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Une fois sorti de la classe Chan et Félix m'emmenèrent à l'infirmerie. A vrai dire je ne le compris qu'une fois devant la porte. Ma tête réfléchissait bien trop pour assimiler toutes ces informations. Je me trouvais dans une sorte de transe, mes yeux bloqués sur Félix. Ils détaillaient chaque partie de son enveloppe charnelle, mes joues me semblaient en feu et l'extrême fatigue de mon corps ne m'aidait pas vraiment.

Les deux hommes me parlaient mais ma tête trop remplie n'arrivait plus à déchiffrer ma langue maternelle. Elle me paraissait bien trop compliquée pour parvenir à la comprendre. Et puis mon cerveau ne pensait qu'a Félix. Toute ma personne s'était focalisée sur son être. Mes sens n'avaient jamais été aiguisé à ce point. Si mes yeux l'admiraient, mon nez s'enivrait de l'odeur sucré qu'il dégageait. Mes oreilles n'entendaient plus que sa voix, celle de Chan ressemblait à un murmure face à elle. Mon pou frappait si fort que je sentais mon sang se déplacer dans le reste de mon corps. Mon cœur était comblé, la simple raison de sa présence remplissait le vide présent dans ma vie.

Ce vide si grand qu'il ne peut être comblé, ce sentiment d'abandon, le manque causé par ma mère, les blessures infligées par mon père et la fatigue causé par mes insomnies. Car oui dormir était un calvaire, cet être me hantait. il était enterré sous terre mais il continuait inlassablement à hanter mes nuits. Ne plus voir ma mère devenait difficilement supportable. Je me sentais extrêmement seul. Mais je ne pouvais être avec d'autres, je me l'étais promis après avoir compris que mon existence n'était plus que malheur. Toutes les personnes qui m'avaient fréquentées avaient fini malheureuses. Même sans mon paternel pour me le rappeler, je me souvenais de ses paroles:

"Tout ce qui t'arrives, tout ce arrive à ta mère et à ta famille, tout, absolument, tout est à cause de toi."

Cependant j'avais beau avoir mal, j'étais heureux. Je devais paraître idiot mais même si la faim tiraillait mon ventre depuis des semaines, même si mes jambes devenues si frêles risquaient de s'effondrer d'un moment à l'autre et même si les larmes menaçaient de couler de mes yeux à tout moment, j'étais heureux. Heureux à souhait, ce n'était sûrement qu'une action parmi tant d'autre cependant moi qui ne faisait que supporter un enfer dans un lycée après être sorti d'un enfer avec ma mère. J'avais trouvé Félix.

Grâce à lui, c'était compliqué mais supportable, le voir m'aidait, voir son sourire m'apaisait, entendre sa voix résonner sonnait comme une berceuse et cela me permettait de m'endormir quelques minutes. Sentir son odeur tarissait ma faim. Il m'était vital et pourtant lui n'en savait rien, il ne savait pas que l'apercevoir ne serait ce qu'un instant envolait tout mes problèmes comme s'ils n'avaient jamais exister. Il ne pouvait pas comprendre que sa voix était le meilleur remède contre la fatigue. Il n'avait pas conscience que son souvenir calmait mes crises d'angoisses. Il ne savait rien et pourtant il était toujours aussi magnifique.

Félix avait ce pouvoir, il était en quelque sorte mon héro. Il possédait le pouvoir de me faire croire que le monde était beau, le pouvoir d'effacer mes craintes, d'apaiser mon mal être et mon sentiment d'insécurité en même temps que celui d'infériorité.

Et le voila qui se trouvait face à moi, dans toute sa splendeur, je pouvais clairement admirer ses taches de rousseur, sa peau caramélisé, ses cheveux décoloré et son magnifique sourire, enfin à ce moment là il ne souriait pas vraiment mais il avait plutôt l'air inquiet. Je trouvais cela assez bizarre avait il eu des problèmes récemment? Ou s'inquièterait t il pour mon piteux état ? Je ne pense pas enfin peut-être car il ressemble tellement à un ange qu'il pourrait même s'inquiéter pour un insecte. Cette pensée me fit sourire et mon regard dévia sur Chan, je ne l'avais encore jamais vu aussi soucieux. A croire qu'il voyait le monde s'écrouler mais cela devait être compréhensible au vu de la situation car avoir un adolescent extrêmement maigre devant soi et que celui si ne réagit plus à vos paroles et qu'il ne fait que contempler un homme à qui il n'a jamais pu parler. Cela devait être assez déroutant...

***

Hyunjin commençait à perdre pied, la fatigue qu'il accumulait et ses sentiments le submergeant. Il essaya de s'appuyer contre le mur mais avant d'y parvenir il s'écroula dans les bras de Félix sous les yeux effarés des deux hommes.

Lui     [Hyunlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant