Chapitre 3: L'orage

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Chapitre3 : L'orage


Toutétait calme et silencieux à travers la nuit ; le ciel étaitclair et seule une légère brise effleurait le visage des gardesfrontière. La lune resplendissait dans le ciel ; parfaitementronde, elle éclairait la muraille dans son ensemble et projetait desombres menaçantes à ses pieds.

Brewenfaisait les cents pas sur l'une des tours de la muraille ; sontour de garde venait tout juste de commencer, mais le jeune soldatn'aimait pas rester ainsi, exposé aux dangers. Pourtant, les plusvieux elfes l'avaient rassuré sur le fait qu'il ne craignaitrien du haut de sa tour et qu'il devait seulement veiller àsignaler le moindre aspect suspect du coté ouest de la muraille.

Cettegrande muraille datait de plusieurs siècles maintenant et servait debarrière entre le royaume de Vael-Nys et celui que l'on nommait leRoyaume des Ombres. Selon les légendes, cette partie du continentétait hantée et seuls les bannis y vivaient ; mais depuis quela muraille avait été bâtie, pas une seule trace de vie humainen'avait été constatée de ce coté. Bien qu'en tant quechevalier, Brewen était censé ne pas croire aux légendes et autresfables, un sentiment étrange le parcourait dès qu'il posait lesyeux sur cette partie du continent. Aussi détestait-il de devoirrester là sans rien faire. Depuis sa plus tendre enfance, il nerêvait que de se rendre à Solèna et être dans la garde rapprochéedu roi, mais comme son père il avait été recruté dans lasurveillance de la grande muraille, et il n'avait pas les moyens des'en dispenser et d'entreprendre un voyage vers la capitale.

Alorsqu'il était perdu dans ses pensées, à rêver de voyages etd'aventures, le jeune homme en tendit un légers tintement auxpieds du grand bâtiment. Instinctivement il mit la main à la gardede son épée et avança prudemment vers le bord du rempart. Il sebaissa doucement vers le vide, inspectant l'obscurité dans lemoindre détail. Rien ne bougeait, pas même un oiseau quis'envolerait d'un buisson, les oiseaux ne volaient pas par-dessusla muraille, il évitait l'autre coté de cette immense barrière.Inquiet le jeune homme s'en remit à ses sens elfiques pour écouterle plus infime bruit ; mais aucun son lui parvenu. Essayant dese raisonner, il revint sur ses pas et continua de marcher de long enlarge sur les pavés. Alors que ses sens se calmaient lentement, unsifflement passa tout près de son oreille gauche. En moins d'uneseconde il avait reconnut le son d'une flèche bien aiguisée,alarmé il dégaina son épée aussi rapidement qu'on le lui avaitappris dès son plus jeune âge. Mais se retournant il se retrouvaseul sur les hauts remparts ; pas de trace de l'archer quivenait de l'attaquer. Le jeune elfe hésita quelques secondes :devait-il donner l'alerte ? Cette flèche avait peut être étéégarée de sa cible initiale, cependant il se ravisa ; elleavait été tiré depuis le flanc ouest de la muraille, là oùpersonne ne pouvait accéder depuis l'autre cotés. Se laissantsubmerger par les vieilles légendes, Brewen se dirigea en courantvers la trompe qui se trouvait à l'autre bout du rempart surlequel il se tenait. Mais à peine avait il fait quelques pas, qu'uneombre s'échappa de l'obscurité et vint lui barrer le passage.L'elfe reconnut immédiatement l'étranger ; il s'agissaitd'un nain des montagnes au nord du royaume ; ceux ci nes'aventuraient jamais hors de leur territoire, mais n'étaientnéanmoins pas hostiles aux elfes. Ils s'étaient repliés dans lesmontagnes lorsque le royaume des elfes et celui des hommes avaientfusionné. Pourquoi celui-ci se trouvait si loin de ces contréesnatales ? Et pourquoi s'attaquait-il à Brewen ?

Profitantde la confusion, le nain se jeta sur le jeune homme brandissant sahache. Mais l'elfe fut plus rapide et envoya le nain frapper dansla bord du rempart. Sautant sur l'occasion, Brewen contournal'ennemi et se rua vers la trompe. Alors qu'il allait la porter àses lèvres, il perçut le léger sifflement d'un arc qu'onarmait.

Prophecia : L'arbre prophèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant