Il est parfois de ces regards, lorsque deux partitions bavardes se tuent pour échanger langoureusement un silence, qui créent au creux du cœur des abîmes de désirs et d’ivresse. Un seul temps et tout le monde s’effondre. C’est tout à la fois les images des mains qui se mélangent, des lèvres qui convergent l’une l’autre, des effluves qui s’entrechoquent dans un fracas muet, des corps nus dont les roches glissent sous les draps vallonnés, perlés de sève volcanique ; c’est les tableaux des histoires qui n’ont ni début ni fin, des bris de rêves et des crépuscules qui bavent sur une mer mouvante.
Puis, le chef d’orchestre, cruel, ordonne de nouveau avec virtuosité la verbosité usuelle. Alors, l’on s’enivre pour s’inhiber des logorrhées et que s’exalte sous le parfum des étoiles, le tambourin mêlé aux grosses caisses au clair de lune.
Tandis que le monde s’éteint autour, l’on s’offre sous cette pluie d’étincelles spectrales, une danse insolente. Qu’il est beau de mourir heureux.
