déni

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Chuuya serrait le manteau contre sa poitrine en tremblant. « il va revenir...il va revenir.... »
Tout ça n'était qu'un caprice digne de la dramaturge grecque Osamu. .

En fait non, il n'allait pas revenir. Il était parti pour toujours, loin de Chuuya et de son ancienne vie. Loin du sang et de la mort (en apparence)

Dazai était cruel et sadique, il avait la mort au fond des yeux.
mais parfois, serré contre Chuuya, il susurrait « tu me donnes envie de rester en vie »

Dazai l'avait quitté pour un mort.

L'aube frappa sa peau froide et solitaire, à moitié couverte du manteau de cuir. Presque comme s'il était là.

Dazai voulait respecter les dernières volontés de Odasaku et partir pour faire le bien... C'etait ridicule parce qu'il avait trop tué pour finir au paradis (si c'est réel)

Pour lui tout devenait lourd, insensé, Osamu se perdait en lui même ; ses remords, ses amours, ses traumatismes... il rejetait trop son humanité ; il avait peur de l'accepter puisque ses crimes en deviendraient plus terribles. Pareil pour ses traumatismes.

Dazai était terrifié par sa nature, et pourtant dès l'instant où on le lui avait demandé, il avait tenté de se racheter.
Son modèle (qui était l'incarnation de sa bonne conscience) lui avait demandé une chose, il la respecterait. Oda Sakunosuke était son seul moyen de s'assurer qu'il ne sombrait pas dans la malveillance, alors il suivait ses ordres, peu importe les dommages collatéraux.

Et Chuuya, dans le lot ? Il aimait Chuuya de tout son corps, de toute son âme, c'était pour cette raison qu'il lui avait demandé de s'enfuir à ses côtés. Le voir refuser sa proposition avait arraché son coeur, ainsi il avait fait sauter sa voiture;
se revoir aurait fait trop de mal. (en plus de la sorte mori n'aurait pas soupçonné de chuuya de l'avoir aidé)

Tous les deux étaient seuls.

Chuuya se leva doucement de son lit et posa le manteau sur son drap.

« il va revenir de toute façon, je m'inquiète pour rien. »

Le soleil se reflétait tristement contre la mer bleuâtre. Accoudé au balcon avec des larmes plein les yeux, Chuuya alluma une cigarette et la cendre s'échoua sur le sol. Le vent fit frissonner sa peau pâle.

« il va revenir...il va revenir... »

Toujours pas. Des esquisses de mirage dansaient devant ses yeux ; les cheveux, les bandages, les lèvres.

Chuuya sortit de chez lui en titubant après avoir bu pour oublier toutes les émotions coincées dans sa poitrine. Il trouva sa voiture complètement déchirée, une fumée noirâtre s'échappait des débris, le moteur gisait à quelques mètres de là.

Ça ne lui fit rien. Chuuya détourna le regard et continua son chemin à pieds.

Sur ce chemin, il rumina beaucoup.

Peut-être avait-il l'âme trop douce et fragile.Trop émotive pour la mafia.

Les émotions explosent hors de son corps, se dilatent, se changent en larmes et en cris. Fascinant pour Dazai, en manque de sensation, de vie. Chuuya lui avait donné l'impression d'exister...était-ce suffisant pour quelqu'un d'aussi rocambolesque ? Avait-il besoin de meilleur que lui ?

Ou alors l'humanité trop prononcée de son meilleur amant lui rappelait qu'il était humain aussi et, de par le fait, coupable ?

Peut-être Dazai n'avait aucune considération pour Chuuya, au final.

Autre hypothèse, Osamu avait vraiment besoin de s'éloigner de la mafia pour vivre mieux, parce que la mort d'Odasaku l'avait anéanti (mais ces deux dernières hypothèses se rejoignaient)

La déchéance de nous - soukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant