Chapitre 10

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UN MOIS PLUS TARD

Lundi 4 décembre 2012

Newcastle (Christon Lane)

__Esther__

Un épais manteau de neige recouvrait le trottoir lorsque je sortis de chez moi ce matin-là. J'enfouis un peu plus mon nez dans mon écharpe en laine et me dirigeais vers la maison de Sam à quelques mètres de là. Pour une fois depuis bien longtemps, on allait faire la route jusqu'au lycée ensemble. Vu la météo, Alex n'avait pas jugé prudent de prendre la voiture de ses parents comme tous les jours et on s'était donc donné rendez-vous au Lycée. Aussi surprenant que ça peut paraitre, j'étais plutôt ravie de ce changement.

Même si c'était un petit ami dévoué, je devais reconnaitre qu'Alex n'engendrait rien d'autre que la monotonie. Tous les matins à 7h30, sa voiture s'arrêtait devant chez moi. On arrivait devant le Lycée environ 15 minutes après où l'on passait généralement nos dernières minutes de liberté à se bécoter. Ensuite, on se donnait rendez-vous à l'heure de la récré 2 heures plus tard et on essayait de déjeuner ensemble le plus possible. Enfin, lorsque nos emplois du temps respectifs le permettaient, il me ramenait chez moi après les cours. Les week-ends, on les passait généralement chez lui. On ne parlait pas vraiment vu qu'il passait beaucoup de temps à m'embrasser. C'était comme ça depuis 2 mois. Moi qui détestais que tout soit routinier, je commençais à étouffer. 

Par contre, je prenais de plus en plus mes marques dans la nouvelle vie qu'on s'était construite mes parents et moi. Mon père s'épanouissait dans son boulot à l'hôpital et s'était même lié d'amitié avec le père de Louis qui y travaillait en tant que dentiste, en plus du gentil voisin qui nous avait accueillis dès le premier jour. Maman ne travaillait pas, comme dans notre ancienne vie, et avait adhéré à des tas d'associations en ville, lui permettant de se créer un nouveau cercle d'amies avec qui elle sortait souvent pour une virée shopping. S'aérer l'esprit ne lui avait fait que du bien et depuis quelques jours, elle commençait à se faire à l'idée qu'il était bien que je participe au voyage à Paris. Bien évidemment, elle avait signé la feuille d'inscription à contrecœur mais découvrir le mail d'Interpol sur mon ordi (resté mystérieusement allumé pendant ma sortie au ciné, j'étais quasiment certaine de l'avoir éteint avant que Sam n'arrive) l'avait fait peu à peu changer d'avis.

Cette décision positive me rendait folle de joie, pourtant je restais sur mes gardes : je voyais mal Interpol me laisser quitter le pays sans garder un œil sur moi. Maintenant restait à savoir qui ça serait ? Je savais que les 3 profs qui nous accompagneraient n'étaient pas concernés. Encore moins Jason Guérin, l'assistant en français qui nous faisait cours de temps à autre. Mes soupçons se dirigeaient alors vers nos deux accompagnateurs parisiens chargés de nous faire visiter la capitale. « Gardez l'œil ouvert », voilà ce que nous avait dit un agent d'Interpol avant de nous laisser partir pour Newcastle. Et je comptais respecter ce conseil à la lettre.

« Au cas où tu l'aurais oublié, j'habite toujours ici ! »

Je sursautai tellement fort que je manquai de m'étaler par terre. Je me retournai et vit Sam appuyée contre le portail de sa maison. Malgré qu'une partie de son visage fût camouflé derrière son duffle-coat, je pouvais la voir m'adresser un grand sourire goguenard. J'étais tellement plongée dans mes pensées que j'étais passée devant chez elle sans m'en rendre compte !

« Excuse-moi, je réfléchissais tellement que j'ai pas regardé où j'allais ! dis-je en précipitant vers elle.
- Ouf je préfère ça. Je croyais que tu montrais les premiers symptômes d'Alzheimer... »
Je lui donnais une tape alors qu'elle éclatait de rire. 
« Tu réfléchissais à quoi ? me demanda-t-elle, redevenue sérieuse, tandis qu'on se dirigeait vers l'arrêt de bus.
- A plein de choses : à ma vie ici, à Paris et...
- Alex ?
- Oui, entre autre...
- Ça ne va pas fort entre vous ?
- Non, tout va bien... »

Sam m'adressa un regard sceptique, un sourire en coin.
« Ok, j'avoue que ce n'est pas le cas. 
- Il te colle trop ?
- On ne peut rien te cacher... 
- Je commence à te connaitre, tu sais ?
 lança-t-elle en me faisant un clin d'œil.
- Je vois ça ! »
On ria à nouveau. L'arrêt de bus n'était pas très loin et on s'y abrita alors qu'une nouvelle averse de neige pointait son nez.
« Je l'adore, tu sais... mais voilà, il est vraiment... collant ! Je peux plus sortir du Lycée à la récré ou après les cours sans qu'il se rapplique. J'ai l'impression qu'il me prive de ma liberté et puis j'aimerais bien passer plus de temps avec vous...
- Mais vu que Harry ne peut pas le voir et que Niall est toujours de son côté... Oui je comprends, tu aimerais lui dire de te laisser un peu d'air. »

Sam s'arrêta et me fixa, les yeux gros comme des soucoupes.
« Attends... me dit pas que tu veux rompre ?
- Bah... je l'aime bien, il est sympa mais... c'est pas de l'amour que je ressens. »

Behind SchwartzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant