[VINGT-TROIS]

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𝐏𝐑𝐀𝐆𝐌𝐀


« Mon reflet dans ce miroir rempli par l'orage, me rappelle qu'on s'ra tout seul quand on mourra. »
— Nekfeu, Le bruit qui court, LEV.



YUNA FIJII 2017 - Tokyo

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YUNA FIJII
2017 - Tokyo


Je ne pensais pas que de travailler avec Ken serait aussi compliqué, dans le sens où, il est assez indiscipliné par moment. Il part parfois même en douce, sans rien dire à personne, nous travaillons chacun de notre côté avec Diabi, nous essayons de le retenir au maximum sur son objectif en venant ici, son album. Malheureusement ici, il a beaucoup d'amis et la tentation de sortir est assez grande pour lui, nous ne sommes pas ses parents alors, on ne peut pas lui empêcher de sortir.

Ça fait maintenant presque dix jours que nous sommes à Tokyo, les garçons ont énormément travaillé sur plusieurs prod, peut-être une trentaine déjà que Ken sélectionne au fur et à mesure pour poser dessus, je dirais que plus de la moitié ont déjà été jeté. Ken et moi commençons vraiment à avoir un bon fil sur l'album, les trois sons qu'il a déjà posé ici ont un style bien différent de Feu mais ne s'approche pas de Cyborg non plus, je dirais que, ce troisième album sera du Nekfeu comme on a pu le connaître mais avec un niveau au dessus. Est-ce que l'on va réussir à faire mieux que Cyborg, qui pour moi, est un vrai chef d'œuvre, je ne dirais pas non, juste que l'on va produire quelque chose de complètement différent.

Ken a envie d'évoluer dans son rap, sans se détacher de son identité. Il a envie de tenter de nouvelles choses et surprendre l'auditeur, nous avons déjà un bon début et je suis certaine que pour la suite, nous arrivons enfin à ce que Ken souhaite vraiment faire.

Ken - Y'a un truc qui merde sur la prod, j'sais pas c'est quoi, mais ça m'énerve. Il souffle et passe ses mains sur son visage.

Nous sommes dans sa chambre avec lui et Diabi, les garçons sont partis nous chercher à manger pour ce midi. Ken est en train de s'impatienter devant son ordinateur, là où la prod est en train de défiler et qu'il pose rapidement des mots pour voir si ça va sur la prod.

Diabi - C'est quoi qui te gêne ?

Ken - Les accords. Diabi se tourne sur son siège et Ken se lève pour aller à côté de lui, il s'installe au sol et il bosse tous les deux sur ce qui dérange Ken. Y'a que moi qui l'entends ou quoi ?

Yuna - Nan, les accords sont pas au même niveau. Y'en a un qui va plus haut que les autres et ça déconstruit complètement le truc. Diabi continue de faire des réglages sur les accords.

Pendant au moins dix minutes, on écoute le même début de passage avec les garçons avant que Ken arrête Diabi. On réécoute complètement le truc et je bouge doucement mes doigts, je bouge doucement la tête au rythme de la prod qui est assez lente, je pince mes lèvres avec mes dents.

Ken - Là, c'est good. Azy il faut que je pose dessus. Il se lève avec son ordi qu'il vient poser à côté de moi sur le lit.

Diabi - Tu reposes tout depuis le début ? Ken hoche la tête en mettant son casque, il s'approche de la cabine un peu improvisé dans un coin de la chambre.

La prod commence et je regarde Ken qui commence a poser. Je pince mes lèvres entre elles, ce texte, représente certaines choses que j'ai pu ressentir cette année et même encore maintenant. Je ferme doucement les yeux et je tapote mes doigts sur ma jambe, c'est tellement bizarre d'entendre ce que l'on ressent à l'intérieur de soi mais à l'oral et par une autre personne.

Parfois, j'me demande si j'existe vraiment
De ma vie, je n'suis qu'un spectateur
Alors j'me fais du mal mais discrètement
Le psy m'a dit "c'est qu'un aspect d'ta peur"
Et, quand j'ai mal, je me sens vivre un peu
Il fait nuit quand les lumières s'allument
On oublie presque qu'on est triste
Ils ne voient pas qu'je suis dans la lune
Ils ne veulent pas qu'je m'éclipse
J'ai besoin d'être seul
Les lumières de la ville dégoulinent sur la scène
Tu étais la seule
Mais tes yeux sont noirs, l'encre a remplacé la sève
J'ai pas besoin de toi (toi)

J'me sens à la dérive, ces temps-ci
On dit l'univers infini
On dit aussi qu'il s'étend
Alors dans quoi s'étend-il?

J'ai pas les pieds sur terre
J'ai besoin d'espace
J'ai peur de ta face cachée
J'ai pas les pieds sur terre
Pour moi, terrien
J'ai peur de ta face cachée

[...]

Comment on a pu en arriver là?
Malgré une infinité d'trajectoires possibles
Le destin a choisi d'nous mener à cet instant précis dans l'univers
Qui aurait pu prévoir c'que le passé nous réservait?


J'ouvre les yeux et ils atterrissent dans ceux de Ken qui est déjà en train de me regarder, casque sur la tête. On se regarde simplement pendant quelques longues secondes avant que Diabi ne commence à parler et que nos regards ne se quittent.

Alunissons.



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