noyade du vivant

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le noir se noyait dans les vagues diaphanes. vous regardiez encore la vitesse, comme si elle était à la portée de votre respiration. il cria d’une passion tellement forte que vos accouphènes en étaient renversés. vous ne répondîtes rien. vous regardiez la route comme on observe une oeuvre d’art. elle se pliait aux mouvement que le corps lui même dictait aux roues et au volant.

la voiture ne roulait plus. ses roues orphelines dessinaient le bourreau vagabond qui faisait flancher les coeurs dans les profondeurs sous marines. les morceaux de verre pilé foudroyaient votre échine. elle se pliait tendrement à la danse d’un goudron brûlant. vous écoutiez les soupirs de juillet. vous aviez embrassé l’asphalte et ses graviers errant sur les lèvres. le corps était un pantin dont l’ivresse s’amusait tendrement. vos poumons étaient violemment étouffés par le délice de la mer.

vous étiez dans l’eau, comme attiré par les reflets noirs de la lune meurtrière. il était sur le sable, allongé contre la carcasse de voiture. il hurla. la noyade de vos maux lui répondit, en vain. vous étiez enseveli par une mélancolie heureuse. son désir de vitesse avait tué l’ivresse, destrucrtice et aimée des noctambules.

le corps désarticulé se mouvait dans l’eau d’été trop froide et trop fragile. il fût, le temps d’une vie, l’amant éternel des baisers solitaires. les mains sortaient des vagues. il les regardait, impuissant. l’aube, la fatigue, la respiration coupée et les souffles morts vous brisèrent. la noyade est si fragile qu’on en est presque étouffé. le grain nu de la peau bleue baisa tendrement vos lèvres gercées par la vitesse.

la nuit s’était amusée de ses excès tempérés, laissant la mer dévorer le corps et la chaleur qui s’écoulait de lui, comme hors du temps. il était sur le sable, immobile, respirant encore dans les restes de ses larmes amères. vous étiez, englouti par l’aube, dévetu de toute douleur. le mal de mer vous quitta, lentement. vous étiez bercé plus que par le souffle du vent. parfois, dans une respiration, il appellait votre nom noyé par l’alcool perdu dans ses entrailles, comme porté hors de lui.

la vitesse danse sur la mort, elle se laisse subermger par votre impuissace, débordante et habitée de toutes folies.

tombe et parterresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant