Chapitre 4

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Li Whuzhang était extrêmement doué pour la divination.

Il avait prédit beaucoup de choses, sauf une.

Il n'aurait jamais pu prédire que Wu Yanfu mourrait de la main de son plus faible et jeune disciple. Et encore moins que le shidi dont il prenait soin rejoindrait le mandala [1] en tant que chef de secte.

Il regarda ce dernier descendre de la calèche et s'avancer sur le pont de bronze qui ressemblait à une paire de mains gigantesques et menait au mandala. Puis, il tira la chaîne métallique attachée au Yao Ren, le faisant chuter du cheval sur lequel il était étalé avant de suivre Bai Tan.

La paire de mains de bronze s'ouvrit progressivement, comme celles du Bouddha lorsqu'il guidait les personnes vers l'ascension sur le mandala Ji Le [2]. Cependant, les escaliers étaient recouverts de crânes et les deux côtés du pont étaient composés de bras squelettiques épais qui s'élevaient dans les airs, telles des tiges de lotus des neiges. C'était sinistre et pitoyable. Ces mains qui essayaient de s'accrocher à la vie étaient remplies de ressentiment et de colère ; elles se dressaient de toutes les manières possibles.

Bai Tan avait déjà traversé ce pont à de nombreuses reprises, mais c'était la première fois qu'il l'empruntait de cette façon et avec cette identité.

Sur le mandala, des centaines de personnes attendaient. Les cinq chefs restants [3], sur les dix qu'ils étaient à l'origine, étaient eux aussi présents.

Il avança lentement, arrogant et décontracté. Jetant un coup d'œil aux mains, il se rendit compte qu'elles étaient plus effrayantes que jamais.

Wu Yanfu l'avait déjà averti que si la peur et la haine persistaient dans le cœur d'une personne pendant un certain temps, elles deviendraient un fardeau. Lorsque celui-ci se formerait, les mains squelettiques, qui appartenaient aux esprits vengeurs, s'agripperaient aux chevilles de la personne et celle-ci finirait par devenir l'une d'entre elles.

Une rafale de vent frais souffla, faisant frissonner Bai Tan. Soudain, il sentit qu'on tirait sur sa robe, comme s'il s'était fait attraper.

En tournant la tête, il découvrit que l'extrémité de sa ceinture de soie était accrochée à l'une des mains. Avec autant de paires d'yeux qui le regardaient, il se sentit gêné. Pourtant, ce fut le Yao Ren qui s'agenouilla sur le sol et utilisa sa bouche pour démêler la bande de tissu.

— Le maître doit se méfier, c'est truffé de calamités, dit-il en levant la tête, le regard clair.

— Je n'ai pas besoin de ton rappel, répondit Bai Tan avec mépris.

Puis, sans le gratifier d'un autre regard, il traversa le pont. Il sauta ensuite vers le grand autel au milieu de la salle, traversant des flammes déchaînées, avant d'atterrir, sans une égratignure, sur le trône de lotus situé au point le plus haut. C'était la première fois qu'il montait officiellement dessus depuis la fois où il s'était présenté avec la dépouille de Wu Yanfu. Il avait alors annoncé qu'il allait prendre sa place et vaincre les deux autres gardes du corps.

Les cinq chefs le virent passer à travers la flamme du purgatoire et ils comprirent. Bai Tan avait réussi à atteindre un niveau de compétence supérieur, et, à leur grand désarroi, il ne serait probablement plus longtemps inférieur à Wu Yanfu. Après cette prise de conscience, ils s'inclinèrent en signe d'accord silencieux avant de le louer bruyamment tous ensemble.

— Le Chef de Secte est puissant ; il est capable de consumer le soleil et la lune.

En les entendant, Bai Tan se sentit irrité. D'un geste, il envoya valser une coupe de vin sur le sol.

Le poison du Yao RenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant