Le poison du Yao Ren

Chapitre 1

Yop', pour  vous faciliter la vie ; les notes sont soit disponibles en commentaires, soit en fin de chapitre.

Remerciez Alcancia, la râleuse. ♥

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« Le chagrin et la peur naissent de l'amour ; l'abandonner empêche d'éprouver l'un et l'autre. »

Le Dharma [1]

L'ancienne porte métallique s'ouvrit dans un claquement et l'odeur nauséabonde de l'eau putride se répandit au-dehors, cherchant à s'échapper. L'homme qui l'avait ouverte se tourna vers le jeune homme vêtu de blanc avant de s'incliner respectueusement, l'invitant à entrer.

— Chef de secte, par ici, s'il vous plaît.

Bai Tan observa la mousse sur le sol et fronça les sourcils avec dégoût.

— Tu dis que le meilleur Yao Ren [2] élevé est caché dans ce donjon aquatique ?

Tandis qu'il terminait sa phrase, une flamme bleue apparut brusquement, brillant faiblement depuis les profondeurs du donjon. Elle provenait de la lampe d'une flamme éternelle [3]. Dans la pièce sombre, elle ressemblait aux yeux d'un prédateur qui s'apprêtait à bondir sur une proie sans défense, dégageant un sentiment inquiétant.

Après avoir descendu une volée de marches pavées, Bai Tan se retrouva plongé dans l'eau jusqu'aux chevilles. Alors qu'ils avançaient dans le donjon d'eau, les lampes, de chaque côté, s'illuminèrent de la même flamme bleue, éclairant les mystérieuses peintures anciennes dessinées sur les murs.

Au milieu du donjon d'eau se dressait un rocher particulier. Des nervures se développaient à partir de ses fissures, y liant étroitement une personne. Certaines d'entre elles, les plus fines, avaient germé et pris racine sur son cou. Il avait de longs cheveux blancs et était extrêmement pâle. Sa tête affaissée et son corps immobile le faisaient ressembler à une victime de noyade. Sans les mouvements infimes de sa poitrine, Bai Tan aurait pensé qu'il était mort.

Au vu de l'environnement, c'était un miracle qu'il soit encore en vie.

Le Yao Ren était lié au rocher depuis de nombreuses années, sans personne pour lui apporter ni eau ni nourriture. De plus, les nervures démoniaques qui le liaient avaient la capacité de ramener les morts à la vie, mais aussi d'empoisonner mortellement une personne saine. Sa survie montrait qu'il avait complètement absorbé les propriétés médicinales des nervures et s'était transformé en lingzhi [4] humain.

Bai Tan sourit, satisfait par cette idée. Il semblait que toutes ses blessures, nouvelles ou anciennes, pouvaient être soignées.

Comme s'il avait lu ses pensées, le Yao Ren releva progressivement la tête.

Le visage révélé était identique à celui du pire cauchemar de Bai Tan.

— Wu Yanfu !

Bai Tan recula, sous le choc.

En un clin d'œil, ses poignets furent liés par une chaîne. Le bout de celle-ci était à la portée du Yao Ren !

— Ah !

Bai Tan s'éveilla de son rêve, des frissons parcourant son dos en sueur. Il regarda la fourrure de tigre blanche et confortable sur laquelle il dormait, ainsi que le brûleur d'encens à ses pieds, sans comprendre pourquoi il avait froid.

Lorsqu'il tourna la tête, la pierre sculptée sur le mur attira son attention, et il s'en souvint immédiatement. C'était l'anniversaire de la mort de Wu Yanfu.