D'Ombres et de Ténèbres

Chapitre 1 - Un Fantôme du Passé

Maguière, Territoires Partagés, Académie d'Orvalette

Année 27:65

De toutes évidences, les quelques quatre années et des poussières depuis la fin de la guerre avaient suffis pour réparer les dégâts causés à l'académie militaire d'Orvalette. Il était impossible à la femme qui se tenait devant les grandes portes de bois de déceler la moindre différence entre l'édifice lui faisant face et celui dans lequel elle avait travaillé avant de décider de prendre part au conflit.

Une question de priorités de toutes évidences, car les quartiers résidentiels qu'elle avait traversés pour arriver jusqu'ici étaient loin d'être dans le même état rutilant. Rien d'étonnant après tout, Maguière avait été l'une des premières planètes prisent pour cible par l'homme qui avait entraîné toute la galaxie connue dans sa guerre, la raison principale en étant le bâtiment qui s'étendait au-devant de la voyageuse : composé de dizaines d'édifices, tours et terrains d'entraînement il toisait tous les nouveaux arrivants du haut de la colline sur laquelle il était juché.

L'Académie était l'âme et le cœur d'Orvalette, c'était même la ville qui s'était créée à ses pieds plutôt que l'inverse. Maguière était une planète de taille respectable, mais ni immense ni particulièrement riche en ressource, et les conflits inter-territoriaux y étaient monnaie courante depuis des générations. Cela jusqu'à ce que le fondateur de l'école, un homme influent dont l'identité s'était déjà perdue dans les brumes du temps, déclare l'indépendance de ce petit territoire et en fasse ce qui deviendrait plus tard les Territoires Partagés :un petit pays neutre, où les affrontements étaient interdits.

Il s'agissait de l'endroit parfait pour réaliser son projet :construire une école militaire, ouverte à toute la jeunesse sans restriction d'origine, dont le but officiel était de former des générations d'élite pour prendre la suite des différents gouvernements. Évidemment, le fondateur ne s'était pas arrêté là,et, petit à petit, à force que les anciennes générations soient remplacées par les nouvelles qui avaient grandies et étudiées ensembles pendant des années, apprenant ainsi à se connaître, les conflits ravageant ce monde s'étaient taris jusqu'à ne devenir, pour la plupart, que de mauvais souvenirs.

La femme s'approcha tout en détaillant du regard les gravures de la porte,elle crut dans un premier temps qu'elle ne les reconnaissait pas du tout, mais elle stoppa net son avancée lorsque son regard tomba sur une partie de la frise.

Une femme en armure s'y tenait, l'air féroce, une bataille déchaînée l'entourant de toutes parts, elle brandissait au-dessus de sa tête une longue épée, prête à l'abattre d'un moment à l'autre pour achever le dragon qui gisait à ses pieds.

La scène semblait sortir d'un livre de légende, et pourtant la femme savait qu'il n'en était rien, elle n'avait pas déjà vu cette scène auparavant, non, elle l'avait vécu ! Fébrilement ses yeux se baladèrent sur toute la fresque, s'arrêtant ici et là, et elle n'eut plus aucun doute : toutes ces scènes étaient tirées de la guerre !

- Une œuvre splendide n'est-ce pas ? retentit une voix à ses côtés.

La surprise la fit se retourner avec un sursaut vers le jeune garde qui s'était avancé vers elle, sa hallebarde à la main, mais n'ayant pas l'air agressif. Elle se détendit rapidement et hocha la tête.

- Les détails sont impressionnants.

L'autre suivit son regard, de nouveau fixé sur la scène au dragon, et il sourit :

- Épatant n'est-ce-pas ? Cette scène de bataille représente le combat épique opposant un grand dragon noir à l'un des plus grand général de la Coalition. C'est l'événement le plus connu représenté sur ses portes. Malheureusement, avant de pouvoir voir la paix pour laquelle elle se battait, le général d'Hamarie fut comptée parmi les pertes.