Inspirations

Cauchemar

 Nous sommes entrés à six dans un magasin, les vendeurs se sont posés des questions : ils ne voyaient pas l'intérêt que des jeunes y viennent alors que les achats étaient réservés aux personnes majeures (oui, il m'arrivait de lire dans les yeux des gens). Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Beverley avait déjà triplé sa seconde et avait 18 ans. Ça a été comme ça que, après une analyse un peu trop poussée de la carte d'identité de notre amie, nous sommes sortis avec dans les bras, des pétards et artifices.

Nous nous sommes ensuite répartis les derniers achats :

– Maddie et Bill, allez chercher l'essence, a ordonné Jo, qui s'était autoproclamé directeur des opérations.

– Ça ne va pas être possible pour moi, les gars, rétorqua Madison, je dois rentrer. Le départ est dans deux heures et mes affaires ne sont pas prêtes...

– Tu vas où ? s'est enquit Beverley.

Cette dernière avait beau être la plus âgée d'entre nous, ça ne faisait pas d'elle la plus intelligente ni la plus maligne. Au contraire. Jo disait qu'elle aurait dû redoubler toutes les classes depuis le premier grade pour avoir un niveau convenable. Néanmoins, sa naïveté était une source de fraîcheur pour nous tous – bien qu'elle ait adopté le style gothique, au grand désespoir de ses parents.

– Je l'ai dit cinquante fois, je pars en Thaïlande.

Madisson, dit « Maddie », était riche et aimait bien s'en vanter. Il ne se passait pas une année sans qu'elle sorte au moins une fois du continent.

– Bon, Bill, vas-y tout seul, reprit Jo, exaspéré de voir une nouvelle fois son amie d'enfance s'éloigner. Il faut dire qu'ils étaient comme frère et sœur, exception faite qu'ils n'avaient pas les mêmes parents.

– Kerry et Beverley, trouvez moi des cordes et du scotch ...

– Pour quoi faire ? Se sont inquiétées les jeunes filles.

– Vous verrez, mais je peux vous promettre que ce sera magnifique.

Jo avait un don pour me faire peur par ses simples paroles. Cela faisait pourtant six mois que nous étions ensemble.

Il était l'homme de ma vie (c'est vrai, j'ai dis ça à chaque fois que je suis sortie avec un garçon) mais j'étais bien à ses cotés. Je me confiais à lui lorsqu'on se voyait et il me parlait de sa vie en retour.

Alors que nous nous rendions à notre QG (l'appartement de mon petit copain), Jo m'a dit sans raison apparente :

– Sache que je t'aime, Liv.

Liv, c'est moi. En réalité, je m'appelle Olivia. Pour ce qui est du physique, je suis petite, mince, j'ai les cheveux blonds avec des mèches émeraudes, rappelant la couleur foncée de mes yeux qui, d'après mes amis, me donnaient l'air d'une extraterrestre. Pour ce qui est de ma personnalité, je suis plus compliquée, j'ai une âme d'artiste. Je suis une rêveuse, je passe le plus clair de mon temps à dessiner, assise sur une souche dans le bois près du lotissement dans lequel j'habite. C'est au moment du levant que je me sentais le mieux là-bas et je n'hésitais jamais à me lever tôt pour admirer les premiers rayons du soleil transpercer la brume et caresser la rosée, créant des prismes de couleurs chatoyantes. Je suis aussi très impulsive, la moindre petite méchanceté, à mon égard ou envers mes proches, et mon poing se retrouve dans le nez de celui qui l'a lancée.

Le soleil commençait à décroître lentement dans le ciel et tous nos amis étaient arrivés.

– Vous en avez mis du temps, nous dit Kelly, sarcastique.