Au Milieu Des Loups Du Nord

Chapitre 4 : Amour chaleureux

Pendant très longtemps, Thomas travaillait sans arrêt et ils ne se virent plus aussi fréquemment. Mais malgré tout, les temps étaient heureux. Cela donnait d'autant plus de valeurs aux moments qu'ils passaient ensemble.

Quand elle était seule, Ivy ne supportait pas de rester inactive. Ainsi, elle se découvrit un talent pour l'épée et s'y plongea corps et âme. Elle était de constitution robuste et bien que cela lui permette de porter une armure comme les autres, elle préférait conserver son agilité. Elle développa un style de combat particulier qui l'aida beaucoup à trouver sa place dans le fort. La vie continuait.

Un soir Thomas vint frapper à la porte de sa chambre. Dès qu'elle ouvrit, un froid glacial vint frapper le visage du visiteur. Il n'y avait aucun feu dans la pièce.

- Tu aimes vraiment le froid ! s'exclama-il.

- Non, c'est simplement qu'il ne me dérange pas, alors pourquoi se donner du mal ?

- Alors je vais faire un feu. C'est tout de même plus agréable !

Aussitôt, Thomas se mis à genoux devant la cheminée et s'exécuta.

- Tu sais, mon corps est indifférent à la température, que ce soit au zéro absolu ou au-delà du millième degré.

- Alors ça servira à égailler la chambre ! Puisque les oiseaux ne viennent plus chanter à ta fenêtre et que le parfum des fleurs s'en est allé, à la place tu auras la lumière du feu et son crépitement !

Alors Ivy esquissa un sourire en le regardant faire. Quand il eut fini, elle ajouta :

- Pourquoi es-tu venu me rendre visite aussi tard ?

- Eh bien, pour être honnête je ne pensais pas aborder le sujet si tôt dans la conversation, mais ...

Il s'interrompit, peut-être parce que son pouls était bien supérieur à la normale.

- ... voudrai tu m'épouser ?

Ivy sentit son cœur bondir dans sa poitrine, néanmoins, elle répondit sans hésitation :

- J'en serai ravie ! Mais je dois admettre que je suis un peu effrayée. Après tout, tu es quelqu'un d'important, et moi je ne suis vraiment pas mondaine.

A ce moment précis, Thomas cru entendre l'écho d'une goutte d'eau, mais trop absorbé par la conversation, il n'y prêta pas attention.

- Tu n'y es pas obligée, si tu le souhaite nous nous marierons devant dieu seul.

- Dans ce cas, ce serait parfait, dit-elle avec un air songeur.

Pour la deuxième fois, un son particulier raisonna aux oreilles de Thomas.

C'est ainsi qu'un an plus tard, un mariage fut organisé dans la crypte d'un village isolé. A l'entrée, un loup immense attendait sagement et dehors, une pleine lune siégeait au milieu d'étoiles dans un ciel sans nuage. Seuls les deux promis et un prêtre étaient présents. Les vœux furent prononcés et les mariés s'embrassèrent. C'est dans cet amour brûlant que le cœur de glace de la jeune femme acheva de fondre. Son corps de chair laissa progressivement place à un corps de neige qui s'effrita en milliards de flocons immaculés.

Dans l'incompréhension et le désespoir, le jeune homme ne put rien faire pour retenir son épouse dont le corps s'évanouissait lentement. Au bout de quelques minutes, il ne resta plus rien, rien que du chagrin. Ce soir-là, alors que les registres n'avaient même pas encore été signées, l'homme avait tout perdu. Un courant d'air froid traversa la chapelle et éteignit la moitié des cierges. Alors l'homme posa son regard vers la sortie. Le loup avait disparu.