séparation

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Chuuya s'emmitoufla dans les draps, s'écroula de sommeil et répandit son souffle léger à travers la pièce.
Dazai ne parvint même pas à clore les paupières, alors il regarda son partenaire se tourner dans tous les sens, murmurer « ...osamu... »
Chuuya disait son prénom pendant son sommeil,
c'était sa façon de dire « je t'aime ».

Tiraillé entre le corps nu, lâchement étendu sur le drap et son désir d'être un humain meilleur, Dazai avait l'impression d'être écartelé.
Être écartelé ne l'aurait pas dérangé.

Chuuya était maigre, ses côtes saillaient à travers sa peau blanche et tentatrice; allongé sur le ventre il convulsait un peu, piégé dans un cauchemar.

« Osamu...Osamu...! »

Chuuya fit un bond et se redressa ; désorienté, haletant, pris d'horribles sanglots et tremblements...il se mordit la lèvre pour revenir à la réalité.
Chuuya ne voulait pas que Dazai conçoive toute la terreur au creux de son estomac.

« -Oh, tu es réveillé...grommela-t-il en s'accrochant au drap.

-Chuuya! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu veux que je te prenne dans mes bras afin calmer tes terribles angoisses nocturnes ?

-J'ai juste fait un cauchemar, du calme idiot. »

Sa voix entremêlée de sommeil sonnait doucement dans le cœur de Dazai, et se dire qu'il ne l'entendrait plus paraissait insurmontable.
Pourtant Osamu avait pris sa décision.

« -Oh c'est mignon, tu es entrain de me rassurer alors que c'est toi qui as fait le cauchemar...

-Ferme là, j'suis dans les vapes j'ai pas besoin de m'faire secouer par ta putain de voix de maquereau.

-Allez allez, cesse tes jacassements et viens dans mes bras... »

Ses bras s'ouvrirent puis, tout doucement, Chuuya s'en approcha et s'y blottit.

La fatigue obscurcissait son esprit et le rendait tendre.
Chuuya glissa le long de la poitrine bandée et posa sa tête contre les cuisses maigres de Dazai ; il retirait les bandages sur ses jambes pour l'amour, mais pas ceux sur son torse.

Chuuya commençait doucement à se rendormir lorsqu'on lui hurla dans les oreilles;

« -T'as soif ? Tu veux un verre de vin ??

-mais... j'étais entrain de m'endormir.

-Comme ça ? Sur mes cuisses ? J'aurais fais comment  pour me recoucher ? »

Chuuya se redressa et poussa un cri d'exaspération. Un de ces hurlements particulièrement fort qui traduisait tout l'amour et la haine qu'il vouait à Dazai.

« -D'accord, d'accord. Laisse moi m'habiller et allons boire un peu sur la terrasse puisque tu y tiens tant.

-Chouette ! »

Il fila enfiler quelques atours et Dazai se laissa tomber contre le drap tiède qui sentait comme Chuuya ; l'alcool, le sang et la cigarette.

« -Peu importe à quel point je t'aime, soupira t -il en effleurant les couvertures. J'ai besoin d'un environnement plus sain, rien que pour réparer mon cœur. Et je dois ça à Odasaku.

-HAH ? T'AS DIS QUELQUE CHOSE ??? J'ENTENDS RIEN DE LA OU JE SUIS !!

-Non, rien ! »

putain il a l'ouïe fine cet enfoiré...

Dazai eut un rire résilient et triste. Chuuya revint, accoutré d'un espèce pyjama poubelle fait d'un mince pull noirâtre et d'une couche de tissu mauve sur les cuisses. C'était légèrement ridicule.

La déchéance de nous - soukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant