Chapitre 3 : Chute

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La nuit venait de tomber quand Draco reprit conscience. Oui, elle venait de tomber, il le sentait.

Par Mordred, il le sentait ! Donc il n'était pas mort. Mais... était-il vraiment vivant ? Les bruits de la nuit, du vent dans les feuillages et l'odeur de viande crue de son corps blessé mettaient ses sens à mal. Avec mépris, il ressentit l'agitation autour de lui : des mouvements, des danses vivantes, telles l'effervescence des souris quand le chat n'est pas là.

C'était une bonne nouvelle. Les détraqueurs n'allaient pas tarder, mais cela voulait dire qu'ils n'étaient pas près d'arriver. Ni très loin, ni trop près. Il lui restait du temps.

Il parvint à bouger ses doigts griffus. Toujours fonctionnels ? Bien. Il avait une chance. Se redressant lentement sur ses deux pattes avant, il parvint à relever son buste. Tout à coup, une douleur aiguë se déclara dans son ventre qui se contracta et il vomit ses tripes. Une nauséabonde bile acide au dérangeant goût de fer s'expulsa durement du fond de sa gorge.

Quand ses soubresauts se calmèrent, il s'obligea à analyser les alentours. Tout autour de lui, il y avait du sang. Un sang qui allait mener les détraqueurs à lui.

Au loin, il entendit les clapotis d'un ruisseau. S'il parvenait à se traîner jusque-là... Il serait peut-être sauvé.

Mettre une patte devant l'autre s'avéra être un supplice, mais il devait le faire. Ses membres arrière étaient paralysés. Il parvint à les traîner. Sa force mentale malfoyenne ne l'avait donc pas quittée !

Alors que le chant du vent et de la forêt l'encourageait à avancer, il prit conscience d'une chose. Le ruisseau était en fait une grande rivière. S'il se laissait porter, le courant l'emmènerait loin...

Il traîna son corps sur le sol, sentant des bouts de bois et des morceaux de pierre se faufiler dans ses blessures.

Draco entendait l'eau, il était de plus en plus près...

Le vent siffla un peu plus fort et la forêt se calma. C'était le signe. Les détraqueurs étaient presque là. Mais lui aussi atteignait son but.

Il allait vivre.

Il percevait une mystérieuse résonance dans le bruit de l'eau, mais peu importait, il savait qu'il s'approchait. Les sifflements du vent ne pouvaient lui faire peur.

Il se hissa par-dessus un rocher. Ça y est, il y était ! Et ce fut le silence.

Le grand loup gris regarda vers le bas de son perchoir et enfin, il réalisa ce que ses sens s'évertuaient à faire remonter jusqu'à sa conscience depuis qu'il avait commencé à se hisser.

Une falaise...

Ou plutôt un canyon très abrupt. L'eau était bien là, tout en bas, à une centaine de mètres de sa position. S'il sautait... Il n'avait quasiment aucune chance de survivre.

Mais il n'avait plus le temps de reculer ni de changer de chemin.

Il était piégé.

Même les sons rassurants des bois s'étaient tus. Un silence pesant avait envahi la forêt. Le vent aussi avait pris la fuite.

Merde... Ils arrivent...

D'abord ce fut un murmure triste, presque plaintif. Puis il y eut une voix trop aiguë pour être intelligible. Et enfin les hurlements. Plus glaçants que le plus froid des hivers, plus torturés aussi et écœurants comme l'odeur pestilentielle des cadavres pourris. C'étaient les feulements des croque-morts. Leurs chiens de chasse.

Ils étaient autour de lui, le coinçant contre ce ravin. Ils préparaient l'arrivée de leurs maudits maîtres. Les âmes perdues. Les voleurs de vie. Les détraqueurs.

Draco n'avait plus le choix. Ou bien alors il n'en avait qu'un. Entre se faire damner à jamais, et mourir noyé.

Il ne comptait plus les moments où son corps et son esprit s'étaient rapprochés des airs pour mieux s'écraser au sol. À sa naissance, on l'avait jeté par-dessus les flammes et il avait atterri dans une boue rouge de sang. Parmi les siens, il était l'éclaireur et celui qui dirigeait tout depuis les hautes sphères, mais son regard toujours, était tourné vers le bas de la terre.

Et avant qu'il ne puisse recevoir sa place au côté du Maître, on l'avait trahi. Ses camarades pour qui il avait risqué sa vie, l'avaient trahi. Ils l'avaient jeté dans l'antre noir des détraqueurs...

Son existence était une perpétuelle chute. Vers quoi ?

Peut-être bien vers la mort cette fois.

Il laissa glisser son corps dans les ténèbres de la gorge.

oooOOXXXOOooo

N'hésitez pas à me donner votre avis et vos conseils, ça m'encourage beaucoup :)

Merci de m'avoir lu et à bientôt !

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