Chapitre 72 : Journal de Fleamont - extrait 2

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Vingt et unième jour de la 305ème année, de retour au Manoir Potter

Cher Journal,

On a apporté le démon dans mes quartiers en fin d'après-midi. A tête reposée, je me rends compte de combien j'ai agi impulsivement. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de l'acheter... Je ne sais même pas quoi faire de lui ! Mais quand je repense à ce que j'ai fait ce soir-là, je me dis que pour rien au monde je n'aurais agi différemment. J'éprouve au fond de moi, une indescriptible envie de le protéger.

J'avais déjà entendu parler de ces démons ailés. Ces monstres sensuels qui charment par leur beauté et éveillent les désirs les plus malsains. Hier soir, c'était la première fois que j'en voyais un en vrai. Et jamais je ne me serais attendu à réagir aussi fortement. Le démon a éveillé en moi une passion grisante... que je ne saurais combattre.

Pourtant, excepté ses yeux rouges et ses ailes, le démon n'a que l'apparence d'un gamin tout à fait normal. En le détaillant de plus près, j'ai même remarqué que les traits de son visage sont très doux. S'il n'y avait pas cette aura glaciale autour de lui, j'aurais certainement pu le prendre pour un être gentil et inoffensif.

En entrant dans sa chambre en début de soirée afin de voir comment le démon se portait, une odeur sucrée m'a agressé les narines. Une forte odeur de fleurs de magnolia.

Je me suis approché de la cage doucement. Les deux yeux rouges ne me lâchaient pas alors que j'avançais. Ses yeux ne reflétaient pas la peur, mais je le voyais lui qui frissonnait.

Je me suis accroupi devant lui.

- N'aies pas peur, ai-je soupiré. Je ne te ferai pas de mal.

C'était idiot d'avoir dit ça. Je ne savais pas ce qui m'avait poussé à tenter de gagner sa confiance.

- Comment tu t'appelles ? ai-je continué.

Le démon ne m'a pas répondu et a continué à me fixer de son regard perçant. Le voir à travers ces barreaux commençait sérieusement à m'énerver. Alors j'ai pris la décision de le libérer. De toute façon, il ne pouvait pas quitter la chambre.

- Comme tu voudras. J'ai décidé que j'allais te sortir de ta cage. Tu en penses quoi ?

Une fois de plus, le démon n'a eu aucune réaction. Après avoir ouvert les portes de sa cage j'ai décidé de sortir afin de rejoindre le bureau.

- Il y a des toilettes juste là, de quoi te doucher, t'habiller ici et manger là, lui ai-je expliqué en montrant les différentes parties de la grande chambre. Fais comme chez toi. Et ne t'inquiète pas, je ne dors pas ici.

Je devais travailler ce soir et je pensais que le démon préfèrerait sûrement de l'intimité pour se mettre à l'aise.

Alors que j'allais fermer la porte, il a lâché d'une voix mielleuse, son corps ondulant comme un chat :

- Tom. Je m'appelle Tom.

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