Chapitre 24 ✔️

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Nous étions le soir même. La famille se réunit à la maison pour un grand repas.
L'ambiance était légère et les rires d'enfants me réchauffèrent le cœur. Livia était à mes côtés en cuisine.

« Tu peux goûter Alaïa ? me demanda-t'elle en me tendant une cuillère de sauce.

- C'est délicieux.

- Adrian me dit que je suis nulle en cuisine. Mais j'essaie de m'améliorer.

- Il dit n'importe quoi. Et s'il n'est pas content il n'a qu'à prendre le relai.»

Elle rit comme si ce que je venais de dire était inenvisageable.
La sonnerie de mon téléphone s'éleva dans la pièce.

« Allô ? »

« J'ai du nouveau concernant ta mère. »

J'éteignis le feu sous la poêle dont je m'occupais et sortis par la porte qui menait à la terrasse pour trouver un peu de calme. Il y eu un blanc.

« Je t'écoute Ismael.»

« C'est Lazzaro qui a ordonné son meurtre. Tu peux en être convaincu maintenant sans compter ce que tu as trouvé dans ton sous-sol. Je t'envoie le tout dès maintenant. »

Je relevai les yeux sur la mer au loin et raccrochai. Je glissai le téléphone dans la poche de mon tablier et repris place en cuisine.
Tout en retournant le poisson qui crépitait dans la poêle, je me dis que je nourrissais la bouche de celui qui me détruisais depuis des mois.

« C'est ton mari qui doit être content en terme de cuisine. » me dit Livia

« Oh je ne suis pas douée moi non plus. Je cuisine très peu à vrai dire. »

J'éteignis le feu, disposai le tout dans des plats avec attention comme si tout cela avait encore un sens. J'entendais les rires et les discussions qui provenaient du salon. Livia partit les rejoindre.
Pendant ce temps, je me servis un verre de vin que je serrais entre mes doigts.
Un raclement de gorge me fit me retourner.

« Tu ne viens pas ? » me demanda Lazzaro en s'approchant de moi.

Je bredouillais une réponse en lui disant que je ne m'étais pas rendue compte que j'étais là depuis un moment. Il posa un baiser sur ma tempe et me serra contre lui. Ma tête reposa sur son torse quelques secondes. Je me sentais épuisée en réalité mais je ne cessais de me répéter que bientôt tout cela n'existerait plus.
Peut-être que je me mentais à moi-même, peut-être que je cauchemardais.

« Tu as changé de parfum. » lâcha t'il comme une affirmation plus que comme une question.

« Oui. »

« Je préférais l'autre. »

Je le regardai dans les yeux.

« Je sais Lazzaro. » je caressai machinalement sa joue recouverte par sa barbe, et lui mis mon verre encore plein dans les mains avant d'aller rejoindre sa famille au salon.

Sa tante se pencha vers moi avec un sourire.

« ce que tu dégages, tes cheveux ainsi que ton visage ont changé. »

« Comment ça ? »

« Oh tu sais... » elle haussa les épaules avec toujours ce même sourire mais cette fois-ci en fixant mon ventre.

Le faux sourire sur mes lèvres se fana comme une fleur qu'on venait d'arracher et de secouer trop fort. Elle se pencha ensuite vers Lazzaro qui m'avait suivit de près et lui dit quelque chose que je n'entendis plus. Comme enfermée dans une bulle, je fixai sur la table le verre de vin que je n'avais pas encore bu.

Tout le monde paraissait parfaitement heureux autour de moi. Comme dans une réalité parallèle et superficielle que rien n'attendrait. Les lumières des bougies, la musique d'ambiance en fond, tout cela semblait s'étouffer sous la lourdeur du temps. Je ne savais pas si j'étais la seule à la ressentir mais il me sembla que oui.

Trois heures plus tard, tout le monde était rentré.
Je rangeais et m'appliquais à nettoyer les derniers détails de la cuisine. Je me concentrais sur une tâche de sauce au milieu du marbre blanc et la delogeai à l'aide de mon éponge.

« Elle pense que tu es enceinte. »

Je lui adressais un coup d'œil.

« Je prends la pilule. Il y a peu de chance pour que je le sois.» dis-je comme pour me rassurer moi-même et me concentrais sur mon plan de travail que je récurais.

« Qu'est ce que tu fais ? La femme de ménage doit venir demain. »

« Ça me fait plaisir d'enlever ces taches. J'ai au moins le droit de faire ça non ? »

« Si tu es enceinte tu dois te ménager. Et mieux me parler. »

« Je ne suis pas enceinte. » articulai-je.

« Je veux qu'on ait un enfant. » il haussa le ton et m'arracha soudainement l'éponge des mains.

Je le regardais le souffle court.

« Et moi je ne veux pas d'enfant. Il va falloir que tu le fasses avec une autre femme Lazzaro. » lui dis-je avec une voix qui sous-entendait que je savais beaucoup plus que je ne le laissais paraître.

« Je veux que tu sois la mère de ma descendance. Toi et pas une autre. »

Sa voix sonnait comme un ordre.

« Qu'est ce que tu y gagnes que ce soit moi et pas une autre ? Hein ? Dis moi, j'ai besoin qu'on m'explique. »

« Je t'aime, tu es à moi. C'est naturel que ce soit avec toi et je veux qu'il en soit ainsi, c'est une raison suffisante. »

Un rire s'échappa de mes lèvres tandis que je me lavais les mains.

« Quoi ? Tu m'aimes Lazzaro ? »

« Je pense que tu as besoin de dormir. Tu as sûrement bu. »

« Je n'ai pas avalé une goutte. Tu me dégoûtes. Tout n'est qu'un tissu de mensonge avec toi. »

Il fronça les sourcils, se rapprocha de moi mais accompagné d'un geste de recul, je lui criais de rester loin de moi.

« Je sais tout. »

« De quoi tu parles ? »

« Ma mère, Carmen, tout ! »

Il demeura silencieux quelques secondes. Il me fixait attentivement.

« C'était nécessaire Alaïa. Ta mère est un obstacle depuis des années, elle prévoyait de t'éloigner de moi à nouveau, c'est ce qu'elle voulait de toi, que tu viennes puis que tu emportes tout avec toi, que tu me laisses. Et Carmen, ce n'est personne... tu me rendais fou, je voulais respirer, te sortir de ma tête. »

Je le regardais ahurie, avec dégoût, le cœur au bord des lèvres.

« Qu'est ce que tu racontes »

« Tu ne sortiras plus d'ici désormais. Je t'ai laissé trop de liberté, je voulais être gentil, prendre soin de toi... maintenant tu es en colère mais on doit prendre soin du bébé. »

« Il n'y a pas de bébé ! » hurlai-je en poussant violemment la chaise qui se trouvait face à moi.

« J'ai remplacé tes plaquettes de pilule avec d'autres. Tu n'es plus sous contraceptif depuis quelques mois. »

La Promise (1er jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant