Chapitre 3: Les « on dit » de Tyniaval

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Année L08, Royaume de Prytannia,
Tyniaval, 17h08

« Tu as entendu ce qui est arrivé à la maison des Frajancy ?

-Qui ça ?

-Tu sais ces deux sœurs identiques tel un miroir et son reflet, dotées d'une beauté froide à glacer le sang, avec leurs longs cheveux d'or et leurs yeux pers, elles habitaient le vaste manoir à l'orée de la forêt.

-Ah oui, tu veux parler des tantes de la petite Ney, j'ignorais leur nom de famille, répondit l'institutrice du village, eh bien dis-moi, que leur est-il arrivé ?

-Mon mari m'a dit qu'il y a eu un incendie dans la nuit, les deux sœurs sont introuvables, quant à la petite, elle était sous le choc. Dieu merci, elle s'en est sortie sans aucun blessure, cependant, elle ne se souvient de rien.

-Dieu du soleil, mais c'est affreux, que vont-ils donc faire d'elle ?

-Ils l'emmènent à Grizeldor, au palais des Esfendell, c'est sous leur bannière qu'est organisé la Grande Sélection cette année. Même la famille royale y sera.

-Ne me dis pas qu'ils comptent l'y inscrire, elle n'a que sept ans et ils savent bien qu'elle n'a aucune faculté magique !

-Peter dit qu'elle pourrait attirer l'attention des nobles grâce à son esprit vif et ses aptitudes physiques, elle a montré des résultats bien au-dessus de la moyenne lors de la compétition d'automne et à rafler la première place à des petits maîtrisant parfaitement leur essence, la boulangère laissa planer un silence le temps de retirer un bout de pâte cru incrusté dans l'ongle de son annulaire, tout comme toi, je m'y suis opposée, quand il me l'a annoncé ce matin, je lui ai dit qu'on trouverait bien une place pour elle parmi nous ; ce à quoi il a répondu que, de toute manière, le chef du village en avait décidé autrement et que la gamine était sûrement déjà arrivée à l'heure où on en parlait.

-La pauvre, même si elle est plutôt mature, ça n'en reste pas moins une enfant, ressortir indemne de la sélection sans préparation relève plus du miracle que de la chance.

-Pour une fois, j'espère que cet idiot de Peter a raison et qu'elle aura l'occasion de se faire bien voir par toutes ces puissantes familles. Si seulement elle maîtrisait le Don, on n'aurait pas à se faire autant de soucis. »

Sur un soupir lourd de sous-entendu, les deux femmes clôturèrent la discussion, Magda, la boulangère tendit ses trois baguettes chaudes à Nina, l'institutrice, puis, avec une légère inclination de la tête et en se souhaitant mutuellement bonne journée, elles retournèrent chacune à leurs occupations.

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