Livre 0 : Le Pouvoir de la Meute

34. J'ai peur de toi

"Gouzi gouza ! C'est qui le petit serpent à son papa ?"

L'oeuf avait commencé à éclore dans la nouvelle cuisine, bien plus large et spacieuse, Harry avait fait un bon travail de reconstruction après avoir tout fait pété.

"Allez mon bébé... T'y es presque. Tu peux le faire !"

Les murs n'étaient plus maculé de l'expérience coca-mentos et il avait même invoqué une nouvelle table indestructible qui avait un peu trop tendance à se ranger de son côté lors des batailles-de-p'tit-déj'. Car oui, la nouvelle maison étant née par magie, elle avait une conscience et la plupart des objets étaient enchantés avec une personnalité propre.

Ça avait été amusant la première journée mais c'était vraiment pénible au quotidien de devoir négocier avec le grille-pain pour griller ses toasts ou consoler le robinet dépressif pour qu'il arrête de pleurer de l'eau bouillante.

"Euh... Harry..."

"Le prochain qui prononce le mot 'ridicule', je le transforme en singe... Sans offense, Pollux."

"Ça va, j'suis pas vexé." répondit Logium.

"Tu dis ça honnêtement ou parce que tu as peur de moi ?"

"Honnêtement ?" répéta-t-il. "J'ai peur de toi. On a tous peur de toi. T'AS FAIT SAUTER LA MAISON, BORDEL !"

"Mais puisque je vous dis que c'était PAS un accident ! Euh, non, l'inverse." s'embrouilla-t-il avant de poursuivre "Puis mince, elle est cool la nouvelle maison : j'me suis tapé un délire avec le tourne-disque, l'autre jour, il a un humour hilarant."

"Harry... Le serpent..."

"Quoi le serpent ?" grogna-t-il. "Ah mince : mon bébééé ! Je suis un père indigne ! TUEZ-MOIII SUR LE CHAMPS, Max pas touche !"

Mais c'était trop tard, il était déjà né et le louveteau ne se pardonnerait jamais d'avoir manqué ses premières secondes d'existence. Il semblait noir mais ses écailles brillaient de milles-couleurs dès qu'elles reflétaient le soleil et sa petite langue fourchu était aussi blanche que la neige... Et non, il ne l'appellerait pas Blanche-Neige.

Oh. Mince. Il n'avait même pas songé à lui donner un nom... Et puis bon, à quoi ça lui servirait de le nommer puisqu'il allait visiblement passer sa vie à lui parler en gouzi-gouzaaa. Non, il n'était pas gaga, juste un parent ordinaire.

"Bonjour mon bébé, je suis ton papa."

"Euh... Ha... Harry ?"

"Pour la millième fois, parlez-moi franchement. Je ne vais pas vous tuer ni refaire exploser la maison. Juré."

"Tu... Tu es..."

"Mais quoi ?!" s'énerva-t-il et il se retrouva face à cinq boucliers invoqués en urgence. "Ça va durer encore longtemps ?"

Les boucliers disparurent simultanément en un 'pop' et dévoilèrent cinq sorciers terrifiés. Oui, ça allait le poursuivre un moment, cette histoire et peut-être jusqu'à la fin de son existence. Il avait JUSTE provoqué une exposition qui avait rasée la maison et la moitié du Chemin de Traverse. La partie inintéressante, en plus, l'Allée des Embrumes était intacte (à croire qu'il avait fait exprès). Rien d'extravagant, franchement...

"Harry, tu es un fourchelangue." commenta finalement Praesepe avant de se protéger derrière le panier à salade, un vrai Gryffondor.

"Je suis un quoi ?!"

Le petit serpent se redressa jusqu'à atteindre la hauteur de ses yeux puis il lui dit :

"Sssalut, sssorcier parlant. Sss'ça fait plusss de sssix sss'cent sssoixante-sssix ans que je n'ai pas crois'sser l'un de tes sssemblables. Je sssuis sssi heureux de te rencontrer, desss'cendant de Sssalazard Ssserpentard, Enfant du Ssserpent. Je m'appelle Crowley et je sssuis le Ssserpent Originel."

BAM ! Non, la maison n'explosa pas (encore) mais Harry s'était juste effondré sur le sol. Si vous lui demandez, il vous répondra qu'il avait choisis de faire une sieste à ce moment très précis et il ne dira jamais qu'il était tombé dans une cargaison de pommes d'Adam.