The Immaculate Sun

Chapitre 4: L'Exetaséïs

Année L20, Royaume de Mydriav, Palais du Crépuscule, Cour arrière, 9h00

Je ne devrais pas être ici. Je pourrais attendre la fin de la cérémonie pour partir mais je vais être en retard. Mère m'avait dit de partir en avance pour être sure de ne pas me perdre. Si seulement je n'avais pas passé toute la nuit à imaginer comment se déroulerait l'examen j'aurais été plus vigilante sur le chemin ce matin. Pourtant il y avait bien écrit « Palais du Crépuscule, cour arrière » sur la convocation. On m'aurait tendu un piège? Père m'avait prévenu que les aspirants stratèges s'amusaient à égarer les nouveaux pour qu'ils ne passent pas l'examen. Je me serais donc faite avoir, quelle honte.

Un homme d'âge mûr aux cheveux noirs, plus grand que la moyenne, vêtu d'une armure bleu nuit décorée de trois cercles d'or au niveau du cœur, s'avança vers l'estrade. Le silence s'installa dans la foule alors qu'il s'approchait de l'amplificateur de voix posé sur le pupitre. Il commença:

« Jeunes de tout horizons, aspirants guerriers, mages aux capacités exceptionnelles, bienvenue à la onzième édition de l'Exetaséïs !»

La foule gronda sous les applaudissements.

« Jeunesse, ton excitation fait plaisir à voir, le basané toussota intimant à la foule de se taire puis il continua, mon nom est Anar Medav, je suis le général en chef de l'armée de Mydriav. Le rayonnement de notre peuple n'a cessé de s'étendre depuis notre victoire sur Prytannia il y a maintenant dix-neuf ans. Cette influence que nous avons ne saurait continuer à s'étendre sans une relève digne de ce nom. Nous, ancien peuple nomade qu'on appelait autrefois les Traqueurs, nous nous sommes établis sur ces terres dans l'espoir d'un avenir stable pour les générations futures. Dans ce monde, les forts écrasent les faibles, c'est la simple réalité. Notre but est de faire de vous les meilleurs guerriers possibles. Vous l'avez sûrement déjà entendu mais cet examen n'est pas un exercice pour les enfants de coeur, nous allons vous pousser dans vos limites afin de déterminer, parmi vous, lesquels sont prêts pour porter nos couleurs, les autres pourront toujours retenter leur chance l'année prochaine, du moins, s'ils survivent. »

Bien qu'éloquent, ce n'est pas le discours du général qui va me donner la solution à mes problèmes.

Les mains moites agrippées à sa tunique de lin, elle réfléchissait à une solution pour se sortir de cette situation.

Les aiguilles de la grande horloge indiquent neuf heures et huit minutes, en sachant que l'examen écrit débute à neuf heures et demi, il me reste vingt-deux minutes pour sortir d'ici et rejoindre la salle d'examen.

Soudain elle réalisa.

Minute, mais je n'ai aucune idée d'où se déroule l'épreuve.

Elle se rembrunit.

Merde, merde, merde. Je ne peux pas amener le déshonneur sur la famille Esfendell.

« ...s'arrêtera une fois que la moitié d'entre vous ne sera plus capable de se battre. Maintenant que je vous ai expliqué les modalités de la première épreuve dans les grandes lignes, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bon courage. »

Le regard du général se perdit derrière la foule qui lui faisait face, invitant les autres à faire de même. Le bruit dissymétrique du courant électrique parcouru l'assemblée alors qu'un champ de force en forme de dôme s'abattait sur eux. Le dôme n'incluait pas l'estrade et, alors que la foule pleine d'incompréhension commençait à s'agiter, le général en chef et les hommes qui l'accompagnait partirent comme si de rien n'était. Soudain, avant même qu'elle n'ait le temps de comprendre ce qu'il se jouait, elle entendit une explosion retentir vers l'avant de la foule: un mage de feu.
Il avait lancé l'offensive et, par la même occasion, le début de la première épreuve. D'autres l'imitèrent et bientôt la cour arrière devint le théâtre d'une démonstration de dons plus terrifiants les uns que les autres. À droite, des éclairs noirs jaillirent mais ils furent contrés par un mur de terre, à gauche, des vagues d'eau profitèrent de la distraction engendrée par l'explosion pour noyer des dizaines de personnes en une fois ; dans le chaos qui s'était installé en moins de cinq minutes, certains tentèrent de fuir et se dirigèrent vers la barrière pour tenter de la percer: sans succès. Sur ce vaste terrain plat, ornée seulement d'une fontaine et de quelques buissons, il n'y avait nulle part où se cacher et l'aspirante stratège l'avait bien compris.