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Louis était parti. Il était descendu du toit de l'immeuble en manquant de se tordre une cheville lorsqu'il avait sauté sur le trottoir. Harry lui avait fait un petit signe de la main lorsque Louis s'était retourné pour le regarder une dernière fois, puis il était resté sur le toit quelques minutes de plus, inspirant l'air frais tout en observant les lumières de la ville s'agiter. La nuit avait toujours eu le pouvoir de l'apaiser.

— On se reverra, avait-il dit à Louis.

Ce dernier avait baissé les yeux avec un sourire timide.

— J'en suis sûr, avait-il répondu, mais le ton qu'il avait employé trahissait sa pensée.

Ils avaient passé cinq ans sans se voir, comment Louis pouvait-il être sûr que l'histoire n'allait pas se répéter ? Et même si Harry lui avait semblé heureux face à sa présence à son concert, il ne pouvait pas être certain que le jeune homme souhaiterait le revoir par la suite.

— Promis, on n'attendra pas cinq ans, cette fois-ci, avait dit Harry pour rassurer Louis avant de le prendre dans ses bras. Amis, alors ?

— Amis, avait répondu Louis en souriant le plus naturellement possible.

A présent, Harry ressentait une sorte de vide. Comme si aux côtés de Louis il se sentait réellement à sa place. Comme si c'était là où il aurait dû être ces cinq dernières années. Il secoua la tête pour chasser ces pensées déroutantes de son esprit et descendit à son tour de l'immeuble. Il sortit son portable de la poche de son pantalon et lança l'enregistrement d'un message vocal.

— Coucou toi, je ne sais pas si tu dors, hum... si c'est le cas, tu écouteras probablement ce message demain matin, auquel cas ce serait inutile puisque... euh, oui... Bref, si tu es toujours réveillée, je... C'est juste pour te prévenir que je sors du concert et que... je serai là dans quelques minutes. Voilà. A tout à l'heure. Bisous.

Harry soupira en rangeant son téléphone dans sa poche. Il aurait bien eu besoin d'un bon verre d'alcool, à ce moment-là. Vodka ! Straight ? No, gay !

Il fronça les sourcils en repensant à cette blague qu'il avait faite récemment, lors d'un de ses concerts. Pourquoi repensait-il à ça maintenant ? C'était absurde. Il devait simplement avoir soif. Très soif.

De retour à l'hôtel où il passerait la nuit avant de repartir le lendemain matin, il ouvra la porte de sa chambre le plus silencieusement possible mais une voix l'interrompit sèchement :

— Inutile, je ne dors pas.

— Zoë...

— J'ai eu ton message. T'es bourré ?

— Que... Quoi ? bégaya Harry.

— Tu veux que je te le fasse écouter ?

— Non ! Non... Je te jure que je n'ai rien bu.

— Alors pourq...

— Oh, mais merde, Zoë ! C'est un interrogatoire ou quoi ? Je sors de deux heures de concert et c'est la fin de six mois de tournée, donc excuse-moi d'avoir voulu passer du temps avec l'équipe après le concert et d'avoir été un peu ému par... tout ça !

Il enleva son hoodie d'un rapide mouvement de bras et l'envoya valser à l'autre bout de la pièce avant de s'assoir sur un tabouret en prenant sa tête entre ses mains. La jeune blondinette se leva du lit et vint se placer devant lui, accroupie.

— Pardon... Je suis désolée Harry. Je n'avais pas réalisé, je... j'étais inquiète.

Harry releva brusquement la tête, comme s'il venait de comprendre quelque chose.

— Tu avais oublié ?

— Quoi ?

— Tu avais oublié. Que c'était le dernier concert de la tournée, tu avais oublié.

— Bien sûr que non, voyons, répondit Zoë en tendant le bras pour poser sa main sur l'épaule de Harry.

— Ne me touche pas ! explosa le jeune homme en se levant rapidement.

Il se dirigea vers la salle de bains et claqua la porte derrière lui avant de la verrouiller, des larmes de rage perlant au coin de ses yeux. Il entendit de petits coups contre le mur mais ils cessèrent au bout de quelques secondes. Harry alluma le robinet et se passa de l'eau froide sur le visage. Il observa son reflet dans le miroir. Do you know who you are, Harry?  A nouveau, il fit couler l'eau et, lentement, fit glisser ses mains humides dans son cou, dans ses cheveux, sur son torse. Know who you are...?  Ces mots résonnaient dans son esprit comme un mantra infernal. Il avait l'impression de suffoquer, d'être asphyxié par sa propre voix. Il ne savait plus comment respirer correctement. Il alluma la douche, who... régla la température au minimum, you... et passa le jet sur son visage, are...?  Il resta ainsi de longues minutes, sans bouger, et en essayant de ne pas prêter attention aux voix aigües qui ravageaient son esprit embrumé par cette soirée agitée.

All the lights couldn't put out the dark

Running through my heart

Lights up and they know who you are

Know who you are

Do you know who you are?

𝐂𝐈𝐍𝐐 𝐀𝐍𝐒 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐓𝐀𝐑𝐃 " 𝐥𝐚𝐫𝐫𝐲 𝐬𝐭𝐲𝐥𝐢𝐧𝐬𝐨𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant