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"On ne sera jamais autre chose que des amis, Louis."

Les mots de Harry résonnaient encore dans l'esprit du jeune homme, même cinq ans après. "Pourquoi ?", avait-il répondu. Sa question état restée en suspens. Et ce depuis cinq ans. Peut-être Louis espérait-il trouver une réponse en se rendant à ce concert - le dernier de la tournée de Harry.

Lorsqu'il accéda à l'entrée VIP, il ne savait toujours pas ce qu'il faisait là. Et soudain, une foule de questions l'assaillit. Quelle serait la réaction d'Harry en le voyant, s'il en avait une ? Que penserait-il au fond de lui ? Et si Harry se mettait en colère en le voyant ? Ou pire, s'il l'ignorait ? Bon Dieu, pourquoi était-il venu à ce fichu concert après cinq années passées sans s'adresser la parole, mis à part quelques mots occasionnels et superficiels échangés virtuellement ? Qu'avait-il bien pu lui passer par la tête ?

Louis sentit son pouls s'accélérer, il commençait à avoir chaud - beaucoup trop chaud - et il sentait son cœur battre dans ses tempes. Il essaya de faire demi-tour mais la porte était déjà condamnée et l'emplacement VIP était rempli de célébrités, toutes ravies d'assister au dernier concert de la tournée de Monsieur Styles.

Alors que Louis tentait tant bien que mal de retrouver un rythme de respiration normal, Harry fit son entrée en scène, sous un tonnerre d'applaudissements, bien évidemment. L'espace VIP se trouvant en contrebas de la scène, Louis avait une vue en contre-plongée sur la silhouette parfaite du chanteur. Il essaya de reculer de quelques pas pour se fondre dans la masse et passer inaperçu aux yeux de Harry mais la foule était si dense qu'il fut contraint d'abandonner l'idée.

Durant tout le concert, Louis était subjugué, comme envoûté par la voix rauque du chanteur. Ses yeux devinrent même légèrement humides lorsqu'il entendit Harry interpréter la dernière chanson, Two Ghosts. Alors que les lumières se tamisaient, le chanteur réajusta sa veste puis s'installa au piano et, tout en jouant quelques notes, commença un récit : "Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais j'étais dans un boys band qui s'appelait One Direction. Aujourd'hui, je suis tout seul." Il avait un petit sourire en coin qui laissait deviner le ton ironique de son discours. "Ce serait fou s'ils étaient là, aujourd'hui." La foule poussa des cris d'excitation. "Ce n'est pas le cas." Quelques rires fusèrent mais Louis se sentait, lui, de plus en plus mal à l'aise et ne savait plus comment respirer correctement. Il n'avait qu'une envie : partir. Venir ici était une erreur. Oui, une grosse erreur. "Mais je les aime. Ce sont mes frères", poursuivit Harry. A nouveau le public s'excita en faisant s'élever dans la salle des hurlements de joie et des applaudissement qui contrastaient grandement avec l'humeur de Louis. Mes frères. Oui, c'est bien ce qu'il a dit. Mes frères.

C'est alors que Harry se leva pour venir s'assoir au bord de la scène, tout sourire et micro en main. Il semblait vraiment heureux. Il n'était plus qu'à quelques mètres de Louis. C'est alors que Harry baissa les yeux et leurs regards se croisèrent. Harry s'interrompit brutalement, ne parvenant pas à terminer sa phrase. Les deux jeunes hommes se fixèrent ainsi pendant plusieurs secondes, puis Louis détourna le regard au bout de ce qui semblait être une éternité. Il y avait de l'agitation près de lui et il profita de cette occasion pour s'éclipser et se faufiler jusqu'à la sortie. Il poussa la lourde porte en métal et inspira l'air frais de la nuit. Il s'assit sur une borne en béton du parking où était garé le bus de Harry.

Après le départ de Louis, ce dernier avait réussi à reprendre un peu de contenance mais il était complètement chamboulé par la présence du jeune homme. Il se confondit en de rapides remerciements puis quitta la scène sous les acclamations des fans. Son manager tenta de le stopper en lui attrapant le bras mais Harry se dégagea de son emprise en lui criant de le laisser tranquille. Choqué et peu habitué à entendre Harry s'exprimer ainsi, Jeff resta planté en bas des escaliers, bouche bée et les bras ballants, tandis que Harry parcourait les couloirs en courant à la recherche de la sortie la plus proche. Plusieurs de ses gardes du corps tentèrent également de l'arrêter mais, voyant l'état dans lequel il était, ils se contentèrent de le suivre à distance.

Quand Harry trouva enfin l'issue de secours, il eut l'impression de respirer pour la première fois depuis trois heures. Il défit les boutons de sa veste de satin qu'il fit glisser le long de ses bras avant de la laisser négligemment tomber sur le bitume chaud, puis il dénoua son nœud papillon. Il ferma les yeux en pressant ses paupières l'une contre l'autre et inspira le plus d'air qu'il pouvait. Les gardes, voyant que le périmètre était sécurisé par d'imposantes barrières en fer, décidèrent de le laisser seul un moment.

Quand il rouvrit les yeux, Harry discerna à travers la pénombre la silhouette de quelqu'un assis au milieu du parking et, ses mains tremblant légèrement, décida de s'en approcher.

𝐂𝐈𝐍𝐐 𝐀𝐍𝐒 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐓𝐀𝐑𝐃 " 𝐥𝐚𝐫𝐫𝐲 𝐬𝐭𝐲𝐥𝐢𝐧𝐬𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant