Chapitre 9bis : Naïs

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Chapitre 9 : Athénaïs (du 10 juin à début juillet)

J'étais en grandes vacances.

Cela me faisait bizarre car je n'avais pas la joie de quitter une classe insupportable ou, à l'opposé, la déchirure ou le deuil que j'avais déjà ressenti en quittant un groupe merveilleux.

Une grande partie de l'année, pour ne pas dire la quasi totalité, j'avais eu cours en français par le CNED. Mon père, satisfait de la méthode, tendait à penser que je pourrai faire la même chose l'année prochaine. En effet, cela représentait de beaux avantages pour moi et pour lui aussi. J'étais persuadée que m'amener à l'arrêt de bus ou au lycée ne l'aurait pas trop dérangé, cependant, je savais que si je restais à la maison comme la recluse que j'étais, c'était pour me protéger du meurtrier de ma mère adoptive et de ma mère biologique.

Nonobstant je pouvais tout de même sortir comme, par exemple, en boîte avec Léna qui était majeure. C'était ma première sortie et je devais reconnaître que je mis quelques quarts d'heures à m'adapter à l'oppression que je ressentais parmi toutes ces personnes. Je n'avais malheureusement plus l'habitude d'être dans une foule dans un endroit fermé.

Léna et moi avions toutes les deux revêtues des tenues légères. Il faisait bon quand nous commençâmes à danser mais froid quand nous sortîmes. Léna, dans un petit haut blanc et un short en jean déchirés, montrait à tout le monde qu'elle avait l'habitude des regards et de la danse. C'était loin d'être sa première sortie. J'appréciais la confiance en elle qu'elle dégageait. C'était beau à regarder.

Elle me prit la main et m'invita à danser tout près d'elle. Elle rit quand je commandais une limonade, comme avec Wendy et Valentin, en septembre.

Léna et moi passâmes beaucoup de jours dans la forêt près de la maison. Nous prîmes pleins de clichés. L'appareil photo de mon téléphone que j'avais délaissé jusque-là regagnait progressivement tout mon intérêt. Je savais maintenant ce que je voulais pour mon prochain anniversaire, maintenant que la photographie redevenait ma passion initiale. Je pris notamment la nouvelle photographie de profil de Léna, qui fut l'image la plus aimée de son compte Mistigri

Je lui avais demandé si elle pensait souvent à ce qu'elle avait enduré avec Gabrielle. Elle me répondit honnêtement que oui. Même en étant une louve, puis une vycanthrope, elle n'avait jamais rien vécu de tel. La souffrance physique et mentale avaient été à leur apogée et elle avait trop de cris et d'images traumatisantes en tête pour pouvoir les oublier en quelques semaines. Suite à cette discussion, je réussis à trouver dans mon livre de sortilèges deux recettes de tisanes qui apaisaient "les esprits tourmentés". J'espérais que Léna aille mieux progressivement. Elle était déjà orpheline et j'avais le sentiment qu'elle avait vécu d'autres choses traumatisantes durant son enfance. Elle ne méritait pas ce qui lui était arrivé.

Quelques jours passèrent où Léna retourna chez ses cousins en France. Elle m'avait dit avoir besoin de retrouver ses proches, ce que je comprenais totalement.

Tout en cuisinant, les fenêtres ouvertes libérant un léger vent et de bonnes odeurs d'écorce d'arbres dans la demeure, j'appelais Ayden.

Il me parla du voyage qu'il allait faire en Corse avec sa famille dans quelques semaines, de ses animaux qui n'avaient pas encore de gardiens pour leur absence ou encore d'une fille qui lui plaisait beaucoup. Il m'envoya une photo d'elle qu'il avait trouvé sur son compte Mistigri. Je trouvais cette fille splendide mais elle semblait arrogante. J'espérais sincèrement qu'elle n'allait pas briser le cœur de mon meilleur ami et frère au cœur d'artichaut.

-Ma mère veut agrandir la ferme ! Tu réalises ? Comme s'ils n'avaient pas assez de travail comme ça. Elle veut faire des fromages de chèvres bio en plus des fromages de vaches. Elle est folle. Je lui ai dit qu'elle irait les retourner toutes seules. Tu sais ce qu'elle m'a répondu ? Qu'en refusant de l'aider je ruinais ses efforts pour sauver la planète ! C'est vraiment la meilleure ! Moi qui suis végétarien depuis 5 ans !

Je ris.

-Elle disait ça pour t'agacer, ne t'en fais pas, Ayden ! Donc, tes parents vont-ils bien ?

-En pleine forme, commenta-t-il. Trop même.

-Tu as vu ? M'exclamai-je en faisant éclore les bourgeons qui n'étaient pas ouverts.

-C'est formidable, me sourit mon père. Si j'avais su que tu pouvais faire ça, je t'aurais amené dans le jardin plus souvent !

Je l'aidais à ramasser des branches et des feuilles tombées après la tempête de la nuit dernière. En effet, le jardin étant entouré de hauts sapins et arbustes en tout genre, il n'était pas rare de retrouver de longues branches en se réveillant.

-Dis, depuis combien de temps connais-tu Côme Amestoy ?

Il passa encore quelques coups de râteaux avant de me répondre.

-Cela va bientôt faire cinq siècles. Côme en ayant six et les vampires étant moins nombreux dans ce temps-là, chaque moment avec nos paires était précieux. J'étais jeune. Je voulais vivre dans une congrégation. Malheureusement, Côme a toujours détesté cela et il a refusé que je le rejoigne. Sur le coup, j'ai été très vexé mais aujourd'hui, je me dis que c'est mieux ainsi. Nous n'avons pas du tout les mêmes façons de vivre ni les mêmes valeurs. Nous nous sommes de nouveau rapprochés quelques années avant ta naissance avant de nous éloigner.

-Tu connaissais ma mère ?

Il hocha la tête.

-Bien sûr et nous ne nous séparions jamais.

Le soir même, après avoir mangé des escalopes panées et du riz cuisinés par Maëlle, je fis des recherches sur Côme Amestoy. Il répondait plus exactement au nom de Côme Paulin Amestoy ou CPA en guise de signature. J'appris qu'il travaillait dans un hôpital d'Edimbourg, la capitale de l'Ecosse qui se situait à une trentaine de minutes d'ici, et je trouvai même son adresse quelques pages internet plus loin.

Je me dis alors que je ferais mieux de vérifier les informations que l'on pouvait trouver sur moi par Internet.

Si Côme connaissait déjà ma mère, il pourrait aussi bien être le meurtrier que je recherchais. Si seulement Adriano m'avait donné le nom de la personne dont il me protégeait, cela aurait été plus simple ! J'avais bien essayé de repérer le numéro d'Adriano Agnesi sur Internet aussi, mais je ne trouvai rien. Il fallait que je sois sûre de mon coup. Il fallait que je me rende à Edimbourg.

Il était une fois eux [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant