⚜️ 50 nuances de Taekook⚜️

🍒Parfum Cerise🍒

Avez-vous déjà porté votre attention sur une goutte d'eau ? C'est petit, commun et pourtant infiniment complexe. Tant de molécules tourbillonnent dans ce petit être inanimé de la nature. Avec le temps, les hommes ont appris à détester les gouttes d'eau. C'est vrai, l'eau, lorsqu'elle entre en contact avec un beau costard, le mouille et lui fait perdre de sa prestance. Dans une société où les apparences sont si importantes et pour laquelle l'art de s'habiller se confond avec l'art de manipuler, la moindre petite fissure sur le beau masque de théâtre que nous passons tant de temps à nous confectionner sonne comme une véritable défaite sociale.

Je ne vais pas vous mentir, j'en parle avec ironie car en vérité j'apprécie ces gouttes d'eau, peu importent leurs tailles ou leurs formes. Je les aime le plus lorsqu'elles tombent du ciel. La pluie, c'est une vague de fraîcheur qui vient apaiser la chaleur produite par la surcadence des machines à innover : les corps humains.

Mon premier parfum, celui offert par mon grand-père, portait un nom en français, fraîcheur d'ondée. Une ondée est un mot magnifique qui qualifie une pluie forte et soudaine, le genre de petit miracle qui égaye la journée. Aujourd'hui, je me rends dans un magasin afin d'y dégotter une nouvelle fragrance, quelque chose de fruité, peut-être de la cerise ou de la poire. En entrant dans la parfumerie, je rencontre le regard d'un homme qui m'apparaît fort bien habillé. Il porte un costume noir, très classique pour un coréen qui ne manque cependant pas de le mettre en valeur parmi cette masse informe de tissus qui grouille partout autour des présentoirs. Je ne peux dire si c'est son aura, son visage, ou tout simplement sa garde-robe qui me met dans tous mes états. Mon cœur s'accélère à mesure que je me rapproche de lui et déjà je ne semble plus tout à fait maître de moi-même. Afin d'accéder à l'objet de ma convoitise qui, trônant au sommet d'un monticule de bouteilles, me surplombe avec un dédain que je lui devine. Par mégarde, ma main gauche frôle celle du séduisant jeune homme et je me confonds en excuse. Les contacts physiques sont relativement peu appréciés en Corée du Sud, surtout entre hommes. Ne souhaitant pas créer de malaise je choisis d'y mettre les formes.

- Je vous en prie cher monsieur, je suis moi-même le coupable puisque j'ai occupé tout l'espace sans vous laisser la possibilité de faire vos achats.

Je fus très surpris d'entendre la voix à la fois douce et masculine de mon interlocuteur qui semblait encore plus imposant de près. La suite de l'aventure, vous vous y attendez déjà, ressemble à un scénario de film à l'eau de rose qui, malgré la trame récurrente du genre, continue de faire le bonheur de spectatrices toutes plus folles les unes que les autres des acteurs principaux. Le bel homme, en plus d'être séduisant, est très observateur puisqu'il a pris la liberté de me tendre le parfum qui avait attiré mon regard : Cerise d'Orient.

A cet instant précis je sentis mon visage se troubler. J'espérais garder une certaine contenance afin de ne pas laisser paraître que j'étais déstabilisé. J'acceptai la boîte qu'il me tendit tel un gentleman. Les yeux noisettes de cet apollon envoûtaient mon âme dans une danse d'esprit que ma peau saisissait, frissonnant de plaisir.

- Je vous remercie, cher monsieur...
- Jungkook. C'est un plaisir.

Voici qu'en plus de se mouvoir comme un ange, il portait un nom qui me rappelait le bruit des gouttes de pluie qui s'en vont mourir contre une fenêtre. Le son produit produit par la rencontre de ma langue contre le voile de mon palais, ce doux "k" qui imitait le bruit des clapotis qu'on fait sur l'eau en été, suivi de deux consonnes elles-mêmes accompagnées d'un "k" final qui venait fermer la marche comme on pose doucement son doigt sur un piano pour terminer une mélodie. Cela vous apparaît peut-être exagéré mais je crois que si vous avez un jour eu la surprise d'être emportés par vos émotions, vous pourrez saisir mon état à cet instant précis.