de Félix et très grave presque animal.

- Calme toi !

Lui crie Joey, puis demandant à Jack :

- Qu'est ce qui c'est passé !

- emmenez le sur la table derrière vous.

Janos s'interpose et enlève le morceau de verre des mains de Félix en appuyant sur son poignet, le forçant ainsi à ouvrir ses doigts.

Aidé de Jack, Joey plaque Félix dos contre la table et le maintient de son mieux.
Janos arrive et referme des poignets métalliques sur ses chevilles et ses poignets. Jack et Joey relâchent alors Félix qui se débat de plus belle. Il pousse d'affreux cris qui n'ont plus rien d'humain.

Janos demande au groupe de se reculer.

- Qu'est ce que vous allez lui faire ?

- Je vais essayer de le sauver.
Le traitement va être long et douloureux mais il peut encore s'en sortir.

- Vous savez ce qu'il a ?

- Oui. Si je ne me dépêche pas il va disparaître et son corps sera à la merci de la volonté de l'entité.
Je sais quel lotion a pu produire cet effet, je dois trouver comment inverser le processus.
Maintenant partez ! Vous allez me gêner.

- Est ce que Meg peut rester avec vous ?

- Pourquoi je resterai ?

S'indigne l'intéressée.

- Parce que tu as encore du mal à marcher. Tu es obliger de te tenir aux murs pour avancer.

- Je peux me débrouiller !

- Tu vas nous ralentir et te mettre en danger ! Et nous aussi par la même occasion !

Meg grommelle avant de se tourner boudeuse vers Janos :

- Je peux rester ici ?

- Oui, si tu veux...

Lui répond il distraitement tout en farfouillant dans ses placards.

Les deux amants quittent alors la pièce.
Une fois seuls dans le couloir Joey questionne Jack :

- Pourquoi tu voulais que Meg reste ? Il va falloir revenir la chercher de toute manière.

- Non on n'aura pas besoin de revenir.

- Comment ça ?

- On ne va pas partir.
Joey. Il faut qu'on trouve l'entité et qu'on mette fin à tout ça.
Pour Meg, pour Félix et pour Susie.

- Mais tu es fou ! On ne peut pas vaincre l'entité, c'est la créatrice de ce monde, elle est surpuissante !

- On a pas le choix. Si on ne le fait pas, personne ne le fera. C'est notre seule chance de pouvoir partir d'ici et peut être par la suite, pouvoir vivre ensemble ?

Je le questionne du regard.

- Bien sûr que je veux vivre avec toi.

Joey prend ma main dans la sienne.

J'ai envie qu'on est une maison avec un jardin, dans un endroit reculé du monde, où il n'y aurait que toi et moi.
J'ai envie de me réveiller le matin et te savoir près de moi.
Je n'ai pas fait tout ce chemin pour te perdre maintenant.

- J'ai envie d'en apprendre plus sur toi. Loin d'ici. Savoir qui tu es dans le vrai monde. Découvrir ce que tu aimes ou n'aimes pas.

- Alors c'est quoi le plan ?

- Trouver l'entité, et la tuer.

Ses doigts se resserrent sur les miens.

- Tu veux vraiment essayer ? On va sans doute y laisser notre peau.

- Je ne veux plus vivre comme ça. Les autres aussi n'en peuvent plus. Certains ont une famille qu'ils ne demandent qu'a retrouver et les autres aimeraient ne plus avoir la boule au ventre chaque jour qui passe.
Les tueurs aussi doivent en avoir marre, non ?

- Ça dépend. Il y en a qui aimeraient retrouver une vie normale mais surtout beaucoup qui aimeraient que leurs victimes ne ressuscitent pas à chaque fois.

- Joey, tu me suivras quoi que je fasse ?

- Oui, au moins pour t'empêcher de faire une connerie.

Je laisse échapper un petit rire puis reprends plus sérieux :

- Alors emmène moi voir l'entité.

Joey me tire à sa suite dans le dédale des couloirs. Il semble savoir exactement où il va. Nous arrivons au pied d'une grande porte sculptée en bois sombre.

- Tu es sûr de toi ?

J'opine de la tête.

Il pousse la grande porte d'en un grincement épouvantable. Mon coeur s'accélère et je déglutis.
Les dés sont lancés.

Quand Parle Le CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant