Chuuya se sentait un peu mieux depuis son altercation avec Dazai. La colère s'était évaporée, laissant derrière elle un creux. Un creux sans rien à l'intérieur.
Il avait toujours été là, le creux, mais maintenant plus rien ne pouvait le combler ; un gouffre creusait sa poitrine en permanence.Cette nuit là il faisait jour, août diffusait sa lueur claire à travers l'obscurité. Chuuya était sur sa petite terrasse miteuse, à regarder le port, comme d'habitude.
C'était presque lassant mais l'air tout iodé et la chlorophylle inodore le rendaient gai.
Plus loin, un bout de festival se dessinait dans le crépuscule et la fumée. Lieu de malfaisance plus que de bonheur parce les festivals sont l'œuvre de la mafia. Les yakuzas y défilent comme des bêtes de foires, les patrons profitent du brouhaha pour dissimuler leurs hontes, on investit partout afin de laver ses pêchés.
Chuuya aimait de moins en moins son environnement. Plus il grandissait, s'ouvrait à d'autres choses, plus il commençait à trouver tout ça répugnant.
La fascination qu'il vouait au monde si intelligent et puissant du crime organisé s'était transformée en mépris ; maintenant lorsqu'il effectuait une mission, la première chose qui lui venait à l'esprit c'était une sorte de culpabilité hargneuse et triste.
Mori l'avait fait capitaine, Chuuya en était honoré. Mais une petite part de lui haïssait tout ça, tout le sang qui s'étendait sous ses jambes légères.
La fête semblait battre de son plein, là bas.
Chuuya aurait du y être, pour rencontrer du monde ou pour tuer quelques humains.
L'envie s'était soustraite de son corps.Son téléphone sonna lorsqu'il s'apprêtait à prendre un peu de cocaïne (les festivals le déprimaient trop), Chuuya décrocha avec mélancolie;
« -Akutagawa ? Tu veux quoi ?
-Toutes mes excuses, dit une voix un peu enrouée, je me permet de vous importuner parce que j'ai un problème que seul vous êtes en mesure de régler.
-Ne t'en fais pas...on me réclame c'est ça ?
-Oui, on vous réclame...une histoire de capitaine je pense. J'ai bien signalé que vous n'aviez pas été chargé d'une quelconque mission ici et que, de par le fait, vous n'étiez pas là, néanmoins le boss vous veut ici le plus vite possible.
-D'accord. J'arrive. »
Chuuya se sentait contrarié. Il aurait préféré rester allongé sur le carrelage frais de son balcon, à humer les plantes et l'iode, puis se défoncer pour dormir.
Il se redressa à contre cœur et vit ses vêtements ensanglantés gisant sur le sol ; Chuuya n'avait pas de veston propre, il dut s'en passer. Puis ses gants sentaient un peu la cigarette, il n'aimait pas, et son manteau froissé refroidissait son corps.
Chuuya décida de se rendre au festival à pieds, les parkings devaient être remplis et la voiture n'aidait pas sa nervosité.
La ville demeurait silencieuse, lourde et bienveillante, tous les humains aptes à sortir étaient au festival. C'était calme, la tiédeur le submergeait avec douceur, comme une étreinte.
Finalement Chuuya arriva sur le lieu de la fête, et une nausée lui saisit l'esprit ; les gens s'entassaient comme des cartes, des animaux. On criait et jouait trop fort.
« Chuuya - san ! »
Akutagawa surgit de derrière un arbre.
« Putain mais qu'est-ce qu'on fête pour qu'absolument toute la ville soit au rendez vous ? s'égosilla Chuuya dans un élan de dégout.
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La déchéance de nous - soukoku
FanfictionDazai et Chuuya étaient raides au milieu de la nuit. Il faisait froid, le vent mordait leurs joues rouges et mouillées, il piquait leurs coeurs déjà brisés. TW ; Dazai et Chuuya donc suicide, automutilation, insultes, violence GROS GROS GROS TW DROG...