Pensées d'une fille

3.

Ceci est une lettre d'adieu.

Je ne m'aime pas. Je ne me suis jamais aimé. Je ne peux alors n'en vouloir à personne de ne pas m'apprécier. Je suis étrange sans avoir aucune raison de l'être. Je n'ai vécu aucun drame, aucune tragédie qui justifierait mon comportement. Je suis désagréable et les gens me sont désagréables. Même lorsqu'ils essayent d'être gentils ou « à l'écoute » comme ils aiment si bien le dire.

Je ne demande à personne de me plaindre, encore moins de me pleurer. Je ne mérite pas tant et je le sais. Car tous les personnages dérangés que j'ai pu voir ou rencontrer que ce soit dans la vraie vie ou dans un roman joliment ficelé, ont toujours eu une raison d'agir comme il le fallait. Et leur départ de ce monde, ils le justifiaient par la volonté d'arrêter de blesser les gens qu'ils aiment. Moi, je suis égoïste et le fais seulement pour arrêter ma propre peine.

Par ailleurs, je ne sais même pas si l'on peut qualifier le sentiment que je ressens de peine. Cela ressemble à du vide. Ou mieux encore à un trou noir. Un condensé de sentiments qui aspire toute mon énergie et ma force inexistante sur son passage. Quelque chose qui défie les lois de l'espace-temps. Je ne suis pas une supernova. Je ne suis pas une étoile qui explose magnifiquement à la fin de sa vie. Je suis un trou noir. Et rien ne me comble, ni ne me fait sourire. Je ne sais même pas ce que signifie le mot bonheur, mais cela a l'air d'un truc stupide que les gens se persuadent de ressentir pour ne pas finir comme moi ou pire.

Bon, je trouve que j'ai assez bien résumé mon brouillon de vie au travers de ces phrases incompréhensibles que je laisse volontiers à la postérité. Je veux seulement reposer en paix si cela est possible.