ARÔME POPCORN ⎮ JJK

UN SURPRENANT PETIT RAYON DE GAIETÉ

𝐀𝐑𝐎𝐌𝐄 𝐏𝐎𝐏𝐂𝐎𝐑𝐍
↪︎ 𝗒𝗈𝗌𝗁𝗂𝗇𝗈 𝗃𝗎𝗇𝗉𝖾𝗂 x 𝖾𝗇𝖽𝗈𝗎 𝗆𝗂𝗒𝗈

le   vert de  ses yeux éclatait
 de bonnes choses, frappant
 son  monde si  sombre  d'un
 subit    rayon  de   lumière ... 

 Plus que quelques mètres. Il ne lui restait plus que quelques mètres avant d'enfin atteindre ce qu'il considérait être son sanctuaire. Yoshino Junpei amorça le croisement avec un étonnant soulagement dont le monde ne pouvait, pourtant, être témoin. Dans un triste équilibre entre la fatigue et l'ennui, ses traits détendus à l'extrême ne laissèrent rien paraître de cet étrange sentiment de consolation qui le prit à l'approche du petit guichet. Quoi qu'il en soit, encore aurait-il fallut que les quelques rares passants qu'il croisa ne lui accorde un regard. Une attention, qu'à y réfléchir, Junpei était bien satisfait de ne pas se voir attribué.

— Bonjour, une place pour Le Labyrinthe de Pan s'il vous plaît...

— Bien sûr ! Ça t'fera 1500 yens s'il te plaît !

Surpris par la gaieté et la chaleur de la voix qui venait de lui répondre, le garçon redressa la tête. La première chose qui le marqua fut alors ces grands yeux verts et pétillants surlignés d'un épais trait d'eye-liner tandis qu'il tendait vaguement son argent à la demoiselle qui tenait le guichet. Un peu décontenancé, Junpei put seulement prendre conscience du fait qu'il ne l'avait encore jamais vu. Ou peut-être près des machines à pop-corn à l'intérieur, mais il n'était sûr de rien.

— Super ! Tiens, ta monnaie et ton ticket ! sourit-elle en faisant glisser le tout sur le comptoir. C'est en salle 2 !

À son poignet, les bracelets et chaînes qui l'ornaient tintèrent. L'adolescent récupéra pièces et petit carré de papier. Elle devait avoir son âge. Automatiquement, Junpei songea qu'il la préférait à l'autre caissière tire-au-flanc et désagréable qui occupait d'habitude le poste. Or cela fut tout.

— Passes une bonne séance !

Dernier sourire, l'un de ceux qui faisaient plisser les yeux et naître les fossettes, et elle se désintéressa de lui pour remettre un peu d'ordre dans les différents flyers éparpillés pour les clients sur le comptoir. Tout en se détournant pour rentrer dans le coeur du cinéma, il l'entendit chantonner un air quelconque qu'il reconnut sans parvenir à mettre un nom dessus. Là encore, Junpei le nota simplement, sans y accorder plus d'attention, seulement étonné de son entrain.

Bientôt, dans l'obscurité de la salle qu'il avait rejoint, le poids de son pesant quotidien chassa la gentille caissière de son esprit. Malgré son étonnante amabilité qui fit du bien à l'opinion que le garçon se faisait sur le genre humain, sa ponctuelle présence dans sa journée ne faisait malheureusement pas le poids contre les imbéciles qui peuplaient son quotidien. Seul le film dans lequel il se plongea pour la quatrième fois le tira de sa misérable vie de paria.

Le cinéma était son refuge. Un endroit neutre où on ne pouvait l'atteindre. Dissimulé aux yeux de tous dans ses grandes salles noires, Junpei pouvait alors vivre d'autres existences dans tous ces long-métrages dont il s'abreuvait. Et lorsque l'histoire présentée se faisait peu convoitée - c'était naturellement le cas des films d'horreur par exemple - en ce cas il se poussait seulement à la réflexion, chacun de ses neurones se faisant à ce moment là concentré vers le sens artistique des images qui défilaient devant ses yeux. Ça le passionnait. C'était son réconfort. Son salut.

Bientôt, cela serait aussi le foyer de deux grands évènements qui viendraient modifier son maudit quotidien. Et si le second se ferait pernicieux point final de son existence, le premier allait prendre la forme d'un délicieux point de suspension en l'ultime bonheur d'une rencontre providentielle. Une rencontre en réalité déjà menée dont le grain, mijotant bien au chaud sous le toit du cinéma, ne tarderait pas à splendidement éclater en une délicate fleur tendre et sucrée.