Chapitre un

32 8 1
                                    


Quinze ans plus tard

Le coeur battant à tout rompre, ma poitrine se soulevait par à-coups. De la sueur dégringolait dans mon dos, traçant une route sinueuse sur mes muscles tendus. Les cris de mes poursuivants résonnaient dans le village, surprenant les habitants. Je sentais leurs âmes se remplir d'une flamme d'espoir. Ils comprenaient enfin. Tout n'était pas perdu, le combat n'était pas fini, il ne faisait que commencer. La résistance entrait dans le jeu. Il n'y aurait qu'un seul vainqueur. Je sautais de toit en toit, avant d'arriver à une maison particulière. Je découvris le passage rapidement, avant de refermer la trappe. Gauche. Droite. Je filai dans les couloirs à une vitesse folle, bousculant des dizaines de personnes sur mon passage. J'arrivai devant une porte que j'ouvris d'un coup avant de la claquer. Je reproduisis mon manège plusieurs fois, pour semer le doute dans l'esprit de mes poursuivants. Je sentais que je les semais, la plupart d'entre eux étant bloqués sur les toits. Le châle enroulant mes cheveux commença à glisser et je ne pus prendre le temps de m'arrêter pour le remettre. Alors des mèches d'or se glissèrent à la vue de tous. Les yeux écarquillés n'avait d'égal que les battements d'espérance qui résonnaient dans les coeurs.

Je revenais sur le devant de la scène. Depuis bien trop longtemps je me préparai à ce jour, celui où la rumeur se répandrait. La princesse n'était pas morte. Elle était bien décidée à reprendre ce qui lui appartenait. Alors je courais dans les rues, dans les immeubles, laissant poindre l'espoir dans le coeur des gens. Le combat ne faisait que commencer. Au sein de la ville où j'avais grandi en secret, mes alliés étaient nombreux. Chacun avait réussi à monter à une position stratégique. Nous ne pouvions nous battre sans armée, nous ne pouvions vaincre sans pouvoir, nous ne pouvions gagner sans puissance. Je descendis les escaliers en sautant, dégringolant jusqu'au sol du rez-de-chaussée. Je me réceptionnai sur mes jambes et me remis à courir, ignorant l'épuisement de mes muscles. J'étais bien trop euphorique pour ressentir une quelconque douleur. L'espoir que je semais résonnait en moi comme un chant lyrique. La confiance des habitants me procurait un sentiment de renaissance.

À gauche du marché, suis le fleuve jusqu'à l'entrepôt en bout de quai. Nous t'attendons. Toujours.

Résonnant dans mon esprit, la voix rauque me fit frissonner. La promesse sous-entendue me remplissait d'une reconnaissance profonde, liée à une allégeance intime. Nous étions tous dans un état d'euphorie. Des années à se cacher, des années à s'entraîner. Rien n'était perdu. Rien n'était gagné. Pourtant l'espoir emballait les coeurs, soulevait des peuples et rasait un pouvoir obscur. Bien trop d'années à subir. Bien trop d'années à se cacher. Bien trop d'années à se contenir.

Les pavés défilaient à toute vitesse sous mes pieds et mon rire se perdit dans l'atmosphère. Il s'envola comme un papillon. Il sacra mon retour. Mes cheveux étaient de plus en plus découverts et la vision de ma crinière d'or signait le début d'une nouvelle ère. La princesse n'avait pas abandonné. Elle n'était pas morte. Elle s'était retirée le temps de vaincre. Juste le temps de grandir et d'acquérir une puissance qu'aucun ne serait en mesure d'égaler. Les quais m'apparurent rapidement et je fus dans l'entrepôt en moins de temps qu'il n'en fallait pour semer définitivement les gardes.

Le plafond haut plongeait cet immense espace dans une atmosphère de rébellion. Quelques alliés m'applaudirent, chacun ayant réussi sa mission avec brio. Le chant d'espérance se propagerait à une vitesse que je n'osais imaginer. Mon réel combat commençait maintenant. Je devais me rendre dans les Royaumes. Convaincre les dirigeants de s'allier pour vaincre.

Une main se posta sur mon épaule et je me retrouvais blottie contre un torse familier. Mes mains se joignirent derrière ses épaules, lui rendant son étreinte. Un menton se posa sur ma tête et mon nez se cacha dans le creux de son cou. Son odeur m'emplit les narines et sa chaleur me transperça. Deux orbes améthyste plongèrent dans les miennes. Son sourire taquin, relevé par des fossettes délicieuses. Ses yeux plissés dans l'expression de sa joie. Ses cheveux châtains. Ses oreilles pointues. Sa peau était recouverte d'une fine pellicule de sueur, son plastron en cuir recouvrait son torse. Il arborait fièrement les armoiries de ma famille. Mes armoiries. Son corps était le résultat de décennies d'entraînement intensifs dans la garde royale. Il était mon garde. Il était mon protecteur. Il était mon tout. Le centre de mon univers, le soleil qui insufflait sa force à mon âme.

Le poids du destin : l'héritièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant