Chapitre 3

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Non, je n'avais pas compté sur ma famille pour réussir. Je m'étais faite moi-même, avec le soutient de ma mère à mes côtés qui elle-même s'était reconstruite seule par ses propres moyens une fois retournée en Suisse, son pays d'origine.
La route jusque là n'avait pas été un long fleuve tranquille, mais l'arrivée en valait le coup. Je ne regrettais pas son choix, j'avais vécu de merveilleuses années en Suisse que je n'échangerais pour rien au monde malgré que toute la famille du côté de mon père lui en voulait pour cela.
Pour eux, cet acte signait la fin de la loyauté et du lien familial, et une fois celui-ci brisé c'était se mener seul dans un précipice. La trahison était puni par la mort dans cette famille et ma mère y avait échappé uniquement parce qu'elle avait sauvé mon grand-père d'une mort imminente il y a des années bien avant son mariage avec mon père. Elle n'avait pas été épargnée par amour, c'était le plus désolant à mes yeux.

Sur la route, je fixais mon reflet dans la vitre teintée de la voiture puis reportais mon regard sur l'écran de ma tablette numérique où je lisais et répondais à quelques mails du travail. Ma secrétaire Nora m'avait transmise quelques dossiers à étudier. Généralement en vacance je ne travaillais pas mais un gros contrat se préparait pour bientôt alors je ne voulais pas le louper. Mon travail était tantôt un échappatoire aux petits soucis de la vie quotidienne tantôt l'un des moyens pour moi de sentir à quel point je pouvais dépasser mes limites. J'aimais négocier, signer des contrats, mener le navire là où je voulais qu'il soit et me faire plaisir avec ce que j'aimais. Travailler dur me permettait de m'offrir cela de moi-même et c'était l'un de mes plus grands accomplissements.

Arrivée à destination, je découvris un immense restaurant privatisé pour ce dîner. Je suivis mon grand-père et mon père à l'intérieur de l'endroit à la décoration raffinée et chaleureuse. Des membres de la famille Moretti se tenaient là et j'avais la drôle impression que nous nous jetions dans la gueule du loup.

« Bonsoir Vincenzo, comment te portes-tu ? » Lança mon père en direction d'un homme d'une trentaine d'année au regard sévère qui s'avançait vers nous. Il portait un costume crème fait sur mesure.

« Très bien Cesare. »

Son regard se tourna vers moi après avoir serré la main de mon père suivit de celle de mon grand-père. Il esquissa un sourire.

« Votre fille n'est ce pas ? De retour parmi nous. » Il prit ma main pour me saluer avec une lueur d'approbation dans les yeux.

Pendant que nous le suivions je sentais quelques regards en notre direction, je me sentais épiée. Je dissimulais du mieux que je pouvais à quel point j'étais mal à l'aise et refusais poliment une coupe de champagne proposée par un serveur, je n'étais pas en état d'avaler quoique ce soit d'alcoolisé pour l'instant.
Vincenzo nous guida entre tout ce beau monde à l'une des tables les plus à l'écart mais qui semblait tout autant être la plus prisée. Il tira ma chaise. En relevant les yeux je croisais les yeux sombres d'un homme à quelques mètres de moi. Son pouce tapotait lentement la nappe et son dos reposait sur le dossier de la chaise. Il dégageait une certaine aura qui me déstabilisa pendant quelques secondes.

« Merci Vincenzo. » lâcha-t'il de sa voix rauque.

Il me disait quelque chose mais impossible de savoir qui. Une barbe recouvrait ses mâchoires virils, je baissais les yeux jusqu'à la naissance de son torse visiblement musclé recouverte par une chemise noir puis croisais les jambes en me redressant un peu sur ma chaise. Du coin de l'œil je vis mon père et mon grand-père discuter avec un groupe d'homme non loin de là ce qui me rassura.

« Alaïa... »

« Oui, je vous connais ? Vous ne me semblez pas complètement inconnu. »

« Non mais il n'est pas impossible que nous nous soyons déjà croisé. Je me suis rendue en Suisse de nombreuses fois ces dernières années. »

Je fronçais brièvement les sourcils mais me souvenais bien vite que tout le monde ici avait eu vent de l'histoire de ma mère et que des informations sur la vie de ses convives n'étaient pas bien dur à trouver pour ces personnes là.

« Et vous, vous êtes ? » dis-je à la place en acceptant cette fois ci une flûte de champagne de la part d'un serveur. Je la portais à mes lèvres et en appréciais le goût sur ma langue.

« Lazzaro Moretti. Le dirigeant de cette grande famille. »

Mon ventre se crispa lentement. Il devait avoir trente-deux ou trente-trois ans tout au plus mais je n'eus aucun mal à l'imaginer à la tête du clan Moretti. Cette homme dégageait du contrôle et une sévérité rien qu'à se trouver dans la même pièce que lui, pensai-je en fuyant son regard tout à coup quelque peu perturbant avant de prendre à nouveau la parole.

« Mon grand-père m'a parlé de vos arrangements. C'est une bonne nouvelle. » dis-je doucement.

« Pour votre famille s'en est une effectivement. Il le valait mieux. »

« à vrai dire... je ne connais pas les enjeux de ma famille. Je suis arrivée aujourd'hui et après tant d'année d'absence je n'ai pas encore eu le temps de me mettre à jour sur toutes ces histoires. »

« Et pourtant vous devriez Mademoiselle Alvarez, il y a des choses qui vous concerne.» dit-il d'une voix un peu plus sombre.

« Je suis occupée par autre chose en ce moment. Je suis venue uniquement pour mon grand-père pas pour autre chose. »

Il glissa son regard sur moi, de mes yeux à ma bouche suivis de mes doigts autour de mon verre et je sentis comme des brûlures infimes sur ma peau. Il me fixa à nouveau droit dans les yeux tandis que je reposais ma flûte de champagne sur la table.

« Hum... C'est votre entreprise qui occupe votre temps j'imagine. Elle a du succès, vous vous débrouillez plutôt bien dans les affaires. »

« En partie oui, j'ai appris à me faire une place.»

« Vous êtes déterminée... C'est très bien. » dit-il doucement.

La Promise (1er jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant