Le recueil des tourments

« Orgasme fatal »

Les mots coulaient à flot des lèvres de cet être mal aimé tandis que le ciel se recouvrait d'une brume noirâtre qui présageait l'état de mon cœur les prochaines secondes. Ses mots résonnent encore en moi, et font office d'une hache qui poignarde incessamment ma poitrine pendant que l'harmonie de la musique de ma douleur jaillit en moi tel une avalanche devant laquelle je ne pensais pouvoir que déposer mes armes. Mes armes, mes fidèles servantes dont j'appréhendais la destruction imminente sous ce bouclier empoisonné que cette inconduite m'a donné il y a déjà nombre d'années.

Toi, fils de mes démons, pourquoi apparais-tu dans mon esprit embrumé? Je n'ai pourtant pas évoqué ton prénom depuis le procès de ton géniteur adoré. Ce serait-ce parce que nos corps finissent toujours par se croiser quand au comble de la solitude nous recherchons une âme pour nous guider? Nombre de tes paroles m'ont marquée et nombre de tes prédictions se sont avérées vraies. Je t'en ai voulu incessamment alors que la haine aveuglait mon jugement. Maintenant seul les regrets amers écorchent mes souvenirs et dans ce chapitre de ma vie que je te dédie, je te confie mes remords, mes ressassements et les scénarios invraisemblables qu'imaginait ma raison, dans lesquels je demande ton pardon.

Ce fut mon erreur fatale, à laquelle notre humanité a failli. Nos corps, depuis, vides, froids, désemparés d'une quelconque chaleur, recherchent désespérément à se lier, à s'unir, encore et encore, qu'on en oublia même l'aspect mystique, romantique ou érotique qui devraient s'en dégager. Seul ce sentiment d'insatiété nous caractérise désormais. Tels des bêtes sauvages, nos ébats ne prirent jamais fin, gémissant nos maux, pleurant nos peines et criant à l'agonie de jouissance.

On s'y perdit si vite que nos corps lâchèrent prise bien avant nos esprits dont on ne voulait plus ressentir la présence. Nos regards pleins de compassion décrivaient notre perdition tandis que notre dernier souffle s'échappait, de nos lèvres encore scellées, en une épectase fatale.