Vivre entre les morts et sa propre déchéance n'est pas une façon saine de subsister dans l'univers. Chuuya le savait, mais il n'avait jamais eu le choix.
tout ça l'avait moins ravagé que ça n'avait ravagé Dazai.Osamu lui manquait inexorablement, tellement qu'il arrosait ses plantes tous les jours pour leur insuffler un peu de vie. Il avait besoin de vie. D'existence chaude et coulante le long de son corps meurtri, de claques d'air salées, de Dazai, d'humains normaux.
Tuer devenait désagréable ; voir des camarades mourir, pareil. Juste vivre afin de rien sans personne pour se sentir faire autre chose que tuer. Peut-être Chuuya aurait-il du partir avec Dazai.
Maintenant il ne pouvait que marcher. Le long de tout et contre rien, sans effleurer personne ; les lampadaires, les silhouettes inodores, les eaux brunes, les immeubles insalubres, les quartiers de marbre propre. Plein de choses sauf lui même défilaient sous son regard creux.
Chuuya ne voulait pas se plaindre, ni pleurer, mais quelque chose lui manquait. De la vie tiède qui battit jadis à côté de son cœur cassé ne restait que des particules de souvenirs. Il voyait ses vieux amis, Dazai, puis parfois Rimbaud dans ses profonds sommeils, en espérant ne jamais rouvrir les yeux.
Parallèlement, Akutagawa plongeait dans des abysses de colère et de frustration, Chuuya comprit qu'il ne le ferait pas changer. Il tentait de prendre soin de lui, mais voir qu'il devenait comme Dazai le désolait. Personne ne mérite de devenir comme Dazai.
La drogue et l'alcool demeuraient son seul moyen d'échapper à la réalité. Désinhibé, inoffensif, les émotions ne l'attaquaient plus ; elles flottaient autour de lui comme de petits feu follets patients et timides.
Dazai restait là, coincé dans sa poitrine, murmurant contre son oreille ; sobre ou pas. Il l'aimait sans réussir à pardonner quoi que ce soit. Les rares fois ou ils se croisaient, Chuuya ne pouvait refouler sa colère et répliquait des tas d'insultes ; conscient de ses torts, Osamu se prêtait au jeu sans trop de coeur, toujours heureux de communiquer avec son ami.
Puis c'était ainsi. Depuis des années et des années ils faisaient mine de se haïr, ils faisaient mine d'être hostiles et méchants; on récolte ce que l'on sème. Si je plante de la colère mes fleurs sentiront la solitude.
Le problème c'était que ni Dazai ni Chuuya n'avaient planté ces graines. Les fleurs noires et rouges poussaient dans leurs coeurs fissurés.
Chuuya était défoncé cette nuit là. Encore une fois. Toute sa vie se résumait à de vaines tentatives d'oublier.
Dans les ténèbres chauds d'une nuit de décembre enneigée, Chuuya titubait.
Une silhouette se dessina au creux des réverbères. Trop défoncé pour discerner les trucs dans la lumière, Chuuya voulut la contourner.« Chuuya, Chuuya...fit une voix. »
Ledit Chuuya posa brusquement sa paume contre ses lèvres. Même défoncé la voix lui faisait mal au coeur.
« Alors tu n'as vraiment pas arrêté...La cocaïne Chuuya, c'est une des pires choses que tu puisses prendre...(il avait remarqué de petites traces blanches sur le bout de ses doigts).
-Qu'est-ce que ça peut te foutre putain de Dazai de merde. Va te faire enculer par tes nouveaux copains là, je suis sûr qu'ils seront ravis. C'est vrai quoi, depuis le temps que tu leur lèches le cul, je suis sûr qu'ils n'attendent que ça !
-Super raffiné tout ça. Je te félicite pour ton inventivité vulgaire.
-J'ai pas envie de t'écouter déblatérer tes conneries de gars dédaigneux et méchant.
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La déchéance de nous - soukoku
FanfictionDazai et Chuuya étaient raides au milieu de la nuit. Il faisait froid, le vent mordait leurs joues rouges et mouillées, il piquait leurs coeurs déjà brisés. TW ; Dazai et Chuuya donc suicide, automutilation, insultes, violence GROS GROS GROS TW DROG...